Tuchel, évolution, polyvalence : comment Aubameyang est devenu l’arme fatale du Borussia

Pierre-Emerick Aubameyang est en train de casser la baraque. Intenable depuis le début de la saison avec le Borussia Dortmund, l’ancien joueur de Saint-Etienne brille avec la formation allemande. Buteur à 13 reprises en autant de matches toutes compétitions confondues, l’attaquant de 26 ans marche sur l’eau et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Le déplacement du BVB sur la pelouse du Bayern Munich (dimanche 17h30) lui donnera une nouvelle occasion de montrer l’étendue de ses progrès.

Marquer lors des 7 premières journées de Bundesliga, aucun joueur ne l’avait fait… avant Pierre-Emerick Aubameyang. Auteur de 9 buts en 7 matches de championnat, le natif de Laval s’est accaparé un record qui n’appartient qu’à lui. Une performance exceptionnelle. Mais ce n’est pas la première fois que l’ancien buteur de l’AC Milan rentre dans l’histoire de la "Buli".

En 2013 lors de son arrivée dans la Ruhr, il avait crevé l’écran d’entrée en inscrivant un triplé face à Augsbourg (4-0) pour sa première apparition en championnat avec les Borussen. Un exploit qui lui avait permis d’égaler Gerd Müller (en 1970 et 1973 avec le Bayern) et Klaus Allöfs (en 1978 avec le Fortuna Düsseldorf), auteurs, eux aussi, d’au moins trois buts en ouverture de la Bundesliga. A peine arrivé, l’attaquant gabonais s’était placé à la hauteur de deux légendes. De quoi se faire remarquer dans le bon sens. Sa prouesse individuelle du début de saison lui a même donné des ailes : "J’ai parié avec le coach : j’espère mettre 20 buts cette saison en championnat". A ce rythme-là, l’objectif sera rapidement atteint.

A Dortmund, Pierre-Emerick Aubameyang a toujours été dans les bons coups. Même quand le Borussia végétait dans les profondeurs du classement durant les six premiers mois la saison dernière, l’attaquant avait permis au club allemand de ne pas totalement couler. Il avait inscrit 25 buts en 46 matches toutes compétitions confondues lors de l'exercice 2014-2015. Pas mal pour un buteur souvent critiqué pour sa maladresse dans la zone de vérité. C’est presque de l’histoire ancienne désormais. L’ancien Vert a survécu au départ de Lewandowski au Bayern puis à la concurrence de Ciro Immobile et d'Adrian Ramos. L’Italien, parti au FC Séville en prêt, et le Colombien qui a pris place sur le banc, ont déçu. Ils ne se sont jamais intégrés au dispositif tactique du BVB.

Au contact de Jürgen Klopp, "Aubam" a progressé de manière significative. Avec Tuchel, il bonifie son jeu, il le complète. Là où Klopp considérait le Gabonais comme une arme de dissuasion en contre, le nouveau coach du Borussia l’a lui placé au centre de son dispositif offensif. Reus, Kagawa, Mkhitaryan, Aubameyang, tout le monde est logé à la même enseigne avec Thomas Tuchel. Devenu polyvalent, l’avant-centre de 26 ans est considéré comme un leader à part entière. Au même titre que les autres cadres plus anciens du BVB. Une marque de confiance.

Il est parfois difficile de se débarrasser de certaines étiquettes. Pierre-Emerick Aubameyang en sait quelque chose. Catalogué "attaquant de pointe à la vitesse époustouflante", le numéro 17 a beaucoup travaillé pour qu’on lui reconnaisse d’autres qualités. Certes, sa vitesse reste l’un des atouts majeurs de son jeu. Les radars de la Bundesliga l’ont d'ailleurs flashé à 38 klm/h contre Darmstadt la semaine dernière (2-2). Insaisissable. Mais au fil du temps, l’attaquant gabonais est devenu précieux dans l’organisation du jeu offensif de son équipe. Beaucoup l’ont remarqué comme Giovane Elber, ancien attaquant du Bayern : "Aubameyang incarne le football moderne, a estimé le Brésilien dans un entretien accordé à Goal.com. Aujourd’hui, un attaquant doit être rapide pour bien se replacer en phase défensive. Il est extrêmement dangereux et son équipe en profite. Il est très endurant. Aubameyang n’a pas de lacune".

Si le Gabonais a fait de sérieux progrès dans la finition, la qualité de ses appels doit aussi être mise en avant. L’attaquant du BVB attire les défenseurs vers lui et permet à ses coéquipiers d’accroitre leur zone d’influence. Reus et Kagawa ont beaucoup plus d’espaces pour exploiter les brèches et laisser parler leur créativité. Jouer contre Aubameyang implique d’évoluer avec un bloc équipe placé plus bas pour éviter de le laisser filer en profondeur.

Conscient de son évolution, l’ancien Stéphanois a bien compris qu’étendre sa palette lui avait permis de changer de dimension : "Dans le football moderne, un attaquant doit savoir marquer et aussi être altruiste, avait concédé Aubameyang dans une récente interview à Bild. Il faut savoir tout faire : dézoner sur les côtés, se démarquer, jouer dans un style différent. Ça m’aide à marquer plus". De "SpideBam" à "BatBam", de joueur rapide à attaquant polyvalent, Pierre-Emerick Aubameyang a déjà franchi plusieurs caps à Dortmund. Et ce n’est peut-être qu’un début.