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Les Débats du Tour : Pogacar a-t-il raison d'y croire encore ? Bardet ou Gaudu, qui terminera meilleur Français ?

Mis à jour 21/07/2022 à 11:03 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Mercredi à Peyragudes, Tadej Pogacar a pris le meilleur sur Jonas Vingegaard… mais il ne l'a pas distancé. Les jours passent et il n'y parvient pas. Le maillot blanc a-t-il raison de croire encore en ses chances de troquer sa tunique avec le paletot doré ? Dans les Débats du Tour, nous évoquons également leurs équipes et le duel franco-français entre David Gaudu et Romain Bardet.

Le résumé de la 17e étape : Duel royal entre Pogacar et Vingegaard, Bardet à la relance

Pogacar a-t-il raison d'y croire encore ?

Par Simon Farvacque
Oui. Il sait plus que quiconque qu’un Tour de France peut sembler perdu, sans l’être pour autant. En 2020, Tadej Pogacar a réalisé l’impensable. En 2022, il pourrait réussir l’impossible. Le choix de ce terme est une provocation assumée. Il traduit l’immense défi que représente le fait de lâcher un Jonas Vingegaard qui paraît pédaler sur coussins d’air. Jeudi en direction d’Hautacam, c’est ce défi qui attend "Pogi", avant que le contre-la-montre de samedi ne vienne clore leur duel.
Mais on n'a de cesse de dire que Pogacar est un prodige, depuis qu’il a pris une place prépondérante dans le cyclisme mondial. Le Slovène de 23 ans est promis à une carrière légendaire ? Cela passe par des accomplissements de cet acabit. C’est de le voir tenir un discours résigné qui m’aurait surpris. Il faut aussi noter qu’il ne fanfaronne pas, n’est pas dans un déni de la réalité qui s’impose à lui : Vingegaard est au moins son égal en altitude.
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Pogacar : "Je voulais cette étape, et je reste optimiste pour le maillot jaune"

Tadej Pogacar s’est dit "optimiste" quand on lui a demandé s’il l’était. Ce n’était pas une déclaration de son fait. Qui plus est, il a répondu plutôt timidement. Il s’accroche à une lueur d’espoir. Cela résume bien la situation. Les perspectives de victoire finale du porteur du maillot blanc sont passées de grandes à Copenhague, à petites au Granon, puis infimes à Peyragudes – infinitésimales, pourriez-vous même rétorquer. Mais il n’est pas question de les réduire à néant.
Par Amaury Erdogan-Gutierrez
Ma réponse sera sans appel : non. Tadej Pogacar (UAE Emirates) a tout essayé pour distancer Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma). Des attaques précoces, en montée, en descente, etc. "Pogi" s’est démené pour amincir son retard, mesuré à 2’18" ce mercredi, mais le teint translucide du maillot jaune cache une forme éclatante. Le Danois ne donne jamais le coup de pédale de trop, épouse l’ombre de son dauphin sur tous les terrains, quitte à avoir le menton collé à la selle du double tenant de la Grande Boucle.
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Pogacar 2022 vs Bardet 2017 : comparaison de leurs victoires à Peyragudes

Alors, évidemment, un coup du sort peut toujours éjecter les mille et une certitudes de la guêpe scandinave. Un saut de chaîne, une crevaison, voici les seuls écueils pouvant insuffler un brin d’espoir au natif de Komenda. Ce dernier l’a sans doute déjà intégré, la troisième victoire sur le Tour attendra un an, a minima.
Épluchons le carnet de route pour en avoir le cœur net. Si l’enchaînement Aubisque-Spandelles-Hautacam a de quoi dresser les poils les plus souples, Vingegaard n’a montré aucun signe de faiblesse en haute montagne, pas une miette, nada. Résultat, Pogacar ne se livre pas autant qu’à l’accoutumée, il l’a d’ailleurs regretté après l’arrivée à l’Alpe d’Huez. Reste le chrono de Rocamadour, où "Pogi" pourrait nous servir une nouvelle remontée impensable. Mais non, je persiste, Vingegaard a déjà gagné son ticket sur les Champs-Elysées. Pogacar aussi, mais seulement pour la remise de l'habit blanc.
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La victoire et la bonif' : Pogacar se console devant Vingegaard

Pogacar ou Vingegaard, qui est le mieux entouré pour Hautacam ?

