Les raisons d'un échec

Raphaël Poirée a raté son entrée. Tout comme le reste de l'équipe de France. Hormis Julien Robert, superbe sixième, le meilleur résultat de sa carrière JO et Coupe du monde confondus. "Raph" doit être probablement le plus marqué par sa (contre-) performance lors du 20km messieurs. Poirée aura, en tout, commis trois fautes lors des quatre tirs, dont deux lors cinq premières balles. A l'arrivée, le skieur de la Chapelle-en-Vercors a donné les raisons de son manque de précision : "Après le premier tir, tout s'est envolé. J'ai essayé de régler. Je ne comprends pas trop ce qui s'est passé".

Mais le plus incompréhensible reste son temps sur les skis. Souvent l'un des plus rapides lors des épreuves de Coupe du monde derrière les intouchables Norvégiens Ole Einar Bjoerndalen et Frode Andresen, Poirée n'a pas trouvé le bon rythme sur l'individuel. Le Français ne réalise que le quinzième temps des 88 engagés en 54'21"1, bien loin des 52'39.0 de l'ogre OEB.

Parti avec le dossard n°2, juste derrière le Russe Pavel Rostovstev, Vincent Defrasne avait également de réelles ambitions. Sa victoire lors du sprint d'Oberhof le 7 janvier dernier lui avait donné des ailes. Mais l'homme de Pontarlier a vu lui aussi s'envoler toutes ses chances de succès dès le premier tir : il échoue à trois reprises sur le premier tir couché. Il termine son 20km avec six pioches ratées mais tout n'est pas catastrophique pour la "grenouille".

En préparation à Bessans avec l'équipe de France (excepté Poirée), le Jurassien a énormément travaillé pour skier vite. Même si la place (34e) fait mal, le résultat sur les skis est probant : Defrasne signe le troisième temps (53'16"1) derrière Bjoerndalen et l'étonnant Américain Hakkinen, qui sans ses trois fautes, aurait pu prétendre à une meilleure place que la 10e décrochée. Defrasne n'a sûrement pas entamé la confiance qui est sienne depuis le début de la saison. La déception passée, il devrait pouvoir briller lors du sprint. A condition de mieux tirer.

Outre Poirée (20e) et Defrasne (34e), Simon Fourcade, dernier appelé après le remplacement de Ferréol Cannard, a pris la 31e place. Et même si ce résultat d'ensemble est médiocre, il y a une énorme satisfaction. Heureusement, a-t-on envie de dire.

La bonne surprise dans le camp tricolore est venue de Julien Robert (31 ans). L'une des plus fines gâchettes du circuit a rassuré avant l'épreuve du relais, prévue le mardi 21 février. Robert est le seul biathlète du plateau à avoir rendu une copie au tir sans faute. Mais son 37e temps sur les skis (55'59"4) le fait échouer à 28 secondes d'une place sur le podium.

"Lycky Luke", son surnom, tentait d'expliquer la bérézina rencontrée par les leaders tricolores : "Ils (Poirée et Defrasne) n'ont pas été en réussite au tir parce qu'ils sont partis tôt. Cinq minutes avant mon départ, j'ai parlé avec les entraîneurs. On avait réglé pour un vent à droite mais en arrivant le vent était à gauche." Et Robert de conclure de façon solidaire : "Je suis vraiment heureux pour moi mais déçu pour les autres".