Mondiaux de cyclo-cross : Mathieu Van der Poel moins dominateur ? "Il a un peu brouillé les cartes"
Mis à jour 02/02/2024 à 13:03 GMT+1
Une défaite par-ci, une victoire qui tarde à se dessiner par-là : Mathieu Van der Poel ne piétine plus le monde du cyclo-cross avec autant de violence qu'au début de l'exercice 2023-24. Steve Chainel y voit une légère baisse de régime contrôlée et une dimension tactique. Dimanche à Tabor, titre mondial en jeu, notre consultant pense que "MVDP" ne prendra pas le risque de jouer avec la concurrence.
Pénultième tour de circuit, dimanche à Hoogerheide. Ils sont encore sept à se disputer la victoire, dont un Mathieu Van der Poel pourtant délesté de Wout van Aert ou autre Tom Pidcock, pour qui la saison de cyclo-cross est déjà terminée. Une anomalie ? Presque. D'autant plus que le champion du monde ne parvient pas à décramponner immédiatement Thibau Nys (21 ans), quand il passe à l'attaque. Le bras de fer dure deux minutes et tout rentre dans l'ordre. A savoir : "MVDP" devant, tous derrière.
"Il a donné matière à se poser la question : est-il battable ?", relève Steve Chainel. Outre ce succès relativement poussif, Van der Poel a surtout perdu, il y a dix jours à Benidorm (5e). Certes, il avait chuté. Certes, Van Aert était encore là pour le challenger. Mais tout de même : la carapace d'invincible de la superstar néerlandaise a fait plus que se fissurer (13 courses, 12 victoires en 2023-24). "Dans la tête de ses adversaires, il n'y aura pas ce petit truc en plus dont il aurait disposé s'il était arrivé invaincu", appuie notre consultant.
"Une chance sur cent" pour les autres
C'est ainsi qu'à quelques jours de défendre son titre planétaire à Tabor ce dimanche, Van der Poel n'apparaît pas aussi écrasant qu'en début de saison, où il mettait parfois les voiles dès le premier tour. "J'ai beaucoup de potes qui l'ont croisé en stage à Calpe, poursuit Chainel, au sujet de la parenthèse 'entraînement' récemment effectuée par MVDP en Espagne. Je pense qu'il a déjà mis le curseur sur le mode route." Notre spécialiste du CX ne fait pas pour autant dans le suspense artificiel : "Un Van der Poel concentré à 90% sur les Mondiaux reste une dent au-dessus de la concurrence."
Il attribue "une chance sur cent" à Thibau Nys, Michael Vanthourenhout ou autre Eli Iserbyt de profiter de la légère décompression du despote pour se parer d'arc-en-ciel : "Van der Poel a été patient ces dernières semaines, il a un peu brouillé les cartes. Ce qu'il va faire dimanche est très simple : il va mettre une grosse cacahuète au bout de 3 minutes de course, prendre 30/40 secondes d'avance pour se mettre à l'abri d'un problème mécanique et aller chercher le titre (…) sur la classe et le talent".
La topographie des lieux le conforte dans cette idée : "Si ça avait été tout plat, on aurait pu imaginer une coalition anti-Van der Poel du côté des Belges, mais le circuit est physiquement compliqué." Les 8°C prévus en République tchèque n'arrangent rien selon lui, dans l'optique de vivre une course haletante : "Pour beaucoup, l'idée aurait été d'aller brûler un cierge pour qu'il y ait des conditions météorologiques très froides, avec du verglas et de la neige, comme il n'est pas forcément le plus à l'aise là-dessus."
"Je vois bien Venturini faire une médaille"
Reste ce sentiment que l'écart entre "l'extraterrestre" et les humains s'est réduit. Le membre des 'Rois de la Pédale' y voit un leurre : "A Hoogerheide, on a senti que les coureurs jouaient avec Van der Poel pour essayer de le battre, et n'en avaient rien à faire de la 'placette'. Là, aux Mondiaux, la 'placette', tu ne t'en fiches pas (…) Il y a une médaille à aller chercher." Entre un MVDP qui a tout intérêt à prendre ses aises tôt et des "rivaux" qui ne se risqueront peut-être pas à se mettre dans le rouge – Nys, dimanche, est tombé après avoir repoussé ses limites et a terminé 4e – on tutoie l'accord tacite.
"C'est pour ça que je vois bien Clément Venturini faire une médaille, même si ça peut paraître fou, s'aventure à pronostiquer Chainel. Quand Van der Poel va s'isoler, la course va être un peu bizarre derrière. Une course d'attente, tactique." Un pitch qui présage d'une lutte très ouverte pour l'argent, à laquelle notre expert intègre donc le champion de France, qui n'a signé aucun podium sur le circuit mondial cette saison mais a pris la 8e place dimanche, à seulement 38 secondes de ce Van der Poel version "patient". Gare au retour de sa version pressée.
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