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Tour d'Italie - Remco Evenepoel, une semaine pleine de promesses mais aussi de doutes

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 17/05/2021 à 11:17 GMT+2

TOUR D’ITALIE – Après neuf jours de course, Remco Evenepoel est dans une position des plus avantageuses, après neuf mois sans courir, avec une 2e place au classement général. Mais, entre mouvements de course étonnants, attitude à contre-emploi et résultats durs à lire, les performances du jeune Belge de la Deceuninck-Quick Step posent question.

Remco Evenepoel sur le Giro

Crédit: Imago

Si on lui avait dit avant le départ de Turin qu’il serait 2e du classement général après la 9e étape, à seulement 15 petites secondes d’Egan Bernal, nul doute que Remco Evenepoel aurait signé tout de suite. Le jeune belge a beau être d’une ambition débordante, il sait aussi d’où il revient après sa terrible chute sur le Tour de Lombardie 2020 et ses neuf mois passés sans courir. Une absence qui devrait être rédhibitoire dans la course à la victoire finale mais, jusqu’ici, force est de constater que le prodige de la Deceuninck-Quick Step fait mieux que tenir le choc.
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Septième du chrono initial dans les rues de la capitale du Piémont, Remco Evenepoel a ensuite répondu présent lors des premières arrivées au sommet, avec une 16e place (mais 5e des favoris) à Sestola et des 4e places à San Giacomo et dimanche sur les pentes non-asphaltées de Campo Felice, sur les hauteurs de Rocca di Cambio. Des résultats plus que satisfaisants qui permettent au Belge de pointer à la 2e place du classement général au terme de la première semaine, à 15’’ du maillot rose Egan Bernal, mais devant tous les autres favoris. De quoi le rassurer sur ses capacités immédiates. Alors pourquoi ces doutes ? Parce qu’au-delà des résultats bruts, l’impression laissée par le Belge est étonnante et indéchiffrable.

Courir contre-nature, oui, mais jusqu’à quand ?

Lui qui n’a jamais hésité depuis ses débuts à attaquer lorsqu’il s’en sentait capable semble sur la retenue, comme si lui, ou son équipe ne voulait pas qu’il passe à l’offensive. Il suit les attaques lorsqu’il le peut, à l’image de ce qu’il a fait dans le San Giacomo en prenant facilement la roue de Bernal, mais jamais plus. Pour son premier Grand Tour et à la vue des nombreuses incertitudes physiques qui pèsent sur sa condition (il n’a jamais couru plus de cinq jours de suite, n’a plus été en compétition depuis 15 août 2020 et il reste deux semaines de course), cela se comprend tout à fait. Mieux, cela est sûrement une bonne chose dans l’optique d’un éventuel podium (ou mieux) final à Milan, même si cela oblige Evenepoel à courir contre-nature. Mais jusqu’à quand ? Car chassez le naturel et il revient au galop. Et pas forcément lorsqu’il le faut.
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Remco Evenepoel (Deceuninck-Quick Step) encadré par ses équipiers sur le Giro 2021

Crédit: Getty Images

Dimanche, on a ainsi vu le Belge prendre les commandes du peloton sur le plat, à 15km de l’arrivée pour passer des relais appuyés, comme s’il voulait profiter d’un vent de côté pour provoquer lui-même un coup de bordure alors qu’il avait encore plusieurs équipiers à ses côtés. A moins qu’il n’ait voulu faire exploser le peloton comme il le faisait chez les Juniors, ce qui serait encore plus ambitieux et démesuré. Voire suicidaire. Ses équipiers sont d’ailleurs vite venus le rappeler à la raison et le Belge a repris sa manière de courir plus économe. Mais cet épisode est venu rappeler qu’Evenepoel n’est pas le genre de coureur à patienter et que cela, au moins, ne fait pas encore partie de sa panoplie. Assumer ses responsabilités en revanche, oui.

Il y a les résultats et l’impression

Le Belge de la Deceuninck-Quick Step ne s’est jamais demandé si c’était à lui de rouler lorsqu’il a été "mis en difficulté", que ce soit à Sestola ou vers Campo Felice. A chaque fois, c’est lui qui a fait l’effort derrière Bernal (accompagné par quatre autres favoris lors de la 4e étape), comme si ce Giro ne se résumait finalement qu’à un duel avec le Colombien. Sur le papier, après une semaine de course, c’est encore loin d’être le cas avec neuf hommes en moins d’une minute. Dans les faits, Evenepoel et Bernal semblent bien les plus forts. Même lorsqu’il perd du temps, le Belge impressionne malgré tout, à l’image de la 9e étape. Dans le dur à 500m de l’arrivée, il a vite reculé dès les premiers mètres de "sterrato", au point d’être déjà repoussé à plus de 5’’ de Bernal avant même l’attaque du Colombien.
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Mais, alors que beaucoup de coureurs semblaient mieux que lui à cet instant, le prodige de la Deceuninck-Quick Step a remonté coureur après coureur pour finir finalement à la 4e place de l’étape. En ayant très peu perdu (10’’) sur Bernal, malgré l’impression visuel et sa position à 300m de l’arrivée. Comme un symbole d’une première semaine quasi idéal pour Remco Evenepoel. Mais après neuf jours de course, difficile de lire les performances du prodige belge. Concède t-il du temps parce qu'il est à bloc et ne peut pas faire mieux ?
Gère t-il ses efforts en prévision de la suite ? A t-il été victime d'une souci mécanique dimanche, comme évoqué ici et là, ou a-t-il simplement coincé ? Difficile de le dire avec certitude. Oui, Remco Evenepoel est bien en jambes et ses ambitions de podium sont plus crédibles que jamais. Mais il n'a pas levé tous les doutes le concernant, loin de là. Et surtout pas ceux sur sa capacité à tenir trois semaines à haut niveau. Pour ça, il faudra attendre Milan.
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