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Coupe du monde 2014 : l'Italie est un invraisemblable laboratoire tactique

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 09/06/2014 à 18:39 GMT+2

L'Italie sera la seule grande nation sans système de jeu précis à la Coupe du monde. Cesare Prandelli a presque tout testé, avec une idée derrière la tête. Voici chacune de ses options.

Cesare Prandelli, Italie, 2014

Crédit: Panoramic

"Si vous n'avez rien compris à ma tactique, c'est qu’on est sur la bonne voie". Voici ce qu'a déclaré Cesare Prandelli aux journalistes lors de sa première conférence de presse sur le sol brésilien vendredi dernier. L'Italie, très attendue comme à chaque Coupe du monde, est la seule sélection à ne pas avoir un système de jeu bien défini. C’est un choix, selon le sélectionneur italien, qui veut éviter de donner des repères à ses adversaires en ne s’adaptant à chacun d'entre eux, mais aussi une obligation, puisque aucune tactique bien précise n'a entièrement donné satisfaction ces dernières années. Prandelli a ainsi convoqué des joueurs au profil très polyvalent, abandonnant notamment l'avant-centre pur à la Gilardino ou Toni, "qui n'aurait pas été fourni en centres". La Squadra Azzurra est actuellement un vrai laboratoire tactique qui fait honneur à la réputation des techniciens italiens, maîtres en la matière. Voici les différentes options travaillées par Prandelli.

Le 4-3-1-2 et son losange rotatif

 C'est le système de jeu favori de Prandelli depuis qu'il s'est assis sur le banc de la Nazionale et on peut même affirmer que c'est sa marque de fabrique avec ce milieu de terrain si particulier. Quatre joueurs instaurent une rotation et peuvent se retrouver à tour de rôle au poste de numéro 10, que l'on appelle "finto trequartista", soit un faux milieu offensif axial. C'était le rôle cousu sur mesure à Riccardo Montolivo, qui vient de déclarer forfait suite à sa fracture du tibia. En tout cas, la plupart des milieux à disposition trouvent leur place dans ce système. L'entrejeu dense permet aux attaquants de se concentrer sur la phase offensive et exclut d'emblée un Casssano, souvent invoqué pour recouvrir le poste de numéro 10 (qu’il porte par ailleurs) mais qui ne garantit que trop peu de couverture défensive. Celui-ci doit donc jouer un cran plus haut dans le duo d'attaque, les avants-centres justement, avec l'absence d'un attaquant de soutien expérimenté et en forme physique, cette tactique a été progressivement remaniée. Elle pénalise également les latéraux qui subissent trop souvent le surnombre adverse.
  • Système idéal pour utiliser les qualités de…Pirlo
  • Système qui accroît les chances de jouer de… Cassano
  • Système qui envoie sur le banc…Candreva
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Cesare Prandelli, le sélectionneur de l'Italie, félicite Andrea Pirlo.

Crédit: AFP

Le 4-3-2-1, 4-5-1... ou 4-1-4-1 pour élargir le jeu

 C’est pour cette raison que Prandelli se tourne vers un 4-3-2-1 ou un 4-5-1 pour affronter les matches de poule. L'Angleterre (4-2-3-1), l'Uruguay (4-4-2) et même le Costa Rica (4-5-1) vont exploiter à fond les couloirs avec des superpositions régulières des arrières latéraux aux ailiers. Le faux numéro 10 et un des deux attaquants disparaissent pour faire place à deux joueurs de lignes capables d'aider leurs arrières. Il faut pour cela des éléments qui réussissent à combiner parfaitement phase offensive et défensive, un profil auquel correspond très bien Antonio Candreva, joueur de devoir que Prandelli tient en estime. Lui à droite donc et Marchisio à gauche. Marchisio fait à la base partie de la batterie de milieux qui s’alternent dans le losange rotatif. Dans sa carrière, il a été régulièrement amené à prendre place sur un côté, il connait donc ce rôle. Selon la nécessité, ce duo peut se recentrer et soutenir l'attaquant de pointe ou s'excentrer et utiliser les ailes à bon escient. Enfin, petite mais importante variante, un des milieux qui recule plus bas devant la défense pour former un 4-1-4-1 mais nous y reviendrons.
  •  Système idéal pour utiliser les qualités de… Balotelli
  • Système qui accroît les chances de jouer de…Candreva
  • Système qui envoie sur le banc… Cassano
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Ciro Immobile och Mario Balotelli.