Par Amaury Erdogan-Gutierrez
Jusqu’à aujourd’hui (mercredi), je vous aurais répondu sans ambages Jonas Vingegaard. Tadej Pogacar amputé de son meilleur élément en montagne (Rafal Majka, blessé) au départ de la 17e étape, absolument rien n’annonçait une journée tonitruante dans les rangs de la formation émiratie. La surprise – voire la stupéfaction – fut totale, alors qu’une fusée à trois étages a brûlé le macadam pyrénéen au thermostat 9. Le chalumeau Brandon McNulty a calciné les braises attisées par Mikkel Bjerg.
L’Américain, plutôt discret sur ce Tour, a sorti tout le peloton de sa roue. Tout ? Non, un indestructible maillot jaune canari a encore résisté à l’envahisseur et profité autant que Pogacar du tempo infernal imprimé par le nouveau super-équipier. L’Arizonien a effacé en quelques heures le souvenir pourtant impressionnant d’un Sepp Kuss (Jumbo-Visma) imprenable mardi. Cette fois, le Coloradien a encaissé un gros coup de chaud.
Une absence qui aurait pu peser, mais Vingegaard n’a besoin que d’une chose à ce stade de la course : des jambes de feu. Je vais donc répondre à cette question par une autre : Vingegaard a-t-il besoin d’une équipe pour protéger son paletot ? Non, plus maintenant. Si McNulty était pointé à moins de 3 minutes du Danois, la donne aurait été clairement différente, et sacrément excitante. A défaut de cela (21e au général), Vingegaard n'a besoin de calquer sa course uniquement sur les coups de cale de "Pogi". Conclusion, la supériorité numérique ne revêt plus d'un facteur déterminant.
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Vingegaard : "La victoire finale ? Je ne veux pas y penser, il reste trois journées très difficiles"

Par Simon Farvacque
Je suis de prime abord tenté de rejoindre Amaury, sur l’aspect discutable de l’apport de McNulty, dans ce deuxième opus pyrénéen. Il a été gigantesque, grandiose, si l’on s’en tient à sa performance physique. Mais à quoi bon ? Isoler Jonas Vingegaard ne présente peut-être pas un grand intérêt, tant le Danois et le Slovène semblent destinés à s’expliquer "à la loyale", sans que personne ne puisse ni les assister, ni les perturber.
Mais ce regard critique que l’on porte occulte, légèrement, la glorieuse incertitude du sport. Le Danois volant peut avoir un souci mécanique et alors regretter d’être esseulé. Il peut aussi exploser en vol, balayer nos certitudes d’une fringale. Même si la présence d’un bras droit est à relativiser, elle n’est pas à négliger. Et dans ce jeu du "à qui est le mieux entouré", Pogacar peut montrer les muscles. La déplumée formation UAE Emirates a été remarquable ce mercredi. Jeudi, on peut en attendre autant d’elle.
La Jumbo-Visma saura-t-elle répondre ? Avec Wout van Aert en son sein, elle dispose d’un atout de poids pour cela. Mais je pense qu’il faudra pour cela envoyer le maillot vert en éclaireur. Sa présence à l’avant peut rassurer Vingegaard, en vue de la petite vallée située entre le pénultième col du jour et l’ascension vers Hautacam, par exemple. En tout cas, il y a match, et quelques heures après les pertes de Marc Soler et Rafal Majka, cela ressemble à un petit miracle pour "Pogi". En attendant qu’un grand miracle naisse de son talent ?
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La palette des RP : "La 18e étape sera très difficile... pour tous les coureurs"

Qui terminera meilleur Français ?

