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Habib Beye (32e finale Coupe de France) - Portrait de l'entraîneur du Red Star avant le match contre Monaco

Clément Lemaître

Mis à jour 19/12/2021 à 11:22 GMT+1

COUPE DE FRANCE - Consultant phare du Canal Football Club, Habib Beye a lancé sa carrière d'entraîneur en National cette saison avec le Red Star. Avant le 32e de finale de la Coupe de France face à Monaco, Eurosport a interrogé ses ex-coéquipiers et entraîneurs qui l'ont suivi pendant sa carrière de joueur. Tous sont unanimes : Habib Beye avait déjà la "fibre" quand il jouait. Portrait.

Habib Beye, l'ancien joueur devenu entraîneur (Crédit photo : Red Star).

Crédit: DR

Le jeu de l'AS Monaco, Habib Beye l'a disséqué un paquet de fois au micro de Canal +. Cette fois-ci, l'ex-international sénégalais va l'analyser, et tenter d’y trouver la faille, dans le costume d'entraîneur avant le 32e de finale de la Coupe de France ce dimanche. Arrivé en tant qu'adjoint au Red Star (National) cet été, Habib Beye est devenu intérimaire puis numéro un au début de l'automne. Sous la coupe du technicien de 44 ans, qui passe son brevet d'entraîneur de football professionnel (BEPF) cette saison, le club francilien, vainqueur lundi à Sedan (3-1), est passé de la 15e à la 12e place et vient de remporter ses trois derniers matches, championnat et Coupe de France confondus.
Pour la première fois de sa jeune carrière d'entraîneur, celui qui est également consultant phare pour le Canal Football Club sera opposé à un club de Ligue 1. Un niveau qu'Habib Beye vise à l'avenir. "Je pense qu'il deviendra un bon entraîneur, nous confie Amara Traoré, l'ancien sélectionneur du Sénégal. Il est passé par toutes les étapes. Dans ses analyses, il ne dit pas n'importe quoi, c'est très rangé voire scientifique. On a l'habitude de dire qu'un bon entraîneur est un homme de culture. Et c'est le cas pour Habib. Après un poteau rentrant ou sortant peut faire changer une carrière d'entraîneur, mais cela ne changera rien à ses compétences."
C'était déjà un joueur de caractère, on n'avait pas envie de l'embêter
Comme l'ancien attaquant de Gueugnon, ceux qui ont croisé sa route ont perçu sa fibre de leader. Et dès ses plus jeunes années au PSG. Pierre Mankowski, alors directeur du centre de formation du club de la capitale, se souvient. "Il avait 17-18 ans lorsqu'il évoluait en DH (ndlr : aujourd'hui R1) ou avec la réserve. C'était un joueur très intéressant avec une énorme qualité physique, raconte l'ex-sélectionneur de l'équipe de France Espoirs (2014-2016). Paris n'a pas voulu le garder parce qu'il avait une blessure mais c'était déjà un joueur de caractère, on n'avait pas envie de l'embêter."
Le destin d'Habib Beye bascule lorsque Pierre Mankowski est engagé sur le banc de Strasbourg en 1998. "Avec Claude Le Roy, on décide de l'emmener dans la foulée avec nous et il signe un contrat professionnel, se remémore-t-il. Ce n'était pas gagné d'avance pour lui de faire le grand saut en D1, mais il m'avait tout de suite très fortement tapé dans l'oeil. Je trouvais qu'il avait quelque chose hors du commun."
Le jeune arrière latéral n'est alors pas impressionné par l'élite. "C'était quelqu'un de très déterminé, avec beaucoup d'envie et d'enthousiasme, insiste Pierre Mankowski. Il était capable de faire des allers-retours sur son côté sans être fatigué. C'était impressionnant. Il était très appliqué, avait certaines fois des petits manques techniques qu'il rattrapait grâce à son physique. Mais petit à petit, il s'est amélioré dans cet aspect du jeu."
A Strasbourg, il savait déjà bien communiquer
Des débuts prometteurs qui ont marqué Teddy Bertin, joueur majeur du club alsacien à l'époque. "On est arrivé ensemble à Strasbourg. Au départ, on s'est côtoyé à l'hôtel même si Habib s'est vite rapproché des plus jeunes et notamment de Peguy Luyindula. En D1, il s'est vite imposé, confie l'ancien défenseur. Dans le groupe, il était ouvert et avait cette facilité à discuter avec tout le monde. Il savait déjà bien communiquer et a su vite se mettre dans le moule. Même s'il était jeune, on sentait ce côté leader et compétiteur chez lui. Il détestait perdre, même sur les petits jeux à l'entraînement."
Cette grande rage de vaincre, Habib Beye l'a très vite transmise au sein du groupe strasbourgeois. "Quand il avait quelque chose à dire, il le disait. Ce n'était pas velléitaire, mais pour faire avancer les choses et progresser, souligne Pierre Mankowski. Dans un groupe, il ne posait aucun problème, car c'est quelqu'un de très, très droit." "Quand je suis arrivé à Strasbourg en 2000, il était déjà bien implanté au club, corrobore Stéphane Roda. Avec son aura, il avait déjà beaucoup de poids sur le terrain et dans le vestiaire, pourtant il n'avait que 22 ans. Il était très ambitieux et avait conscience de ses qualités."
C'est au cours de cette saison que l'ex-arrière droit effectue ses débuts avec la sélection sénégalaise. Avant de participer à la Coupe du monde un an plus tard. "Il ne posait pas de problèmes et respectait toujours le cadre fixé, se souvient Amara Traoré, alors en fin de carrière. Il sait s'adapter à toutes sortes de situations. Habib aime que les choses soient bien en ordre, a horreur de l'injustice et du favoritisme."
A l'été 2003, Habib Beye débarque à Marseille, s'impose tout de suite, joue une finale de C3 (perdue face à Valence en mai 2004), enchaîne les saisons pleines jusqu'en 2007 et devient capitaine du club olympien. Ce qui n'est pas une mince affaire quand on sait que "quatre ans à l'OM en valent neuf dans un autre club", comme le souligne Ronald Zubar, qui décrit "un mec passionné".
Habib posait beaucoup de questions, voulait toujours aller au fond des choses et comprendre les différents processus de jeu
"Il y avait beaucoup de joueurs charismatiques à l'époque dans le vestiaire avec Sabri Lamouchi, Lorik Cana, Mamadou Niang et Cédric Carrasso et lui faisait partie des leaders, rappelle l'ancien défenseur. Il était écouté et respecté. Il voyait les choses avant tout le monde. Avant de te parler d'un truc, tu étais sûr qu'il s'était renseigné auparavant. Comme moi, il a été formé à l'ancienne école et était très exigeant envers les jeunes : il fallait bosser assidûment et répondre présent. Sur le terrain, on jouait l'un à côté de l'autre et on se prenait souvent le bec, car quand il a une idée en tête, il n'en démord pas. Mais il avait l'intelligence de faire la part des choses en dehors."
"C'était un leader positif, confirme son ami Mamadou Niang, consultant Eurosport. Dans le vestiaire, il aimait bien blaguer et rigoler… Mais sur le terrain, c'était un guerrier, il allait au combat et emmenait toute l'équipe par rapport à l'agressivité qu'il mettait sur le terrain. Il avait déjà l'âme d'un entraîneur quand il était joueur, dans sa façon de parler, de nous motiver avant les rencontres, à la mi-temps, et de nous parler après les matches."
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Habib Beye, l'ancien capitaine de l'OM.

