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Van Aert - Pogacar, qui fait le début de Tour le plus impressionnant ? La Jumbo-Visma joue-t-elle sur trop de tableaux ?

Mis à jour 10/07/2022 à 10:06 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Wout van Aert vs Tadej Pogacar, c'est le duel XXL de ce début de Grande Boucle. Pendant ce temps-là, Jonas Vingegaard n'est pas la seule préoccupation de la Jumbo-Visma... à tort ? Quant aux Français, ils sont dans le coup au classement général, mais aucun d'eux n'a levé les bras. Alors, c'est pour quand ? Voici nos débats du Tour, après la 8e étape ce samedi.

Pinot poissard, Van Aert imprenable, Pogacar en maîtrise : le résumé de la 8e étape

Van Aert - Pogacar : Qui fait le début de Tour le plus impressionnant ?

Amaury Erdogan-Gutierrez
Deux bouquets, quatre podiums : la première semaine de Tadej Pogacar a de quoi faire tourner quelques têtes. Derrière ces lignes statistiques au reflet rutilant, "Pogi" m’a surtout épaté par sa gestion de tous les instants. Quel que soit le terrain ou les éléments, le Slovène trouve toujours l’ouverture, voltige sur les pavés charnus de "l’Enfer du Nord" et esquive les gadins. Le plus impressionnant dans l’affaire, c’est que le natif de Komenda se débrouille tout seul, ou presque. Hirschi, Bennett et Soler méconnaissables, le Slovène n’a pu compter que sur son fidèle "gregario", le volubile Majka, jamais avare de commentaires pour son jeune protégé.
Certes, je l’entends bien, lors du contre-la-montre de Copenhague, l’effort était solitaire pour tout le monde. Mais la maestria de Pogacar n’est pas contagieuse et, sans donner l’impression de prendre tous les risques sur la chaussée détrempée de la capitale danoise, le prodige s’est intercalé entre les deux meilleurs rouleurs du monde. Exceptée une mise en route à retardement lors du grand déballage de l’essaim Jumbo-Visma dans la côte du Cap Blanc-Nez (4e étape), le double tenant de la Grande Boucle a réalisé un sans-faute. Pogacar dépoussière les souvenirs du "fuoriclasse", dont l’usage a quitté le peloton depuis bien longtemps. L’ogre slovène excelle partout, balaie la satiété d’un revers de griffe, et collectionne les honneurs. Le tout face à deux armadas rendues à leurs devoirs.
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La joie juste après l'arrivée puis l'explication avec Majka : On board avec Pogacar

Simon Farvacque
Je n’ai rien à redire quant à cet éloge, ô combien légitime, de Tadej Pogacar. Mais à l’aune des standards qu’il a imposés au peloton et à nos esprits, "Pogi" a fait du "Pogi" en ce début de Tour de France. Sur les pavés, je l'imaginais au moins aussi carnassier. En altitude, il ne s'est pas envolé. Le double vainqueur sortant ne m’a pas surpris lors de ces huit premières étapes - ou seulement de manière marginale -, tandis que Wout van Aert m’a bluffé.
La façon dont il a fait exploser Quinn Simmons de sa roue jeudi, lors de son chant du cygne de jaune vêtu, la manière avec laquelle il a tenu en respect tout le peloton à l’occasion de son premier succès de cette édition, la domination qu’il a encore exercée ce samedi lors de la 8e étape : Wout van Aert est une jambe au-dessus, dans son registre. Il m’impressionne un peu plus que Pogacar, en ce 109e Tour que le Slovène ne gagnera pas aisément à mon sens. Une chose est sûre : la lutte entre ces deux hommes s’effectue en des sphères dont la hauteur est vertigineuse.
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La palette : comment van Aert est sorti de sa boîte pour coiffer Matthews et Pogacar sur la ligne

La Jumbo-Visma joue-t-elle sur trop de tableaux ?

Simon Farvacque
Oui, la Jumbo-Visma court après trop de lièvres à la fois, à mes yeux. Pourtant, rien ne vaut la gagne et je ne saurais donc condamner l'attitude de la formation néerlandaise, ce samedi en direction de Lausanne. Le final était taillé pour Wout van Aert, pourquoi se priver de lui offrir une opportunité en or d’engranger un succès de plus sur ce Tour ? Certes, mais cela impliquait de donner l’occasion à Tadej Pogacar de creuser l’écart, par rapport à Jonas Vingegaard, à coups de secondes de "bonification".
Bingo, "Pogi" a pris quatre secondes de plus de marge, sur son rival danois, repoussé à 39". Cela ne traduit pas une erreur stratégique manifeste, mais cela témoigne des injonctions paradoxales qui régissent les choix de la Jumbo. Et si Van Aert - surtout avec le maillot vert en tête - était trop fort pour figurer dans une équipe tournée vers le sacre, face à un adversaire aussi redoutable que le double tenant du titre ?
Déjà, sur la route d’Arenberg, couper l’effectif en deux pour soutenir Primoz Roglic et Jonas Vingegaard dans leurs déboires respectifs avait été coûteux. L’armada jaune et noire est redoutable parce qu’elle ne compte aucun quidam, mais elle manque peut-être de soldats pour concurrencer le Roi "Pogi". La hiérarchie et les rôles vont probablement se clarifier, dans la haute montagne qui pointe le bout de son nez. Est-il encore temps ?
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Cette fois, Pogacar n'a pas eu le dernier mot : le sprint victorieux de Van Aert en images