Par Simon Farvacque
David Gaudu est en pole pour obtenir la virtuelle récompense de "meilleur Français du Tour de France 2022". Cinquième du classement général, le grimpeur de la Groupama-FDJ compte une place et 1’24" d’avance sur son compatriote Romain Bardet… et je pense que la hiérarchie ne va pas évoluer, entre eux. Ce mercredi en direction de Peyragudes, le leader de DSM a pourtant marqué des points.
Au lendemain d’une spectaculaire défaillance, Bardet a repris du poil de la bête, à l’orgueil. Il s’est montré offensif, puis résistant, et globalement à la hauteur de son rang. Celui de référence du contingent tricolore, depuis une dizaine d’années, parmi les spécialistes des courses par étapes. Mais justement, le natif de Brioude a déjà fait ses preuves. Cela peut compter jeudi, sur la route d’Hautacam.
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Quand Romain Bardet sera peut-être tiraillé entre passer à l’attaque, pour s’adjuger un succès de prestige – au risque de se brûler les ailes –, et jouer la carte du général, David Gaudu ne sera habité que par une motivation. S’accrocher. Encore, toujours. A quoi ? A cet objectif de "Top 5", né d’un dessein de podium raisonnablement revu à la baisse. A ce but pour lequel son coéquipier Valentin Madouas se dépouille autant que lui.
Pour Gaudu, il est question de passer un palier, à 25 ans, pour sa première Grande Boucle en tant que chef de file. Je ne l’imagine pas couler. Comme lorsqu’il a brillé par ses capacités de gestionnaire dans le Galibier, avant de lâcher les chevaux dans le Granon. Comme lorsqu’il n’a pas cédé à la panique mercredi, pourtant distancé relativement tôt. Tout peut encore s’écrouler, ce jeudi, mais je ne parierais pas là-dessus.
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Gaudu : "Sans Valentin Madouas, je ne fais pas grand-chose, il m'a trainé dans la montée"

Par Amaury Erdogan-Gutierrez
Si vous avez lu les débats de mardi, vous vous rappellerez sans doute que je me gorgeais d’optimisme pour David Gaudu (Groupama - FDJ), capable à mon sens de provoquer une défaillance de grande ampleur de Geraint Thomas (INEOS Grenadiers) d'ici l'arrivée à Paris. Problème, "G" a fait plus que résister sur les flancs mansardés de Peyragudes, au contraire du petit prince de Bretagne, constamment tracté par l’infatigable Valentin Madouas. La dépendance du Breton vis-à-vis de ses équipiers m’inquiète, et sa forme ne va pas en s’arrangeant. Alors, je vais opérer une sacrée volte-face. Me voici rangé à présent derrière Romain Bardet (DSM).
L’Auvergnat a tenté de réanimer quelques souvenirs glorieux dès les contreforts de l’Aspin. Pari réussi…à moitié. Le natif de Brioude a échoué dans sa quête de victoire d’étape, mais a pu se consoler avec un retour en fanfare aux portes du top 5 (6e). Bardet accuse encore 1’24’’ de retard sur son compatriote, mais la suite du programme assoit mes certitudes. D’une part, Bardet est un meilleur rouleur que Gaudu. A Copenhague, l’Auvergnat a battu le Breton de 5 secondes, et je vois difficilement ce dernier renverser le rapport de force à Rocamadour.
Enfin, la soif de victoire de Bardet va le forcer à poursuivre dans son registre offensif, au risque de tout perdre... mais pas sûr. Gaudu semble crispé sur sa machine, les muscles anesthésiés par la pression. Bardet a déjà volé à des hauteurs pharaoniques sur le Tour et semble décidé à miser gros mercredi. J’aime à penser qu'une telle prise de risques mériterait de déboucher sur un accessit de premier choix.
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"Bardet ne fait pas un mauvais Tour, mais compliqué de se contenter de cela pour lui"

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