Tour de Catalogne I "On court, on ne court pas…" : Le vent de la discorde a balayé le peloton sur la 6e étape
Mis à jour 29/03/2025 à 19:07 GMT+1
La confusion a régné comme rarement samedi, sur la 6e étape du Tour de Catalogne. Le vent violent a logiquement poussé les organisateurs à raccourcir le tracé pour des raisons de sécurité, mais cette décision a provoqué de vifs désaccords au sein du peloton. Les discussions ont provoqué des tensions avant et pendant la course pour aboutir à une situation ubuesque.
Scène surréaliste : le peloton proteste après la neutralisation de l'étape-reine à cause du vent
Video credit: Eurosport
"C’est difficile de vous raconter toute l’histoire." Pavel Bittner (PicNic PostNL) a esquissé un très léger sourire au moment de raconter l’étrange journée qu’il venait de vivre sur le Tour de Catalogne. Sa deuxième place derrière l’Américain Quinn Simmons (Lidl-Trek) restera anecdotique tant le sportif a été éclipsé par la confusion générale qui s’est emparée du peloton. Le Tchèque ne s’en est pas moins permis une vraie pointe d’humour : "Le plus drôle, c’est qu’hier je rigolais avec mon directeur sportif en disant que ça allait se finir au sprint et finalement c’est arrivé."
C’est bien le dénouement improbable d’une journée improbable. Le sprint, c’était le scénario impossible de cette course annoncée comme l’étape reine, avec un tracé initial de 160 kilomètres, 4000 kilomètres de dénivelé positif, quatre ascensions répertoriées et une explication royale attendue entre les deux hommes de tête, Juan Ayuso (UAE-Emirates) et Primoz Roglic (Red Bull Bora-Hansgrohe), séparés par une petite seconde au classement général.
De divisions en divisions
Dès samedi matin, ce scénario avait déjà pris du plomb dans l’aile. D’abord par la faute du vent. Face au danger représenté par des rafales annoncées à plus de 100 kilomètres, les organisateurs ont décidé de tronquer l’étape. Ils ont d’abord proposé un tracé réduit à 118,6 kilomètres, sans l’ascension du Coll du Pradell, trop exposé à 1715 kilomètres d’altitude, mais avec celles du Coll de la Batallola (3e cat.), de la Collada de Sant Isidre (1re cat.) et la montée finale vers Queralt (1re cat.).
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Simmons a mis tout le monde dans le vent dans un final atypique : sa victoire en images
Video credit: Eurosport
Le tracé proposé divisait déjà le peloton. L’organisation a donc proposé une alternative, avec deux boucles de 73 kilomètres autour de Berga, sans la moindre ascension, pour une longueur totale de 146 kilomètres. L’idée était de neutraliser la course sur la première boucle pour évaluer les conditions de course et déterminer s’il était possible de courir normalement sur la deuxième. Mais les désaccords se sont poursuivis durant ce tour de reconnaissance.
"Les coureurs n'ont pas tenu leurs promesses"
Roglic a été le premier à fausser compagnie au peloton pour aller discuter avec les organisateurs à la voiture de sécurité. Plusieurs coureurs lui ont emboîté le pas dans une situation assez surréaliste, avec des négociations en direct. "Lorsque nous faisions le tour de reconnaissance, certains coureurs ne voulaient pas en faire un autre, lâchait un Ayuso contrarié après la course. Je me sens mal pour l'organisation car je pense que sur le parcours modifié, il était possible de concourir. Je ne trouve pas normal qu'ils n'aient fait que 20 kilomètres."
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Simmons : "La victoire la plus étrange de ma carrière"
Video credit: Eurosport
"Chacun avait sa propre idée de ce qu’il fallait faire", a confié Pavel Bittner. Marc Soler (UAE-Emirates), Juanpe Lopez (Lidl-Trek) et Omar Fraile (Ineos Grenadiers) se sont ainsi succédé à la fenêtre de la voiture des organisateurs pour des palabres interminables. Ils ont dû se résoudre à supprimer la deuxième boucle et réduire ainsi la course à 23 kilomètres. "Les coureurs n'ont pas tenu leurs promesses, c'est un manque de respect", déplorait Ruben Peris, le directeur de l’épreuve, dans des propos relayés par Marca.
Le vainqueur ne voulait pas prendre le départ
Une demi-heure plus tard, Quinn Simmons coupait la ligne d’arrivée en vainqueur. Sa première victoire en World Tour, mais il s’en souviendra pour d’autres raisons. "C’est sûrement le jour le plus étrange de ma carrière, a-t-il reconnu. On court, on ne court pas, on fait une course plus courte, finalement on fait deux tours, finalement on n’en fait qu’un et la course ne fait plus que 23 kilomètres. Je faisais partie des coureurs qui ne voulaient pas prendre le départ…"
"Parfois tout le monde est d’accord quand on a des conditions épouvantables, là c’est difficile de juger, résumait David Moncutié, consultant sur Eurosport, à la fin de l’étape. Si on avait fait une boucle supplémentaire, cela n’aurait pas forcément changé grand-chose. L’essentiel est quand même préservé. On a pu avoir une arrivée d’étape pour tout ce public qui était massé sur la ligne. Il n’y a pas eu de chute non plus, et pour le classement général, Juan Ayuso et Primoz Roglic gardent malgré tout une chance et vont pouvoir se départager sur la dernière étape." C’est sûrement ce qu’il vaut mieux retenir au bout d’une journée à oublier.
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