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Tour 2021 - Mathieu Van der Poel aurait voulu partager son maillot avec Poulidor : "C'est dur qu'il ne soit pas là"

Laurent Vergne

Publié 27/06/2021 à 21:07 GMT+2

TOUR DE FRANCE – L'émotion était très forte dimanche à Mûr-de-Bretagne. En difficulté la veille, alors qu'il était très attendu, Mathieu van der Poel a magistralement répliqué en s'imposant pour prendre, en prime, le maillot jaune. Celui que sa légende de grand-père, Raymond Poulidor, n'a jamais porté. Il aurait voulu l'avoir près de lui sur le podium, comme sur cette photo, en 2016.

2016. Mathieu van der Poel étreint son grand-père Raymond Poulidor après sa victoire en coupe du monde de cyclocross, à Lignieres-en-Berry.

Crédit: Getty Images

En avaient-ils parlé tous les deux, où était-ce rangé dans les tiroirs de la pudeur qu'ils avaient en commun ? Sûr que, s'ils n'ont jamais eu cette discussion, au moins y avaient-ils pensé, chacun dans leur coin. Mathieu van der Poel, un jour, viendrait sur le Tour de France, celui qui a fait de son grand-père, Raymond Poulidor, une légende indépassable, sans jamais triompher, sans même jamais porter ne serait-ce qu'une minuscule journée ce maillot jaune. Et lui, le petit-fils, que "Poupou" surnommait "mon petit phénomène", le porterait-il un jour ?
Dimanche, sur le podium, le jeune prodige néerlandais a endossé pour la première fois de sa vie ce mythique maillot qui s'est toujours refusé à son grand-père. Le bonheur collatéral de sa victoire à Mûr-de-Bretagne, et de la cargaison de bonifications qui l'ont accompagnée, lors des deux passages sur la ligne d'arrivée. Il n'aura mis que deux jours pour réussir là où son aïeul limousin avait toujours échoué malgré 14 participations et huit podiums à Paris.
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Le finish de la 2e étape : Quand Van der Poel met le turbo, personne ne peut lui résister

J'imagine comme il serait fier
Un seul être lui manquait. Raymond Poulidor, disparu en novembre 2019 à l'âge de 83 ans, n'était pas là pour assister à l'avènement dorée de son descendant. L'histoire, telle qu'elle s'est écrite dans les Côtes-d'Armor, est déjà belle. Mais que l'image aurait valu son pesant de légende si les deux avaient pu être réunis. Peut-être Mathieu aurait-il offert à Raymond son maillot, qui l'aurait mis, le temps d'une photo. Rien de tout cela n'était possible dimanche, et si le jeune champion batave a été comblé autant qu'on peut l'être au bout de cette journée, le jeune homme, lui, en éprouvait un soupçon de regret : "C'est dur qu'il ne soit pas là", a-t-il dit.
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"J'ai pensé à mon grand-père" : Van der Poel, les larmes et l'hommage à Poulidor

Dès sa première interview, juste après l'arrivée, Van der Poel l'a admis, c'est à son grand-père qu'il a pensé. "L'émotion est arrivée quand on m'a dit avec 100% de certitude que j'avais le maillot jaune. C'était évidemment un moment très fort, a-t-il ensuite commenté un peu plus tard. J'imagine comme il serait fier, c'est vraiment dommage qu'il ne soit pas là mais on ne peut rien y faire. Ma mère est arrivée aujourd'hui (dimanche, NDLR) sur le Tour, je pense que j'ai attendu le bon jour."
On peut rêver d'un tel scénario, mais faire en sorte qu'il se réalise...
Finalement, oui, c'était peut-être le bon jour. Pourtant, on pouvait craindre pour lui qu'il n'ait laissé passer sa chance la veille, sur les hauteurs de Landerneau. Les jambes un peu courtes, il avait buté sur Julian Alaphilippe et sur beaucoup d'autres, terminant loin de ses ambitions. L'imaginer rebondir pour aller gagner dimanche à Mûr-de-Bretagne était envisageable. Mais la conquête du maillot jaune, elle, l'était nettement moins, puisqu'il accusait un retard de 18 secondes sur le champion du monde.
Mais il a réussi un sacré casse. "Van der Poelidoer" a d'abord posé la première pierre au premier passage au sommet de Mûr-de-Bretagne, à une quinzaine de secondes de l'arrivée. "Dans la première ascension, j'ai attaqué pour essayer d'engranger des bonifications, puisque c'était le seul moyen de conquérir le maillot jaune", explique-t-il. Julian Alaphilippe, qui avait fait le sprint derrière lui, a alors échoué derrière Tadej Pogacar et Primoz Roglic. Mais le compte n'était pas encore bon. "Je savais aussi qu'il fallait gagner l'étape avec un petit écart", ajoute MVDP.
Dans la seconde montée, le bulldozer de l'équipe Alpecin-Fenix a donc remis ça et le scénario rêvé s'est mis en route. Il a gagné. Seul. Et Julian Alaphilippe a coincé. Pour huit secondes, une marge finalement conséquente compte tenu des circonstances, Mathieu Van der Poel tenait son premier maillot jaune. "C'est assez incroyable, dit-il, presque incrédule. C'est particulier, on peut rêver d'un tel scénario, mais faire en sorte qu'il se réalise..."
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Le résumé de la 2e étape : Van der Poel déjà (très) grand, Alaphilippe (un peu) trop court

Le maillot, jusqu'où ? Le Tour, jusqu'au bout ?

En plus d'être un phénomène, le vainqueur du Tour des Flandres 2020 sait surprendre son monde. On l'attendait samedi, il a surgi dimanche. "Peut-être que c'était un peu le stress hier (samedi, NDLR), peut-être que j'étais un peu loin dans la dernière bosse aussi, analyse-t-il. La journée de samedi était difficile, peut-être que tout le monde était un peu moins frais. Mes jambes étaient meilleures qu'hier. Quand j'ai attaqué à 800 mètres, j'ai vu que personne ne me suivait, alors j'ai continué à fond. Les 500 derniers mètres étaient très douloureux, mais je savais que j'avais assez d'énergie pour finir seul et gagner."
Il a aussi fallu le convaincre que le coup était jouable dimanche. Car s'il dégage, vu de l'extérieur, une incroyable foi en ses capacités, le garçon a parfois encore besoin d'être mis en confiance, aussi curieux que cela puisse paraître. Alors ses équipiers l'ont gonflé à bloc avant le départ de la 2e étape : "L'équipe a été très forte. Parfois ils croient encore plus en moi que moi-même. Je veux remercier chacun d'entre eux."
Lundi, il s'élancera au départ de Lorient avec ce maillot que son père, Adri, avait porté, lui, en 1984. "Je pense que c'est réaliste de garder le maillot jaune jusqu'au contre-la-montre (mercredi, NDLR), mais pas plus longtemps", juge-t-il. Et après ? Ira-t-il jusqu'au bout de ce Tour qu'il a déjà marqué de son empreinte ou se retirera-t-il avant pour préparer au mieux les Jeux de Tokyo ? "J'adorerais aller jusqu'à Paris si possible, et si ça ne ruine pas mes chances dans l'épreuve olympique de VTT. C'est mon premier Tour, j'ai dit à l'équipe que j'aimerais bien finir mais ça ne doit pas être juste pour finir et après être nul aux J.O.".
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"Après le chrono, ça risque d'être compliqué de garder le maillot pour Van dr Poel"

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