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« Les jockeys sont des stars au Japon », Franck Blondel

Grand Prix

Mis à jour 28/02/2019 à 00:30 GMT+1

Comptant plus de deux mille succès en France, Franck Blondel a vécu sa première expérience au Japon cet hiver. Ayant remporté deux courses à l’autre bout de la planète, le jockey de quarante-quatre ans est revenu sur son séjour au pays du Soleil-Levant pour Eurosport.fr.

« Les jockeys sont des stars au Japon », Franck Blondel

Crédit: Eurosport

EUROSPORT.FR : Comment est née cette opportunité de vivre votre première expérience au Japon?FRANCK BLONDEL : Je voulais absolument essayer le Japon avant de mettre un terme à ma carrière. J’ai présenté ma candidature et la Japan Racing Association (JRA), qui la valide ou non. En général, les jockeys ayant réussi une belle année ont le droit d’y courir. La licence est accordée pour deux mois la première année puis trois mois maximum si l’on y retourne. Pour obtenir une licence permanente comme celle de Christophe-Patrice Lemaire, il faut parler la langue et réussir des résultats.
J’y ai vécu une très belle expérience. C’est vraiment un pays génial. Les gens sont accueillants et fans de courses hippiques. À l’entrée des hippodromes, le public court pour obtenir les meilleures places devant la piste. C’est assez spécial.
Comment s’est passée votre intégration?Très bien. J’ai tout de suite été bien accueilli. Lorsque j’ai gagné ma première course, quatre jockeys japonais sont montés avec moi sur le podium pour la photo et m’ont applaudi. J’ai beaucoup discuté avec Christophe-Patrice Lemaire. Les Japonais ont appris à le connaître et l’apprécient. C’est un jockey assez droit en course, qui ne bouscule pas les autres jockeys. Par exemple, lorsque j’ai mangé avec lui au restaurant, j’ai pu me rendre compte que les japonais le reconnaissaient. C’est une star!
Vous y avez remporté deux courses. Comment se déroule le protocole après un succès?Pour votre première victoire, on vous offre une peluche et vous montez sur le podium. Ensuite, vous devez parler à tout le public. Le speaker annonce que c’est votre première et il y a énormément d’applaudissements, puis des séances d’autographes qui durent longtemps. J’ai aussi reçu de nombreux cadeaux de la part de fans.
« Des gens entrent en courant dans l’hippodrome »
À quoi ressemblait votre quotidien durant ces deux mois? 
Du lundi au vendredi, on est un peu libre. Une fois par semaine, le mercredi matin,  j’étais obligé de faire travailler les chevaux. Le vendredi, j’entrais en quarantaine et n’en ressortais que le dimanche. Tous les jockeys sont alors regroupés dans un foyer où chacun a sa chambre. Une fois à l’intérieur, on n’a plus le droit d’entrer en contact avec l’extérieur. Les courses sont programmées le samedi et le dimanche. Avant une épreuve, les jockeys restent dans les vestiaires et n’ont le droit de sortir que dans le rond de présentation.
Quelle est la différence majeure entre la France et le Japon?Le Japon n’a rien à voir avec la France. Ici, les hippodromes sont quasiment vides en dehors des grandes réunions. Là-bas, c’est toujours plein. On voit même des gens faire la queue dès 7h du matin pour entrer les premiers dans l’hippodrome en courant. Il y a tellement de monde que les entraîneurs mettent des bonnets aux chevaux pour qu’ils soient plus attentifs. Une fois qu’on est en piste, le publie crie et applaudit. Dès qu’on entre dans les stalles de départ, les gens sont déjà à fond. C’est très agréable de monter dans ces conditions. Ensuite, le public réclame beaucoup d’autographes, de photos, et on reçoit des cadeaux. Les jockeys sont des stars. 
Y a-t-il des éléments à importer en France?
Je pense qu’il faut fédérer le public et lui donner envie de revenir sur les hippodromes. Au Japon, il y a des attractions pour les enfants. Les familles peuvent les laisser dans les aires de jeux. En France, il n’y a rien de tout ça.
« Un Groupe 1 avant de conclure ma carrière »
Comment se déroulent les courses au Japon?
Il y a peu de tactique : elles partent très vite et la sélection se fait assez rapidement. C’est le meilleur cheval qui gagne.
Comment est le code des courses? 
C’est assez strict. Par exemple, même si vous êtes dernier, vous n’avez pas le droit de vous arrêter. Il faut pousser même si l’on se retrouve dans le lointain sinon on est sanctionné. Du reste, les entraîneurs n’acceptent pas que l’on relâche son effort. Là-bas, si l’on est à la lutte pour la victoire, il n’y a pas de réglementation concernant les coups de cravache. En cas de sanction, il y a un système de points. Et lorsqu’on nous retire un point, on doit régler une amende de 10.000 yens (environ 80 euros, ndlr). Et après un certain nombre de sanctions, on est mis à pied.
De retour en France, comment voyez-vous la suite de votre carrière ?
J’aimerais bien retourner au Japon. Je dois refaire une demande avant d’être à nouveau accepté. Le problème est que j’ai été sanctionné pour un incident; par conséquent, j’ai effectué une saison moyenne en nombre de succès. Aussi, je ne sais pas si je pourrai de nouveau obtenir une licence.
Ensuite, j’aimerais bien remporter un Groupe 1 avant la fin de ma carrière. Ce serait formidable. Il est difficile de tomber sur des cracks. Ceux qui montent les bons chevaux sont sous contrat avec les propriétaires. Aujourd’hui, dès qu’un petit entraîneur présente un cheval qui galope un tant soit peu, il reçoit tellement de propositions d’achat qu’on sait qu’on ne les montera pas. Je ne me suis pas fixé d’objectif d’âge pour arrêter ma carrière. Je le sentirai que le temps est venu lorsque les entraîneurs me feront moins confiance. Quand les gens commencent à vous mettre de côté, il faut penser à autre chose.
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