Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Van Aert est l'un des leurs, et pourtant...

Simon Farvacque

Mis à jour 05/04/2023 à 21:16 GMT+2

PARIS-ROUBAIX - Ils sont cinq à truster l'attention et les honneurs, dans le cyclisme mondial. Wout van Aert en fait partie, incontestablement. Pourtant, il n'a pas un palmarès sur route à la hauteur de ce standing. Dimanche à Roubaix, "WVA" peut donner à son tableau de chasse en matière de Monuments une allure plus conforme à son statut. Et si cela passait par une approche moins conventionnelle ?

Ils nous ont offert un E3 du tonnerre : résumé d'un formidable ballet à trois

Combien de grandes courses sur route Wout van Aert a-t-il remportée(s) ? Une seule. Si l'on s'en tient aux Monuments, aux Grands Tours, aux Mondiaux et aux Jeux Olympiques, le Belge peut "seulement" se targuer d'avoir gagné Milan-Sanremo, en 2020. Rayon places d'honneur, sa collection est faramineuse. Mais en termes de victoires, l'écart se creuse, avec les champions qui lui sont contemporains.
Remco Evenepoel a glané un Liège-Bastogne-Liège, une Vuelta et un titre planétaire, en l'espace de moins d'un an. Primoz Roglic a également triomphé à Liège, a conquis l'Olympe en chrono et a été sacré roi d'Espagne à trois reprises. Mathieu van der Poel a décroché trois fois plus de Monuments que son éternel rival, pendant que Tadej Pogacar s'est déjà forgé un palmarès historique.
picture

Trois mines d'une puissance rare : Les trois fois où Pogacar a attaqué

"Je ne pense pas avoir à prouver quoi que ce soit"

L'idée n'est pas de contester la présence de Van Aert au sein de ce gotha mais plutôt de souligner qu'il y détone. Sa propension à gagner des bouquets sur des terrains très différents, lors d'une course aussi relevée que le Tour de France, est fantastique. Mais une étape reste une étape et "WVA" n'a pas encore un tableau de chasse digne de son pedigree, malgré ses 40 succès sur route, à 28 ans.
"J'ai l'impression que les gens disent, de plus en plus, que je dois quasiment tout gagner, mais je ne pense pas avoir à prouver quoi que ce soit, a assuré Van Aert, avant Milan-Sanremo, comme rapporté par Cyclingnews. C'est positif que l'on me regarde comme ça, c'est une forme de respect." Les attentes qu'il suscite sont proportionnelles à la place prépondérante qu'il occupe dans le gratin du cyclisme mondial.
picture

Pogacar a failli faire sauter Van Aert : quelle bataille dans le Vieux Quaremont

Un revers de la médaille plus pernicieux que pour Van der Poel ?

"Van Aert a un petit souci, très relatif, sur l'ultra-performance, le jour J. Est-ce qu'il n'en est pas capable ou est-ce qu'il y a une barrière tactico-mentale à faire sauter ? Je ne sais pas", s'interroge Nicolas Fritsch. Selon lui, Wout van Aert se perd peut-être dans sa polyvalence. Il en veut pour preuve la saison 2020, durant laquelle le Belge a donc remporté la Primavera, ou encore terminé 2e du Ronde, de la course en ligne et du contre-la-montre des Mondiaux.
"C'était 'l'année "Covid'. Il était plus frais. Il ne s'était pas éparpillé, parce qu'il n'y avait pas vraiment de choix à faire, en termes de calendrier, tout le monde a fait presque la même chose, rappelle notre consultant, concernant cette saison tronquée par la crise sanitaire. Il n'a jamais été aussi fort que cette année-là sur le Tour des Flandres." Pourtant, c'est plutôt à Van der Poel que l'on peut penser, en termes de difficulté à gérer une palette de compétences immense.
picture

Quand Van der Poel fait exploser Van Aert dans le Kruisberg

"Je n'ai jamais vu Van Aert être mauvais"

Mais quand le Néerlandais est dans les extrêmes – à l'image de son année 2022 marquée par un nouveau Ronde empoché, un Giro paradoxal et un Tour de France fantomatique – Van Aert a une variation de performances moins grande que son compère cyclo-crossman. Le Belge "est incroyable", presque linéaire dans l'excellence… à défaut de parvenir à signer la course de sa vie, le jour où cela compte le plus.
"Je n'ai jamais vu Van Aert être mauvaissur un vélo", explicite Fritsch, pour qui cela colle bien à l'image que les deux hommes véhiculent, depuis leur éclosion commune : "En caricaturant un peu… Van der Poel a un côté génie – et parfois ça rate complètement – tandis que Van Aert est plus laborieux. C'est ainsi depuis qu'ils sont petits et au fur et à mesure des années, le laborieux est devenu très fort."
picture

Un sprint impérial et Van Aert reste le boss de l'E3

Sortir du cadre… dès dimanche ?

Outre l'aspect physique, ce peut être dans le domaine de la stratégie que Van Aert doit chercher à passer un cap, en courant de manière plus instinctive, débridée : "Sur le Tour, l'année dernière, il fait n'importe quoi, il se lâche complètement (avec succès)… Il ne le fait jamais sur un Monument, où il reste fidèle à un schéma stéréotypé, où il ne va jamais surprendre (…) Est-ce qu'il ne cogite pas un peu trop ?"
Outre celle d'une approche trop cérébrale, reste l'hypothèse de l'inhibition, quand la pression monte : "Mentalement, le jour d'un grand événement, il y a peut-être ce petit truc, cette pression qu'il n'y a pas au départ de Gand-Wevelgem…" Mais impossible d'aller plus loin que le questionnement : "Avec ces champions, il ne faut jamais avoir un avis définitif. Il va peut-être attaquer à 60 bornes de l'arrivée dimanche et gagner Paris-Roubaix."
picture

La folle journée de Van Aert, du Km 0 au carnage d'Hautacam

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité