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FC Séville : Comment Jules Koundé est devenu le central le plus en vue de Liga

Elias Baillif

Mis à jour 23/01/2021 à 10:29 GMT+1

LIGA - Arrivé à Séville il y a un an et demi, le jeune défenseur central français Jules Koundé est devenu une référence à son poste en un temps record. En Espagne, tout le monde est dithyrambique à son sujet. Cela sera-t-il bientôt le cas de l'Europe entière ?

Jules Koundé (Séville FC), en Liga le 21 novembre 2020

Crédit: Getty Images

Chaque été, le FC Séville achète une dizaine de joueurs, qui peuvent être répartis en deux catégories. D'un côté, les joueurs connus du grand public qui viennent souvent en Andalousie dans l'espoir de retrouver leur football (Nasri, Ocampos, Rakitic). De l'autre, ceux qu'on appelle à Séville "les gamins de Monchi". Comprenez par-là les trouvailles que le mythique directeur sportif, épaulé par ses dix scouts et le big data, effectue chaque été. Si tout se passe comme prévu, il faut peu de temps pour que les noms de ces inconnus soient sur toutes les lèvres. Arrivé en provenance des Girondins de Bordeaux en 2019, Jules Koundé faisait assurément partie de cette catégorie-là. Et effectivement, dans son cas, tout s'est passé comme prévu.

Un recrutement à la Monchi

Dès que l'entraîneur Lopetegui a formulé ses exigences au sujet de la venue d'un central, Monchi et ses sbires ont immédiatement fait marcher les mathématiques. Première doléance du coach, disposer d'un joueur fort dans les airs. La moyenne de duels aériens gagnés par des centraux de première division étant de 62%, la cellule de recrutement s'est tournée vers les noms dépassant ce pourcentage. Deuxième consigne, pouvoir compter sur un élément à l'aise à l'heure de jouer long. Moyenne de longues passes réussies en première division ? 43%. En confrontant diverses statistiques aux rapports effectués par les scouts eux-mêmes, la liste s'affinait petit à petit jusqu'à ne contenir qu'une poignée de noms, dont celle de Koundé.
Monchi croyait si fort en son potentiel qu'il faisait du Français le transfert le plus cher de l'histoire du club, malgré ses 20 ans. Pour son premier match sous ses nouvelles couleurs, l'ex-Bordelais s'illustrait en délivrant une merveille de long ballon lors d'une action qui s'avérerait décisive. En tribunes, le directeur sportif souriait sûrement. Les statistiques ne pouvaient pas mentir.
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Monchi - Roma - 2018

Crédit: Getty Images

Sans surprise, le central a eu besoin de quelques semaines pour s'ajuster à son nouveau club : "Quand je suis arrivé, j'ai un besoin d'un temps d'adaptation, étant donné qu'ici ça joue plus vite, et que l'effectif est différent, avec plus de qualité que l'équipe d'où je venais" reconnaissait-t-il en septembre dernier. Symbole de cette adaptation nécessaire, un match totalement raté à Eibar fin septembre, pour sa deuxième apparition en Liga. "Sur le moment, je l'ai mal vécu. Au début de la saison il y avait beaucoup d'attentes et quasiment au premier match que je joue commets une erreur, concédait-il. Je ne suis pas entré comme il faut dans le match et ça a été une nuit véritablement difficile pour moi. Mais le jour suivant, j'étais déjà concentré sur ce que je devais faire". Tellement concentré, que fin octobre, Koundé décrochait le poste de titulaire pour ne plus jamais le lâcher.
Tandis que la première partie de la saison sévillane était marquée par les prestations d'un Diego Carlos impérial – son compère en défense venant également de Ligue 1 – la suite de l'exercice était frappée du sceau de Koundé qui n'a cessé de monter en puissance. Lors du sprint final post-confinement, le Français a été tout simplement le meilleur joueur d'une équipe de Séville incapable de perdre ne serait-ce qu'un match.

