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Le doublé Giro-Tour, un projet plus si insensé pour Tadej Pogacar

Raphaël Brosse

Publié 27/05/2024 à 00:04 GMT+2

Il a déjà fait la moitié du chemin. Tadej Pogacar a remporté le Tour d'Italie, ce dimanche, après avoir passé trois semaines à dominer la course de la tête et des épaules. Le Slovène va désormais se tourner vers la Grande Boucle, avec la volonté de réaliser le très ambitieux doublé Giro-Tour. Lorsqu'il a été annoncé, cet objectif paraissait presque insensé. Il l'est bien moins, à présent.

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C'est un temps que les moins de 25 ans ne peuvent pas connaître. Dans la longue et riche histoire du cyclisme, ils ne sont que sept à avoir accompli ce qui ressemble à un authentique exploit : remporter le Giro et le Tour de France la même année. Fausto Coppi, Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault, Stephen Roche, Miguel Indurain et Marco Pantani sont ces sept infatigables cavaliers, les seuls à avoir rapporté les maillots rose et jaune dans leur bagage à quelques semaines d'intervalle. Le Pirate est le dernier à y être parvenu, en 1998. Le prochain ? Cela pourrait bien être Tadej Pogacar.
Avant même le début de la saison, le Slovène avait affiché son intention de réaliser cet insensé doublé. Sans remettre en cause l'immense talent de celui qui comptait alors déjà deux Tours et cinq Monuments au compteur - les chiffres ont augmenté ces dernières semaines -, il était tout à fait légitime de douter qu'il puisse aller jusqu'au bout de son audacieux projet. La star d'UAE-Emirates a cependant rempli la première partie du contrat en s'offrant, ce dimanche, son premier Tour d'Italie. Et plusieurs éléments laissent à penser qu'il n'est plus très loin, désormais, de parvenir à ses fins.
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Tadej Pogacar (UAE-Emirates) avec le trophée de vainqueur du Tour d'Italie, dimanche 26 mai 2024.

Crédit: Getty Images

Il est tellement fort
Tout d'abord parce que cette année, Pogi paraît plus fort que jamais. À l'exception de Milan-Sanremo (3e), il a remporté toutes les courses auxquelles il a participé, qu'il se soit agi de classiques (Strade Bianche, Liège-Bastogne-Liège) ou d'épreuves par étapes (Tour de Catalogne et, donc, Giro). De l'autre côté des Alpes, le médaillé de bronze des JO 2021 a d'ailleurs survolé la concurrence, portant le maillot rose pendant la quasi-totalité des trois semaines, empochant six victoires d'étapes et terminant avec près de dix minutes d'avance au classement général sur son dauphin, Daniel Felipe Martinez.
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"Évidemment qu'il peut faire le doublé Giro-Tour. Il est tellement fort", a soufflé son coéquipier Felix Grossschartner, relayé par l'AFP. Pendant ce mois de mai, la démonstration du natif de Komenda a été totale. Mais, le plus important, c'est qu'il en a vraisemblablement gardé sous la pédale. En 2018, Chris Froome avait dû s'employer pour renverser le général à quelques jours de l'arrivée, et s'il avait soulevé le Trofeo Senza Fine, il lui avait manqué du gaz pour monter sur la plus haute marche du podium des Champs-Élysées, deux mois plus tard. Pogacar ne sera pas dans la même configuration. "Je pense qu'il s'est préservé", a ainsi affirmé Alberto Contador.
La priorité, c'est de récupérer
"Il a gardé des forces, en particulier en début de course", a estimé le consultant Eurosport, lui-même parti à l'assaut de ce fameux doublé en 2011 - ce qui a disparu des livres d'histoire à cause d'un contrôle positif au clenbutérol - et en 2015, sans succès. Le coureur de 25 ans a eu beau assurer qu'il adopterait une attitude plus "défensive" grâce à son avance au classement général, il n'est pourtant pas resté dans les roues, loin de là. Mais il n'a pas donné l'impression, non plus, de puiser au fond de lui-même. "Il a parfois attaqué de loin, mais je pense qu'il a essayé de gérer ses efforts comme il le pouvait, en attendant souvent le final", a souligné Contador.
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Désormais, le lauréat du Tour des Flandres 2023 doit penser à recharger les batteries avant le Grand Départ du Tour de France, qui sera donné de Florence le 29 juin prochain. "La priorité, c'est de récupérer des efforts du Giro, indépendamment du fait qu'il se sente bien ou pas", a insisté le "Pistolero", qui reconnaît ne pas s'être préparé "de la manière la plus correcte" du temps où il ambitionnait de doubler les deux courses de trois semaines. "Je m'étais concentré sur le travail en altitude. C'était difficile et mon corps n'a pas pu bien récupérer", a avoué l'Espagnol.

L'inconnue Vingegaard

"Je vais faire une semaine tranquille. Ensuite, j'irai en altitude, pousser un peu plus, augmenter mon nouveau si c'est possible. Si j'arrive sur le Tour avec les jambes que j'ai maintenant, ça ira", a remarqué Pogacar, qui a apparemment bien compris où se situait l'enjeu majeur du moment : "La chose la plus importante, c'est de récupérer." Et ce d'autant plus que la concurrence sera, à l'évidence, beaucoup plus relevée sur les routes françaises qu'elle ne l'a été en Italie. "Le Tour, ce sera une course d'un niveau complètement différent, avec d'autres rivaux", a insisté à juste titre Alberto Contador.
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Primoz Roglic et Remco Evenepoel, qui participeront au Critérium du Dauphiné à partir de dimanche, seront de la partie. Les deux hommes ont certes dû soigner quelques bobos, mais ils ont passé un mois de mai autrement moins énergivore que celui de leur principal adversaire. Et puis, il y a Jonas Vingegaard. Sur le papier, le double vainqueur sortant de la Grande Boucle est le principal obstacle au doublé visé par Tadej Pogacar. Sauf que sa lourde chute sur le Tour du Pays basque, qui l'a envoyé à l'hôpital début avril, a rebattu les cartes.
Le Danois est certes remonté sur un vélo depuis, mais il n'a pas accroché le moindre dossard et impossible de savoir dans quel état il débarquera en Toscane fin juin. "Jonas est le seul à évoluer au même niveau que Pogacar, mais il faut voir comment il sera", a justement relevé Geraint Thomas, 3e du Giro 2024. "C'est l'inconnue. Nous ne savons pas où il en est par rapport à ses qualités", a abondé Contador, qui préfère donc s'abstenir de livrer un pronostic quant à l'identité du vainqueur du rendez-vous de juillet. L'exercice est périlleux, c'est vrai. Mais désormais, envisager que le premier doublé Giro-Tour du XXIe siècle aura lieu en 2024 ne paraît plus si délirant.
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Tadej Pogacar sul podio di Roma con la bandiera slovena - Giro d'Italia 2024

Crédit: Getty Images

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