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Entre puncheurs, la bataille pour le premier jaune promet beaucoup

Julien Chesnais

Mis à jour 26/06/2021 à 11:07 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Les deux premières étapes, à Landerneau et Mûr-de-Bretagne, se conclueront par une arrivée en côte, une opportunité en or d’endosser le maillot jaune pour des puncheurs de la trempe d’Alaphilippe, van der Poel et van Aert, mais aussi de frapper un premier coup pour les favoris tels que Pogacar et Roglic. Ce premier week-end donne vraiment envie d'y être.

Wout van Aert, Mathieu van der Poel e Julian Alaphilippe durante il Giro delle Fiandre 2020 - Getty Images

Crédit: Getty Images

A moins qu’il ne se succède à lui-même, ce qui serait tout de même une franche surprise, Philippe Gilbert, 38 ans et bientôt 11 départs du Tour, va passer la main samedi au palmarès des “puncheurs premiers porteurs du maillot jaune”. Il y a dix ans, le Belge avait levé les bras au Mont des Alouettes, terminus de la 1re étape du Tour 2011, succédant dans ce registre à Alejandro Valverde, qui s’était imposé trois ans plus tôt au sommet de la côte de Cadoudal, à Plumelec. Depuis, aucune première étape du Tour ne s’était conclue par une bosse.
Cette attente prendra fin samedi à Landerneau avec l’arrivée au sommet de la côte de la Fosse aux Loups (3km à 5,7%). Mais la vraie singularité de ce Grand Départ en Bretagne réside dans le fait que les puncheurs auront une nouvelle part de gâteau dès le lendemain, avec le désormais très classique finish à Mûr-de-Bretagne (2km à 6,9%).
"Ce que l'on a fait depuis des années, c'est faire en sorte qu'il n'y ait pas de litanie de sprints sur les étapes de plaine, explique Christian Prudhomme, le patron du Tour. Là, on va trouver dans les deux premières étapes des arrivées pour puncheurs avec des gens qui vont se battre pour le premier maillot jaune mais aussi des favoris pour le classement général.”
Deux arrivées en bosse dès les deux premiers jours. En poussant un peu, on jurerait que tout a été fait pour que Julian Alaphilippe puisse revêtir le maillot jaune sur un 3e Tour consécutif, lui qui l’avait porté 14 jours en 2019 et trois autres l’an dernier. “Non, c'est un cadeau pour un puncheur, qu'il s'agisse de Julian Alaphilippe, de Mathieu van der Poel, de Wout van Aert ou d'un autre car on peut très bien imaginer que Primoz Roglic va gagner, a réfuté Prudhomme, auprès de l’AFP. Ce que nous voulons, c'est qu'on puisse voir les favoris du Tour de France épaule contre épaule dès le premier week-end.”
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Van der Poel, Alaphilippe, Pogacar et Van Aert au sprint lors de Tirreno-Adriatico

Crédit: Getty Images

Qui pour battre les trois magnifiques ?

Trois noms sont sur toutes les lèvres : Alaphilippe, van der Poel et van Aert. Après avoir tenu le haut de l’affiche durant le printemps des classiques, “les trois magnifiques”, comme l’avait titré Vélo Magazine dans son numéro d’avril, vont donc se retrouver pour se disputer le gain du premier maillot jaune de ce Tour 2021. MVDP et Alaf’ ont déjà entamé les retrouvailles sur le Tour de Suisse, à l’avantage du premier, double vainqueur d’étape et leader du général pendant 3 jours. Ce week-end, l’attente derrière van der Poel est sans doute au moins aussi forte que celle derrière le Français. Car il tient là une opportunité rêvée, à l'issue de sa première journée sur le Tour de France, de porter la tunique dorée qui s’était toujours refusée à son grand-père, Raymond Poulidor, qui avait d’ailleurs comme lui attendu ses 26 ans pour faire ses débuts sur la Grande Boucle. Le clin d'œil serait d’une portée symbolique inouïe, pour l’histoire familiale et donc de son sport. Et Alpecin-Fenix n'a pas été manche dans l'art du teasing en adoptant, juste le temps de la présentation des équipes jeudi soir, les couleurs du mythique maillot Mercier-Hutchinson-BP de "Poupou".
Concernant Van Aert, quand bien même le “but principal” de la Jumbo-Visma est le classement général pour Roglic, le vainqueur de l’Amstel Gold Race aura bien la liberté d’agir pour son propre compte. “Les deux objectifs peuvent aller de pair : aider l’équipe et faire des résultats” estime le tout récent champion de Belgique, qui dit jouir d’une “meilleure forme” que prévu après deux mois sans course.
Mais l’affaire ne devrait pas se limiter à une bataille entre ces trois-là. Primoz Roglic et Tadej Pogacar, les deux favoris présumés au général mais aussi les deux derniers vainqueurs de Liège-Bastogne-Liège, devraient avoir leur mot à dire. La côte de la Fosse aux Loups, qui propose une rampe maximale de 14% dans son premier kilomètre à 9% de moyenne, sied bien à leur profil de grimpeur explosif. “Et il peut y avoir une ouverture pour un outsider, un peu comme avait réussi Alexis Vuillermoz en 2015 à Mûr-de-Bretagne, imagine Thierry Gouvenou. C’est vrai qu’il y a quand même pas mal de prétendants au premier Maillot Jaune.”

