Nove Mesto - Lou Jeanmonnot a-t-elle fait une bonne affaire ou manqué une occasion ?

Le verre à moitié plein ou à moitié vide ? C'est toujours la même histoire, toujours la même question. Les faits, d'abord. Lou Jeanmonnot était arrivée à Nove Mesto avec un retard de 92 points sur Franziska Preuss au classement général de la Coupe du monde. Un écart conséquent avant les sept dernières courses individuelles de l'hiver. Après le sprint de vendredi soir en République tchèque, il n'en reste plus que 63. Elle en a repris 29. Une bonne opération ? Oui ou... "oui, mais".

Au départ, la Française aurait sans doute signé des deux bâtons pour effacer environ un tiers de son débours sur cette seule course. Mais avec la 15e place de Preuss, soit un des trois pires résultats de la saison pour l'Allemande, elle avait une occasion de frapper encore plus fort. Lou Jeanmonnot n'est pas du tout passée à côté de son sprint, mais en finissant au pied du podium (4e), peut-être a-t-elle manqué une opportunité de mettre encore davantage la pression sur sa rivale.

Voilà pourquoi elle était un peu mitigée à l'arrivée. "C'est une course correcte", a-t-elle dit. "Je suis contente d'avoir été bien sur mes skis et bien dans ma tête, a ajouté la Franc-Comtoise au micro de La Chaîne L'Equipe. J'aurais pu un peu mieux rentabiliser la mauvaise course de Franziska pour mettre davantage de points. Avec un 9/10 (au tir, NDLR), ça reste un résultat très correct et je m'en contente aujourd'hui".

En réalité, il est encore un peu tôt pour savoir si Lou Jeanmonnot a effectué une bonne opération lors de ce sprint de Nove Mesto, ou si cela restera au final comme une forme d'occasion manquée. Mais chaque point et chaque place vont compter dans la course au gros globe de cristal entre les deux jeunes femmes. Comme toujours, le fait d'avoir grappillé sur le sprint a toutefois un avantage : cela met la Française en position de capitaliser à nouveau samedi lors de la poursuite.

Samedi, elle s'élancera 27 secondes après Ingrid Tandrevold, la Norvégienne s'étant imposée dans le sprint, mais aussi 27 secondes devant Preuss. Des écarts finalement assez modérés. C'est peut-être la chance de l'Allemande. Mais chez la porteuse du dossard jaune, l'inquiétude est réelle. Vendredi, elle n'a commis qu'une seule faute, comme Braisaz-Bouchet ou Jeanmonnot, respectivement 2e et 4e. "Je suis déçue, a-t-elle admis devant les médias allemands. Même avec un sans-faute, je n'aurais eu aucune chance. C'était un désastre."

Le terme est sans doute un peu fort, mais c'est peut-être la première fois que Franziska Preuss, si calme et si sereine cet hiver, affiche ainsi ses tourments. Elle a même admis que le poids de la pression lui pesait peut-être un peu. "Je vis une saison de rêve et ce serait la cerise sur le gâteau. Tout ça me trotte dans la tête", concède-t-elle à propos du globe de cristal. A 29 ans, c'est la première fois que Frau Preuss se retrouve ainsi en mesure de décrocher le Graal du biathlon.

Ce n'est que la troisième fois en 15 courses cette saison que Franziska Preuss termine en dehors du Top 5. Elle a été d'une régularité phénoménale cet hiver. La première fois qu'elle était passée au travers, c'était à Oberhof, lors du sprint, déjà. Elle avait fini 20e, avant de sombrer encore davantage lors de la poursuite (28e). Dans le même temps, Lou Jeanmonnot avait pris la 7e place du sprint, puis remporté la poursuite. La Française signerait volontiers pour un scénario équivalent. Samedi, elle doit absolument profiter de la situation dessinée vendredi pour fondre encore un peu plus sur Preuss.