Amaury Erdogan-Gutierrez
Je partage les inquiétudes soulevées par Simon. La Jumbo-Visma a posé ses valises à Copenhague avec un seul but, trôner sur la plus haute marche du podium des Champs-Elysées avec le maillot jaune dos à l’Arc de Triomphe. Bien avant le départ de cette 109e édition, Wout Van Aert a pourtant prévenu son monde, annonçant dans les colonnes flamandes son intention de disputer en priorité le maillot vert, sans pour autant travestir son engagement dans l’opération classement général. Force est de constater que la cohabitation de ces deux lièvres n’a pas franchement profité au leader à deux têtes des Jaune et Noir.
Je ne vais pas revenir sur toutes les occasions manquées de grappiller quelques grains de temps sur Pogacar, mais plutôt me projeter sur la suite. Car je ne peux qu’envisager l’avenir avec optimisme. Au soir de cette huitième étape, WVA a grossi son imposante armoire d’un deuxième succès et émerge à plus de cent unités de Fabio Jakobsen, son dauphin dans la lutte pour la tunique verdoyante. Le Belge s’est montré sur tous les fronts, mais sur un terrain qui lui convenait. J’ai hâte désormais d’observer le comportement du vainqueur de Milan-Sanremo (2020) dans les Alpes, et ce dès demain. Ce sera "all in" pour ses leaders, ou devrais-je dire son leader, puisque la course a opéré elle-même sa propre sélection naturelle.
Porté aux nues par le peuple danois, Jonas Vingegaard est bien le seul frelon capable d'instiller quelques volutes de doute dans le crâne de Pogacar. Surtout, l’éparpillement des forces néerlandaises n’a pas coûté tant que ça : 39 petites secondes. Je veux croire que Roglic et Van Aert combineront leurs forces autour du dauphin de l’an passé. Il n’est pas trop tard : la haute montagne pointe à peine le bout de ses flancs mansardés.
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Vingegaard : "C'était brutal mais je me sens bien, les jambes sont bonnes"

A quand la première victoire d’étape française ?

Simon Farvacque
C’est peut-être pour ce dimanche. Le pari est audacieux, étant donné que les meilleurs grimpeurs français sont encore, soit, placés au classement général (David Gaudu, Romain Bardet, Guillaume Martin), soit, pas dans la forme de leur vie (Thibaut Pinot, notamment). Bon courage, pour damer le pion à Pogacar et compagnie, ou, en l’état, pour anticiper cette bataille des chefs. Ajoutez à cela une concurrence en matière de "baroudeurs qui n’ont pas peur du dénivelé" toujours très relevée sur le Tour - Lennard Kämna en figure de proue - et vous obtenez une moue interrogative.
Mais Warren Barguil, Pierre Latour ou autre Tony Gallopin ont le profil pour s’illustrer lors de la 9e étape. Ils peuvent, en fonction de leurs adversaires dans l’échappée, décrocher le gros lot. Ce n’est donc pas un pronostic dicté par une profonde conviction que je fais là. J’ai surtout le sentiment qu’il est l’heure pour un groupe de 15-20 aventuriers de dire au revoir au peloton jusqu’à la ligne d’arrivée. Les fuyards n’ont eu raison qu’à une reprise, après huit jours de joutes, lors de cette Grande Boucle. Je pense que ce sera le cas une deuxième fois, à Châtel, et que le drapeau tricolore peut en profiter pour se glisser sur la plus haute marche du podium.
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Le profil de la 9e étape : Les Alpes en douceur

Amaury Erdogan-Gutierrez
Je me ferai l’avocat du diable, car je ne vois pas un Français assez fort pour l‘emporter à court terme. Les Barguil, Latour, & co ont pour eux un passé plus ou moins glorieux sur les routes juilletistes, mais la concurrence est féroce dans les échappées et je ne décèle pas chez nos baroudeurs-grimpeurs un état de forme transcendant, indispensable pour ravir la gagne. Le salut passera à mon sens par les cadors rompus à la bagarre pour le classement général. Je vais même vous faire une confidence, ils sont du genre à rêver grand. Si je vous chuchote à l'oreille le nom de l'Alpe d’Huez, la date du 14 juillet vous vient à l'esprit. Le cadre spatio-temporel idoine pour des coursiers nourris au panache.
Oui, je pense forcément à Thibaut Pinot. Le Franc-Comtois connaît les lieux (vainqueur en 2015) et saura se transcender en plein cœur des lacets telluriques. Vous me rétorquerez que la forme actuelle du Vosgien n’invite pas à un optimisme des plus farouches. Il faut reconnaître que la chaussée frappée de centaines d’inscriptions en son honneur n’a pas suffi à porter le grimpeur de Lure dans le top 30 au sommet de la Super Planche des Belles Filles.
Il reste néanmoins du temps avant cette 12e étape et je n’ai pas dit que je plaçais tous mes pions sur le même cheval. L’Alpe d’Huez signera le quatrième et dernier acte d’une escale alpestre qui devrait redistribuer un paquet de cartes. Il n’est dès lors pas exclu de retrouver un Guillaume Martin ou un Romain Bardet repoussé à plusieurs minutes du podium. Si le philosophe du macadam n’est pas à proprement parler un "serial winner" (seulement sept victoires en pro, aucune en World Tour), l’Auvergnat a déjà goûté aux joies de la victoire sur le Tour. Surtout, le vainqueur du dernier Tour des Alpes a retrouvé les bonnes cannes cette saison.
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Pinot a hâte d'arriver dans les Alpes : "Je ne pense pas que cela pourra être pire"

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