La journée des surprises

La Corse se rappellera longtemps du retour d'un peloton professionnel sur ses terres. Après 28 ans de disette, la première étape du Critérium International a offert son lot de surprises à commencer par une défaillance étonnante d'Alberto Contador, grand favori de l'épreuve et inscrit in-extremis pour se mesurer à ses adversaires du prochain tour de France. Une défaillance due à une allergie selon son directeur sportif Yvon Sanquer. "Alberto s'est retrouvé sans sensations à trois kilomètres de l'arrivée avec un problème d'allergie, pas du tout de jambes, des difficultés à respirer... " L'Espagnol paraissait pourtant en forme. Sur la plaine, par deux fois, il est venu grappiller des secondes de bonification derrière les échappés, sachant bien que cette épreuve se joue parfois à la seconde près.

Mais dans la dernière ascension, le Col de l'Ospédale (14 km à plus de 6%), Contador a rapidement grimacé devant les accélérations successives, notamment celle de son coéquipier, Alexandre Vinokourov, particulièrement en jambes. Impossible pour lui de suivre dans les cinq derniers kilomètres. "Au moment où la montée était la plus propice à une attaque, il a été obligé de laisser filer", a expliqué Sanquer. "Il a décidé de finir l'ascension à sa main, n'étant pas en mesure de suivre les meilleurs". A l'arrivée, plus d'une minute de retard sur le vainqueur du jour Pierrick Fédrigo et aucune chance de remporter l'épreuve.

Pierrick Fédrigo, lui, pourra difficilement défendre ses chances dans le contre-la-montre dimanche. Avec Cadel Evans à 15 secondes, le coureur des BBox Telecom, ne se fait guère d'illusion pour le classement général. Mais la manière dont il a signé cette victoire, personne ne peut la lui enlever. Planté en embuscade dans les premières positions du peloton pendant toute l'ascension ou presque, le Français a attaqué à deux kilomètres de l'arrivée avec Tiago Machado (RadioShack). Rapidement, le Portugais n'a pu suivre le rythme. Et Fédrigo, en toute logique, a pu, lui, lever les bras.

Le Français n'en revenait pas lui-même à l'arrivée. "Je suis surpris. J'attendais un peu de savoir ce qu'allaient faire les favoris. Je voulais suivre le plus longtemps possible et finalement c'est moi qui me retrouve à attaquer et je gagne l'étape. Je me suis retourné, j'ai vu qu'il y avait une cassure. J'ai continué. J'ai réussi à remettre le grand plateau dans les 300 derniers mètres. J'étais venu hier en reconnaissance mais il faisait mauvais temps alors je n'ai pas pu aller jusqu'en haut. Curieusement, j'ai attaqué exactement à l'endroit où j'avais fait demi-tour hier. C'est marrant."

Marrant, un adjectif que n'utilisera pas Lance Armstrong pour qualifier sa journée. L'Américain n'attendait pas grand chose de cette course. Une simple préparation, "pas assez en forme, avait-il encore martelé au départ de l'étape. Ca s'est vu. Pour le coureur de RadioShack, c'est dès les premiers hectomètres du Col de l'Ospédale que les jambes sont devenues lourdes. Il a donc terminé l'ascension sur un train de sénateur à près de cinq minutes de Fédrigo. Pour la victoire finale dans ce Critérium, c'est donc du côté Cadel Evans (BMC) et de Michael Rogers (Columbia), à 25 secondes au général, qu'il faudra regarder.