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Coupe de France - Départ douloureux, jeunisme assumé : Strasbourg joue avec le feu

Raphaël Brosse

Mis à jour 27/02/2024 à 18:53 GMT+1

Opposé à Lyon, ce mardi soir en quart de finale de la Coupe de France, Strasbourg traverse une période délicate, comme l’illustre sa série de quatre revers de rang en championnat. Le début de cette mauvaise spirale coïncide avec le départ de Matz Sels à la toute fin du mercato d’hiver. Un transfert sportivement compliqué à digérer, et qui interroge sur la politique du nouveau propriétaire, BlueCo.

Alaa Bellaarouch (Strasbourg) face au PSG. / Ligue 1

Crédit: Imago

Attention aux apparences. Si l’on se fie uniquement au classement de la Ligue 1, le quart de finale de Coupe de France opposant Lyon (10e) à Strasbourg (13e), ce mardi soir (20h45) s’annonce très équilibré. Mais il faut aussi tenir compte des dynamiques des deux clubs, qui sont radicalement différentes. Il y a un mois, le RCSA comptait encore neuf points d’avance sur l’OL, alors barragiste. Depuis, les Gones ont enchaîné quatre victoires en championnat, tandis que leurs visiteurs sont à l’arrêt complet, comme en attestent leurs quatre défaites d’affilée. Ce qui explique pourquoi les premiers cités sont passés devant les seconds.

Le départ que personne n'avait vu venir

C’est donc un euphémisme de considérer que le Racing a vécu un mois de février très délicat, uniquement égayé par un succès en huitième de finale de Coupe face au Havre (3-1). Sa mauvaise série a commencé le 2 février, lors de la réception du PSG (1-2). À moins qu’elle n’ait pris racine la veille, dans les dernières heures du mercato hivernal. À la surprise générale, Matz Sels, capitaine et dernier rempart de la formation alsacienne, avait profité de cette ultime journée de mutations pour rejoindre l’Angleterre, où Nottingham Forest lui faisait les yeux doux. Ses dirigeants n’ont pas cherché à le retenir.
Officiellement, le portier belge a été séduit par l’opportunité d’évoluer dans "le meilleur championnat au monde", comme il l’a expliqué au Parisien. Officieusement, ses envies d’ailleurs ont peut-être été motivées par d’autres éléments. Début février, les Dernières nouvelles d’Alsace révélaient en effet que le gardien de 31 ans ne se sentait plus en phase avec le projet strasbourgeois depuis le rachat du club par BlueCo, à l’été 2023. Les propriétaires américains, aussi à la tête de Chelsea, avait profité du marché des transferts pour rajeunir significativement l’effectif bas-rhénan, ce qui donnait une indication explicite sur leurs intentions concernant le RCSA : utiliser ce club pour y développer de très jeunes talents.

Le jeunisme et ses limites

Après cinq saisons et demie passées sur les bords du Rhin, Matz Sels a ainsi préféré partir. Mis au placard à Saint-Étienne, Matthieu Dreyer a été recruté en urgence pour le remplacer. Mais c’est bien Alaa Bellaarouch, 22 ans et 0 match de Ligue 1 jusqu'alors, qui a été propulsé dans la cage de Strasbourg. En quatre matches dans l'élite, le jeune Marocain a déjà encaissé onze buts, dont deux consécutifs à des boulettes de sa part. Il a un gros potentiel, c'est évident, et il ne s'agit pas de l'accabler. Seulement de constater que ce n'est pas idéal d'être lancé dans le grand bain de cette façon, surtout à un tel poste.
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Strasbourg/Lorient.

Crédit: Getty Images

En plus d’être l’un des gardiens les plus fiables du championnat, Sels faisait figure de taulier au sein de l’équipe alsacienne, la plus jeune de Ligue 1 (23 ans de moyenne d'âge). Son départ est par conséquent d’autant plus difficile à compenser pour ses coéquipiers, même s’il reste quelques éléments expérimentés, comme Thomas Delaine, Frédéric Guilbert ou Kévin Gameiro. À onze journées du dénouement du championnat, les partenaires d’Habib Diarra n’ont plus que trois points d’avance sur le barragiste, Lorient. Du talent, Strasbourg en a à revendre. Mais ses pépites, pour la plupart venues de l'étranger, ne sont pas habituées à lutter pour le maintien. C’est pourtant bien ce qui risque de les attendre.

La Meinau est inquiète

Cette situation, évidemment, n’enchante pas les supporters du club champion de France en 1979. Dès le début de la saison, plusieurs banderoles déployées dans la Meinau ont déploré l’arrivée de BlueCo et dénoncé le phénomène de multipropriété, de plus en plus présent dans le foot français. Face à Brest (0-3), samedi dernier, l’une de ces messages faisait d’ailleurs écho au récent départ de Sels, très mal vécu par beaucoup d’amoureux du Racing : "Perdre ses cadres, stratégie déplorable". Bien sûr, il est encore trop tôt pour porter un jugement pertinent sur le projet de BlueCo. On se contentera donc de remarquer que pour l’instant, Strasbourg joue dangereusement avec le feu.
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Loïc Perrin tente d'arrêter Randal Kolo Muani lors de Strasbourg-PSG

Crédit: Getty Images

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