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Il était une fois le Tour

Eurosport
ParEurosport

Publié 15/07/2009 à 13:15 GMT+2

Chaque jour, découvrez ou redécouvrez une grande page de l'histoire du Tour de France. Mercredi, gros plan sur le phénoménal Gino Bartali, vainqueur en 1948 de son deuxième Tour de France... 10 ans après le premier. Un exploit encore inégalé aujourd'hui.

Si Fausto Coppi avait conquis hors de la Péninsule une popularité inégalée pour un coureur transalpin, Gino Bartali reste en revanche le dieu du cyclisme transalpin pour tous les Italiens. Il est difficile d'imaginer aujourd'hui les scènes de liesse, mais aussi d'hystérie, que le Toscan provoquait à chacune de ses sorties dans son pays. "N'y touchez pas, c'est un dieu", s'est même écrié un jour un général italien venu assistez à l'arrivée d'une étape en 1938. Adoré, vénéré, Bartali conservera toujours une place à part dans le coeur du sport italien.
Dans celui du Tour de France également. Lors de sa première victoire, en 1938, pour sa deuxième participation, Bartali s'est immédiatement imposé comme un géant de la route. Le Florentin, âgé de 23 ans, surmonte toute les épreuves: la densité de l'équipe belge, le froid, la pluie, et même une crevaison dans l'Iseran qui aurait pu lui coûter cher. Mais Bartali fait la différence dans l'étape la plus dure de cette édition, entre Digne et Briançon, le 22 juillet. Ce jour-là, il allait s'inscrire au coeur même de la légende du Tour de France, en glanant son premier maillot jaune.
"Droit, puissant et souple"
Trois cols sont au menu pour rejoindre Briançon: Allos, Vars et surtout l'Izoard. "Ces trois cols constituaient pour moi les trois chances majeures que je devais exploiter pour remporter le Tour ", expliquera plus tard l'Italien. Bartali n'attend pas l'Izoard pour disperser la concurrence. La meute est éparpillée. Dans l'Izoard, où Bartali réalise un incroyable numéro, elle sera complètement anéantie. Peu après la Casse déserte, il lâche ses deux derniers compagnons de route, Vicini et Clément. Un journaliste, témoin de la scène, la décrit ainsi: "Droit, puissant et souple, sans le moindre déhanchement, il disparut aux yeux de ses deux dernières victimes. Dans une courbe après la Casse déserte, il jeta un dernier regard dans la vallée, aperçut Vicini et lui adressa du bras levé un salut qui se voulait un encouragement, mais qui traduisait surtout son immense satisfaction."
A l'arrivée, Bartali triomphe avec plus de cinq minutes d'avance sur Vicini et 17 sur le Belge Félicien Vervaecke, son plus sérieux rival jusque là. Une étape qui résume à merveille ce qu'était Gino Bartali. Un empereur de la montagne, capable de prendre une minute au kilomètre sur un démarrage. Le Tour 1938 est dans sa poche. Il devra attendre dix années de plus pour goûter à nouveau à la victoire sur la Grande Boucle. Il est le seul, en 105 ans d'histoire, à avoir gagné à 10 années d'intervalle. Une décennie mais surtout une effroyable Guerre, qui a frustré l'Italien pendant ses meilleures années.
Une force venue de l'intérieur
Combien de Tours aurait-il inscrit à son palmarès sans ce long trou noir? On peut débattre pendant des heures là-dessus, de manière forcément stérile. Ce qui apparaît évident, c'est que Bartali se serait très vraisemblablement imposé à plusieurs reprises entre 1940 et 1946. Aucun de ses adversaires de l'époque n'aurait pu lui arriver à la cheville, notamment en montagne. Lors de certaines soirées bien arrosées, Gino prétendait qu'il aurait fini sa carrière avec sept ou huit Tours en poche sans cette maudite Guerre. Personne ne l'a jamais contredit. Personne n'aurait osé. On ne peut appréhender le champion Gino Bartali sans évoquer l'aspect mystique de l'homme. Homme imprégné d'une foi profonde, il n'était pas surnommé pour rien "Gino le pieux". Cette force venue de l'intérieur, il la puisait aussi dans la douloureuse perte de son frère, décédé dans une course en 1934. Il était d'ailleurs l'ami personnel du Pape Pie XII. Cet aspect du personnage, fondamental, rejaillissait sur son comportement en course, où il affichait un grand respect de ses adversaires, mais aussi des organisateurs.
Muette pendant dix longues années, la légende allait donc reprendre vie en 1948. Pour ne plus s'arrêter. Ses dernières apparitions seront moins glorieuses, marquée par une rivalité tendue avec Fausto Coppi, l'autre géant italien, mais aussi par une sortie peu glorieuse en 1950. Bousculé par un spectateur dans les Pyrénées, Gino le pieux grossit l'incident et décide d'abandonner, ce qui était son droit le plus strict, mais entraînant avec lui toute l'équipe italienne, ce qui était plus discutable. Mais l'Italie, comme le Tour d'ailleurs, ont vite pardonné cet écart à cet immense champion et à ce grand homme, qui restera jusqu'à sa mort, à l'âge de 86 ans en l'an 2000, une figure éminemment respectée dans le milieu du vélo.
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