La côte de la Fosse aux Loups, un style de Cauberg

Le responsable du parcours chez ASO trouve à cette bosse un style de Cauberg, la montée emblématique de l’Amstel Gold Race, “avec moins de plat quand même” une fois passé le plus fort de la pente. Plus on se rapproche de l’arrivée, plus la pente s’adoucit avec 500 derniers mètres qui affichent 1,2% de moyenne. Même les sprinteurs peuvent donc secrètement rêver de l’emporter, comme le Peter Sagan des grands jours, Michael Matthews, mais aussi dans une moindre mesure les Français Arnaud Démare et Nacer Bouhanni, à son aise ces derniers temps sur des arrivées escarpées et qui avait anticipé un sprint en bosse sur l’Etoile de Bessèges, où Christophe Laporte, également à surveiller, s’était imposé. Et si Caleb Ewan a la patte aussi légère que sur le dernier Milan-San Remo, il faudra aussi compter sur lui.
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Le profil de la 1re étape : Un apéritif pour puncheurs

Attention : il n’est pas tout à fait certain que cette première étape 100% finistérienne se résume à une course de côte type Flèche Wallonne. “On a profité d’être complètement à l’ouest de la Bretagne, dans sa partie la plus vallonnée, pour faire une première étape avec un gros dénivelé (2750m pour 187 km)” contextualise Thierry Gouvenou. Six côtes sont répertoriées (quatre en 4e catégorie, deux en 3e dont celle de l’arrivée). Mais ça ne fait en réalité que monter et descendre tout au long de la journée.
Julian Alaphilippe s’est d'ailleurs dit surpris à l’issue de la reconnaissance du tracé, jeudi : “Le final est plus difficile que ce que j'avais imaginé.” Ça pourrait donner des idées à MVDP, qui n’aime rien tant que s’affranchir des conventions tactiques. Prudhomme s’attend d’ailleurs à ce que ce “trublion” ait une réelle influence sur ce début de Tour “par sa capacité à attaquer de loin, sa surpuissance, et aussi par ce qu'il représente”.
La météo ne devrait en revanche pas pimenter les débats. La traversée des Monts d'Arrée, à une cinquantaine de kilomètres de l’arrivée, offre un beau terrain pour les bordures. Mais le vent est pour l’heure annoncé assez faible pour samedi. Et la pluie ne devrait pas non plus tomber.

Mûr-de-Bretagne sera plus favorable aux grimpeurs que par le passé

Dimanche, ce sera donc rebelote pour les puncheurs à Mûr-de-Bretagne (2km à 6,9%), qui accueillera sa 4e arrivée d’étape en 10 ans, après les succès de Cadel Evans en 2011, Alexis Vuillermoz en 2015 et Daniel Martin en 2018. “On est sur le même style d’étape que la veille, juge Thierry Gouvenou. A part que le départ est beaucoup plus plat jusqu’au premier passage de la côte de Mûr-de-Bretagne.” Comme en 2018, celle-ci sera franchie à deux reprises dans le final. Un Point Bonus (le premier des six que comprend ce Tour de France) sera situé au premier passage et offrira 8, 5 et 2 secondes. De quoi inciter les favoris à bouger une première fois.
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Le profil de la 2e étape : Double dose de Mûr-de-Bretagne, double dose d'Alaphilippe ?

La boucle finale est légèrement différente de celle d’il y a 3 ans. La distance entre les deux passages sur la ligne d’arrivée est similaire (16 km en 2018 contre 15,3 cette année), mais on ne trouve plus cette fois la côte de Saint-Mayeux pour densifier l'entre-deux. En revanche, l’approche de la seconde ascension de Mûr-de-Bretagne sera différente de la première. “On arrive au pied de la côte après un long faux-plat montant plutôt qu’après une descente, prévient Thierry Gouvenou. Les coureurs auront moins de vitesse et moins de récupération dans les jambes. Ce sera certainement plus profitable aux grimpeurs.”
Les grands acteurs du samedi devraient donc être les mêmes que dimanche, à l’exception des sprinteurs pour qui la côte de Mûr-de-Bretagne est normalement bien trop raide. “Pour moi, c’est la revanche de la veille, s’attend Thierry Gouvenou. Celui qui a gagné à Landerneau peut très bien faire le doublé et prendre le large grâce aux bonifs.”

Des écarts à coups de bonifs plus que de minutes

Celles-ci devraient constituer les principales différences au général à l’issue de ce week-end, aussi explosif et spectaculaire se présente-t-il sur le papier. Qu’on ne s’attende pas à une hiérarchie déjà clairement établi au général : Les favoris devraient toujours se tenir en une poignée de secondes, à l’exception d’éventuels malchanceux comme Romain Bardet en 2018, qui avait perdu une demi-minute sur une crevaison survenue à 4 km de l’arrivée à Mûr-de-Bretagne.
Dans Bistrot Vélo, lundi dernier, Stefan Bissegger (EF Pro Cycling) confiait son ambition d’endosser le maillot jaune à l’issue de la 5e étape, un contre-la-montre individuel font il fait partie des gros favoris. “Mon but est de ne pas perdre de temps avant le chrono, dit le Suisse de 22 ans, vainqueur du contre-la-montre de Paris-Nice. Car si je peux gagner le chrono, je serai maillot jaune.” Le signe qu’on s’attend à des écarts relativement minimes, dimanche soir.
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Bissegger : "En début de saison, je n'aurais jamais imaginé prendre le départ du Tour"

Au-delà des chiffres, ce premier week-end aura le mérite de lancer le Tour sur un sacré rythme, trois jours avant le chrono de Laval et cinq avant l’étape du Creusot, préambule musclée des Alpes. En tout cas, il nous donne très envie d’être à samedi.
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