Le style Koundé

Là où certains centraux compensent leur manque de vitesse par une anticipation de tous les instants, Koundé, lui, peut se permettre d'être patient. Il peut voir venir. Dans les grands espaces, le Bleuet est rarement en difficulté. Plutôt que d'être contraint de mettre le pied, il peut chercher à accompagner l'attaquant dans l'espace, lui céder l'initiative, puis lui rentrer dedans en mettant son corps en opposition à la moindre opportunité, ou alors lui passer devant à la course. En conséquence, le dribbler est un casse-tête. Soit l'attaquant s'en débarrasse dès le début de l'action, soit c'est pratiquement peine perdue. En plus d'être très difficile à passer, il commet peu de fautes, étant donné le peu de fois où il doit aller au sol. Dans une Liga où lui-même reconnaissait avoir moins de duels à jouer qu'en Ligue 1 – en Espagne les attaquants proposent des défis plus techniques, plus cérébraux aux défenseurs -, cette tempérance est bienvenue.
Monchi l'avait dit lors de sa présentation, le porteur du numéro 12 était un joueur idéal pour défendre haut, tel que l'exige Lopetegui. Mais ce qui fait de Koundé un talent défensif générationnel, c'est qu'il brille aussi dans sa propre surface. On ne compte plus le nombre de sauvetages sur la ligne et de renvois décisifs commis par le joueur. Et puis il y a son jeu aérien, à n'en pas douter l'aspect le plus surprenant de sa gamme. Comment un central aussi petit (1m78) peut-il être aussi dominant dans les airs ? La réponse est à chercher du côté de son élasticité. Lors de chaque saut, son corps se déplie comme un ressort.
Cette saison, il est le quatrième défenseur du championnat le plus victorieux dans les duels de la tête. "Je gagne plus de duels aériens que Sergio Ramos, car les adversaires n'osent pas affronter Ramos sur les longs ballons. Ils doivent se dire 'c'est Koundé, il n'est pas grand, on va le battre de la tête" racontait-il à Onze Mondial l'année passée. Toutefois, le natif de Paris doit progresser dans ce domaine. Offensivement, il dispose de quantités d'occasions claires sur corner qu'il convertit encore trop rarement. "Bien que je sois défenseur, il faut que je la mette car ça peut porter préjudice à l'équipe. Je suis en train de travailler mes coups de tête et ma finition" admettait-il à Marca cet automne.
En ce qui concerne le reste du volet offensif, là non plus Koundé n'est pas en reste. Déjà à l'aise avec le maniement du ballon, le Français a encore progressé cette saison. À plusieurs reprises il s'est retrouvé à dicter la direction des attaques en camp adverse, dans une position hybride de central-relayeur-latéral.
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Jules Koundé, central del Sevilla (LaLiga).

Crédit: Getty Images

L'appel des grands clubs

À l'heure actuelle, le joueur de Séville est tout simplement le central le plus en forme de Liga. Chacun de ses matches provoque les louanges des observateurs. À Séville, on admire autant le footballeur que l'homme. Rapidement intégré grâce à sa maîtrise de l'espagnol, sympathique sur les réseaux sociaux, le Français est accessible et s'implique régulièrement pour la défense de causes sociales. Pour une institution sévillane se voulant familiale, ce genre de choses comptent.
Mais combien de temps cela va-t-il durer ? Les Sevillistas le savent, il y a de fortes chances que leur crack s'envole prochainement pour de nouveaux horizons. Faisant partie des meilleurs défenseurs du monde, il sera à coup sûr la vente la plus chère de l'histoire du club andalou (sa clause de libération est de 90 millions). Sa polyvalence ferait de lui une recrue intéressante pour n'importe quel grand club.
Cet été, des contacts ont déjà eu lieu avec Manchester City, prêt à débourser 55 millions en indemnités de transfert. "Il n'y avait pas de mauvaise option pour moi. J'ai toujours dit à Monchi que je n'allais pas forcer les choses" expliquait-il cet automne à la télévision de son club. Koundé l'a répété a de maintes reprises, il est pleinement concentré sur étape sévillane. D'ailleurs, avant de rejoindre un grand d'Europe, il a un autre objectif en tête : se faire appeler par Didier Deschamps.
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