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Giro 2024 : L'Italie attend toujours le successeur de Vincenzo Nibali

Raphaël Brosse

Mis à jour 18/05/2024 à 09:56 GMT+2

Depuis le début du Giro 2024, les supporters italiens vibrent pour Filippo Ganna, très attendu sur le contre-la-montre prévu samedi, ou pour Jonathan Milan, vainqueur de trois étapes au sprint. Aucun des deux n'a cependant l'aura suffisante pour faire oublier Vincenzo Nibali, qui a laissé un grand vide en raccrochant son vélo il y a deux ans. Et, chez les grimpeurs, la relève se fait attendre.

"Si je n'avais pas été Gilbert, j'aurais voulu être Nibali… sur 3 semaines"

C'était le 29 mai 2022. Ce jour-là, à Vérone, Vincenzo Nibali bouclait le onzième et dernier Tour d'Italie de sa longue carrière. Du haut de ses 37 ans, le Sicilien était parvenu à se hisser à la quatrième place du classement général, histoire de quitter par la grande porte une épreuve qu'il avait auparavant remportée deux fois (2013 et 2016). Le chouchou des tifosi a eu droit à des adieux dignes de son immense palmarès, où figurent notamment un Tour de France (2014), une Vuelta (2010) et les deux Monuments locaux, le Tour de Lombardie (2015, 2017) et Milan-Sanremo (2018). Bref, ce jour-là, une légende est partie.
Deux ans plus tard, les supporters italiens ont de bonnes raisons de se réjouir. Ils peuvent vibrer au rythme des sprints dévastateurs de Jonathan Milan, qui a remporté trois étapes sur le Giro 2024. Ce samedi, lors du contre-la-montre arrivant au lac de Garde, ils pousseront derrière Filippo Ganna, rouleur exceptionnel qui ne visera rien d'autre que la victoire. De l'autre côté des Alpes, la fusée d'INEOS Grenadiers est d'ailleurs le coureur le plus populaire du moment. "C'est une sorte de super-héros du cyclisme, image Marco Castro, journaliste d'Eurosport Italie. Pippo est un coureur complet, qui peut aussi être compétitif sur des classiques majeures. Et les gens l'aiment parce que c'est un bon gars."
L'Italie attend toujours le successeur de Vincenzo Nibali
L'histoire cycliste italienne a été bâtie par les vainqueurs de grands tours
"La médaille d'or qu'il a remportée à Tokyo l'a placé parmi les meilleurs athlètes du pays. Sa force est quelque chose que tout le monde peut admirer", souligne Daniele Tirinnanzi, qui couvre le cyclisme pour Radio Sportiva. Malgré toutes les qualités du détenteur du record de l'heure, un constat s'impose : "Ganna est loin d'avoir l'aura d'un Vincenzo Nibali, qui a été le dernier grand champion de notre cyclisme", affirme Marco Castro. De même, Milan a beau commencer à empiler les victoires, "il devra remporter l'une des courses les plus importantes, comme Sanremo ou un championnat du monde, pour entrer dans une autre dimension", poursuit le journaliste d'Eurosport.
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Contre-la-montre : l'arrivée de la fusée Ganna

Pour Daniele Tirinnanzi, le rouleur de 27 ans et le sprinter de 23 ans "sont les deux coureurs les plus connus en Italie, mais ils ne peuvent pas rivaliser avec Nibali pour le moment." Avant d'ajouter : "L'histoire cycliste italienne a été bâtie par les vainqueurs de grands tours, et je pense que cet héritage culturel est une sorte de malédiction pour les autres types de coureurs dans notre pays." En attendant de savoir si le Piémontais et le Frioulan seront capables de briser cette malédiction, il faut jeter un œil du côté des grimpeurs. Et c'est là que le bât blesse.

Aru en héritier déchu, la "dernière danse" de Caruso

Pendant longtemps, l'héritier désigné du Requin de Messine paraissait être Fabio Aru. Le Sarde était parti sur des bases très prometteuses, en remportant la Vuelta en 2015. Mais il a ensuite été plombé par des soucis de santé et a pris sa retraite en 2021, à 31 ans. C'est justement cette année-là qu'un Italien a, pour la dernière fois, terminé sur le podium d'un grand tour, à savoir Damiano Caruso (2e du Giro). "En 2021, on est tous tombés amoureux de lui, s'enflamme Marco Castro. En plus d'être un super coureur, c'est un gentleman."
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Caruso et Bardet ont fait le spectacle, Bernal a géré : le résumé de la 20e étape

Le natif de Raguse avait failli monter à nouveau sur la boîte du Tour d'Italie en 2023 (4e), mais il a toujours eu plus de mal à peser sur la Grande Boucle (une 10e place en 2020 pour meilleur résultat), où il a souvent dû se mettre au service d'un autre leader. Désormais âgé de 36 ans, c'est justement dans un rôle de lieutenant que le coureur de Bahrain-Victorious évolue sur ce Giro. "Il mérite davantage de reconnaissance pour sa carrière, estime Daniele Tirinnanzi. Maintenant, c'est juste un bon gars qui essaie de tirer le maximum de sa dernière danse."

Tiberi, et si c'était lui ?

En ce mois de mai, Caruso épaule un jeune équipier du nom d'Antonio Tiberi. Le grimpeur de 22 ans est l'Italien le mieux classé au général (5e) et porte le maillot blanc de meilleur jeune, ce qui en dit long sur son potentiel. Même si jusqu'ici, il ne s'est pas toujours fait remarquer pour de bonnes raisons. "L'an passé, ses 'mésaventures' (l'équipe Trek-Segafredo s'est débarrassé de lui après qu'il a été condamné pour avoir abattu un chat à la carabine, ndlr) ne l'ont pas aidé à susciter la 'hype' qu'il méritait au regard de ses performances. Il peut devenir un bon coureur de grands tours, car il a de vraies qualités contre-la-montre", juge le journaliste de Radio Sportiva.
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Pogacar salue les "balls" de Tiberi

Deux autres coureurs transalpins figurent dans le Top 10 du général, mais ni Lorenzo Fortunato (7e), ni Filippo Zana (8e) ne suscitent autant d'espoirs que Tiberi. "Fortunato est un peu rentré dans le rang depuis sa victoire au Zoncolan (en 2021, ndlr) et a de gros problèmes sur le chrono. Quant à Zana, il paraît mieux adapté aux courses d'un jour, ou pour chasser les étapes", constate Marco Castro, qui cite deux noms de jeunes pépites à suivre à l'avenir : Davide Piganzoli (21 ans) et Giulio Pellizzari (20 ans).
Deux ans plus tard, personne n'a oublié Nibali, et on comprend aisément mieux pourquoi. Cela n'affecte cependant pas l'élan populaire qui accompagne le peloton. "Nous sommes loin de la folie qui régnait pendant l'âge d'or du cyclisme italien, mais il y a un peu plus d'intérêt depuis quelques années", note Daniele Tirinnanzi. "S'il y avait un coureur du niveau de Nibali, l'audience serait doublée, mais le Giro reste quelque chose d'essentiel pour les fans italiens", promet Marco Castro. Il suffit d'observer leur enthousiasme sur le bord des routes pour s'en rendre compte.
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Tadej Pogacar of Slovenia and UAE Team Emirates - Pink Leader Jersey sprints while fans cheers during the 107th Giro d'Italia 2024, Stage 7 a 40,6km individual time trial stage from Foligno to Perugia 472m / #UCIWT / on May 10, 2024 in Perugia, Italy.

Crédit: Getty Images

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