Crédit: Imago

Ronald Zubar se souvient également qu'Habib Beye était l'un des relais privilégiés d'Albert Emon, l'ex-entraîneur olympien (2006-2007), sur le terrain. C'est justement à partir de cette période qu'Amara Traoré, alors co-sélectionneur du Sénégal, a lui aussi perçu "la fibre d'un futur entraîneur" chez son ancien coéquipier. "Quand on échangeait sur la manière de jouer lors de la CAN 2006 en Egypte, Habib posait beaucoup de questions, voulait toujours aller au fond des choses et comprendre les différents processus de jeu. C'est un garçon très attaché au moindre détail. Je le revois encore aller dans les chambres de ses coéquipiers pour les motiver. Je me suis revu en lui quand j'étais joueur", note-t-il dans un premier temps.
"C'est un garçon qui a plein d'arguments et parfois il ne me laissait pas placer un mot", sourit Amara Traoré, qui voit aussi en Habib Beye "un homme réservé dans la vie quotidienne". Une fois sa carrière de joueur terminée en 2012, l'ex-arrière latéral s'est dirigé dans un rôle de consultant TV avant d'embrasser le métier d'entraîneur. "Habib a des analyses souvent justes, il développe assez bien et a un discours cohérent", souligne Mamadou Niang.
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Habib Beye dans le rôle de consultant lors de PSG-Monaco en février 2021.

Crédit: Getty Images

"Quand j'ai commencé à le voir à la télé, je pensais qu'il allait s'orienter vers une carrière journalistique, se souvient Pierre Mankowski. Un jour, je l'ai rencontré et il m'a confié qu'il voulait à tout prix devenir entraîneur. Il estimait qu'il avait plein de choses à apporter, des idées à transmettre. Je trouve que son début de carrière d'entraîneur ressemble à celui du joueur qu'il a été. Habib fait ses gammes et grimpe au fur et à mesure."
Sauf que cette fois-ci, le consultant de Canal+ a déjà les lumières des projecteurs braquées sur lui. Et c'est un avantage, à en croire son ancien entraîneur à Strasbourg. "Médiatiquement, il a beaucoup de portes ouvertes. Quand on est moins dans l'ombre, c'est un avantage, argumente-t-il. La communication, il connaît. Il est très, très bon et l'a prouvé lors des dernières années. Aujourd'hui, dans le métier d'entraîneur, c'est hyper important. Quand on est coach, il faut les résultats et bien communiquer."
Teddy Bertin partage l'avis de son ancien coach. "Habib est l'un des consultants préférés des Français. Ce qu'il dit, c'est fluide. Il excelle dans la communication et je pense qu'il doit avoir un bon relationnel avec les joueurs", note l'ex-spécialiste des coups-francs, alors que Ronald Zubar "n'est pas étonné" de voir son ancien coéquipier percer en tant qu'entraîneur. "Ça se voit qu'il travaille beaucoup et que ce n'est pas que des mots. J'ai regardé son match contre Sedan en début de semaine, tu sens qu'il y a une recherche tactique et beaucoup d'allant offensif." Monaco est prévenu : la tâche ne sera pas facile au Stade Bauer.
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