Crédit: Imago

Le 4-3-3 pour absolument marquer

 C'est la version plus offensive du 4-3-2-1, celle qui serait plutôt utilisée en cours de match pour récupérer une rencontre mal engagée. Elle a été essayée lors des dix dernières minutes de l'amical contre le Luxembourg et prévoit une attaque avec Balotelli au centre et Insigne et Cerci sur les côtés. Un schéma résolument entreprenant, que Prandelli a tenté de mettre en place notamment lorsqu'El Shaarawy enflammait la Serie A il y a un an et demi. Une petite variante existe, là aussi, et elle permet d'exalter les qualités de Cassano. Après le "faux 10" italien, voici le "falso nueve" espagnol, solution popularisée par le Barca. A Parme, Donadoni a régulièrement essayé Fantantonio à ce poste, un point d'ancrage sur lequel s'appuyer pour chercher les une-deux, à la manière de Totti à la Roma. Un avant-centre loin du but et dont les déplacements vers l'arrière doivent être obligatoirement compensés par ceux des ailiers et des milieux. Une solution séduisante mais dont les interprètes sur les ailes sont assez inexpérimentés.
  • Système idéal pour utiliser les qualités de… Immobile 
  • Système qui accroît les chances de jouer de… Insigne
  • Système qui envoie sur le banc… Balotelli
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Bald beim BVB: Ciro Immobile

Crédit: Imago

Le 3-5-2 pour affronter l’Espagne

C'est depuis toujours une solution de secours. Et pourtant, elle permet d'aligner le trio de défenseurs juventini (Barzagli, Bonucci et Chiellini) qui se connait par cœur et forme la meilleure défense d'Italie depuis trois ans. Cette stratégie est surtout de sortie lors des matches contre l'Espagne afin de bloquer leur tiki taka, les latéraux peuvent se concentrer sur les joueurs de couloir hispaniques et leur jeu de handball s'écrase contre un double trio offensif qui en empêche l’horizontalité finale. La petite touche prandellienne est l'insertion de De Rossi au poste de libéro, capable de bétonner mais aussi de parfaitement ressortir le ballon afin de lancer la manœuvre offensive. Ce système de jeu manque cependant de latéraux qui le connaissent, seul Darmian y est habitué. Abate et De Sciglio n'ont jamais évolué dans cette configuration, pour ne pas parler de Chiellini qui est au mieux un arrière-gauche dans une défense à quatre.
  • Système idéal pour utiliser les qualités de… Chiellini
  • Système qui accroît les chances de jouer de… Bonucci
  • Système qui envoie sur le banc…Verratti
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Giorgio Chiellini, 2014

Crédit: AFP

Le 4-1-3-1-1 pour désorienter l’adversaire

 Et voici l’évolution ultime qui sort du laboratoire de la Nazionale. Partant du 4-3-1-2 fétiche, la superposition de ces chiffres fait frissonner les amants de tactique à l'italienne. Avec une base de défense à quatre chère à Prandelli, on trouve devant le duo de centraux une sentinelle qui redescend à leur hauteur en phase offensive, exactement ce que De Rossi a fait avec la Roma de Garcia. Cela permet au trio de relayeurs d'être parfaitement libre de construire les offensives tout en s’échangeant les positions. Le poste de faux 10 disparait quelque peu et c’est là que Verratti entre en jeu. Il s'installe dans ce schéma créant un double poste de playmaker. Problème, il risque de marcher sur les plates-bandes de Pirlo, qui aime tenir seul les rênes de l'équipe. Solution, pour les adversaires, il n’est plus suffisant de bloquer Pirlo afin d’enrayer la machine italienne car les sources de production de jeu sont doubles désormais.
La nouveauté est également le "1" qui figure devant ce trio. "Je pense à faire un jouer un milieu de terrain en plus" a déclaré Prandelli. Il s'agit de Candreva qui ne se contente plus de son aile droite mais qui, grâce à son endurance, couvre toute la largeur du terrain derrière l'attaquant de pointe. C’est une équipe qui offre encore plus de densité. Une équipe courte et compacte pour résister à l'adversaire le plus redoutable : le climat. Ne vous méprenez pas, il ne s'agit pas de jouer pour l'unique avant-centre qui sera Balotelli mais bien de jouer avec lui, afin de faciliter l'insertion de la batterie de milieux et dont les percées offensives doivent être fatales pour l'adversaire. Ce schéma fait également de Cassano un joker définitif à utiliser en cours de rencontre.
  • Système idéal pour utiliser les qualités de…De Rossi
  • Système qui accroît les chances de jouer de…Verratti
  • Système qui envoie sur le banc…Cassano
 Voilà donc toute une série de stratégies à disposition de l'Italie avec des joueurs capables d'interpréter chacune d'entre elles au cours d'un même match, le tout sans pour autant devoir effectuer des remplacements. Privé d'individualités capables de faire la différence à elles seules (l'Italie n'a pas un Neymar, un Messi ou un Cristiano Ronaldo), Prandelli prétend que chaque élément se mettra au service du collectif. Il faudra pour ça un état d’esprit irréprochable, ce dont la Nazionale a toujours fait preuve au cours de son histoire.
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Daniele De Rossi.

Crédit: Imago

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