Giro 2024 - Sensationnel : Julian Alaphilippe remporte la 12e étape après un numéro fou

La rédemption a un nom : Alaphilippe. Le coureur français (Soudal Quick-Step) vient de refermer de longs mois de galères, émaillés de blessures et de polémiques, entre autres, d’une victoire sensationnelle sur la 12e étape du Giro. Parti en éclaireur avec Mirco Maestri (Polti-Kometa) à plus de 120 kilomètres de la ligne, "Loulou" a tenu son pari jusqu’au bout, devenant le 109e coureur de l’histoire à remporter une étape sur les trois grands tours. Un succès, une respiration après une disette longue de 346 jours. Jhonathan Narvaez (INEOS-Grenadiers), deuxième, et Quinten Hermans (Alpecin-Deceuninck), troisième, ont dû s’incliner. Pas de changement au classement général, Tadej Pogacar (UAE-Emirates) conserve sa tunique rose.

Il la voulait tellement. Tellement, qu’il a parfois couru à contre-courant, aveuglé par cette lumière irradiante qui le toisait au bout d’un tunnel qui n’en finissait pas. Cette fois, c’est fini, Alaphilippe est de retour chez les grands, chez ceux qui écrivent la légende. Le Français l’a fait ce jeudi après-midi, en devenant le 109e coureur de l’histoire à remporter une étape sur les trois grands tours. Le 47e coureur tricolore, au passage. Et la forme a été à la hauteur du fond.

"Alaf" a d’abord essayé, comme beaucoup, de suivre l’échappée du jour, qui, à coup sûr, allait se disputer la victoire à Fano (après 193 kilomètres). Mais le double champion du monde (2020, 2021) a fait un peu mieux, ou franchement pire. Il a décidé de prendre la fuite à 126 bornes de la ligne, seulement accompagné de Mirco Maestri. Une tentative qui paraissait suicidaire, animée par un désespoir latent de retrouver le goût de la victoire.

Les kilomètres passant, la décision présomptueuse du Montluçonnais a laissé poindre l’horizon d’un coup de poker gagnant. Derrière, la quarantaine de coureurs - répartie en deux grappes - lancée à sa poursuite n’a que très rarement trouvé l’entente parfaite. Certes, l’écart n’est jamais monté au-delà des deux minutes, mais qu’importe, tant qu’il y avait de l’avance, il y avait de l’espoir. Magnanime et fin calculateur, Alaphilippe a réussi à embarquer Maestri dans sa cause, récompensant son équipier du jour en lui laissant tous les accessits (sprints intermédiaires et points de la montagne).

Ce fut ensuite l’heure des adieux, sur les pentes sauvages et irrégulières du Monte Giove (3 km, à 11 bornes de la ligne), juge de paix de cette 12e étape. Sans attaquer, Alaphilippe n’a eu aucun mal à s’envoler, seul vers une destinée qui retrouve des éclats coruscants. Les attaques successives d’Hermans et Narvaez n’ont rien changé. Comme un symbole, sur des pourcentages brutaux (plus de 20%) qui ont fait sa gloire, Julian est redevenu Julian, et s’est échappé du brouillard pour entrer dans la légende.

Félicité par ses pairs après l’arrivée, Alaphilippe transcende son sport et son pays, la France, qui n’a pas connu un Giro aussi victorieux (3 victoires) depuis 1987. Loin de l’ivresse, le peloton a vécu quelques moments de tension instigués par la Bahrain-Victorious d’Antonio Tiberi. Finalement, les coups de bordure n’ont rien donné, laissant le top 10 du général inchangé. Il devrait l’être encore demain soir, sauf incident, à l’issue d’une étape pour sprinters.