Equipe de France : Lemar de retour à la case départ

Vingt petites minutes. C'est le temps de jeu accordé par Didier Deschamps à Thomas Lemar sur les deux premiers matches de préparation de l'équipe de France pour la Coupe du monde. Resté sur le banc contre l'Eire (2-0), le Monégasque pouvait éventuellement être attendu dans le onze de départ contre l'Italie (3-1). Il a finalement dû se contenter d'un bout de match. Le bilan est maigre pour un joueur qui avait démarré cinq des huit matches de l'équipe de France pour lesquels il était opérationnel sur l'ensemble de la saison. Il y a des raisons pour expliquer ce phénomène.

Lemar s'était imposé comme l'option numéro un au poste de milieu gauche dans le 4-4-2 de DD depuis septembre dernier. Après une prestation éclatante avec un doublé face aux Pays-Bas en septembre 2017 (4-0), le Monégasque semblait avoir gagné ses galons de titulaire dans le onze tricolore. Absent lors du rassemblement de novembre en raison d'une blessure à l'épaule, il a profité de sa seule titularisation en 2018 pour briller, avec un but à la clé, face à la Colombie en mars (2-3). Mais ce match semble avoir paradoxalement précipité sa perte d'influence dans le collectif tricolore.

Car la défense française n'avait pas donné satisfaction et Deschamps a opté pour un changement de système pour corriger le tir. Le 4-4-2 laissant trop d'espaces exploitables pour l'adversaire dans l'entrejeu, le sélectionneur est revenu à un 4-3-3 plus classique. Dans cette configuration, les Bleus ont retrouvé un peu plus de solidité défensive. Certains y ont gagné, à l'image de Corentin Tolisso. Mais le bonheur des uns faisant le malheur des autres, Lemar y a beaucoup perdu.

Sa place dans le onze se justifiait beaucoup plus dans le 4-4-2 avec ce rôle de milieu créatif côté gauche qui lui convient si bien. Il est de surcroît le seul à présenter ce profil dans la liste de Deschamps en l'absence de Dimitri Payet. Mais dans le 4-3-3, le Monégasque fait face à une concurrence terrible. Que ce soit pour un poste de relayeur côté gauche, avec la présence de Paul Pogba et de Blaise Matuidi. Ou pour une place en attaque, un secteur surpeuplé avec Antoine Griezmann, Kylian Mbappé, Olivier Giroud, Ousmane Dembélé ou Nabil Fekir. Dans cette configuration, Lemar est une option secondaire. Au mieux.

C'est un autre paramètre qui joue en défaveur du Guadeloupéen. Il n'a pas montré cette saison le visage flamboyant qu'il avait affiché lors de la précédente. Auteur de 14 buts et 17 passes décisives en 55 matches toutes compétitions confondues en 2016-17, Lemar n'a pas eu le même rendement en 2017-18 avec 3 buts et 10 passes décisives en 37 matches. Son dernier but en Ligue 1 remonte ainsi au 15 décembre 2017 lors d'une victoire face à Metz (3-1). Même si le joueur de 22 ans n'est pas forcément attendu dans la finition, cela traduit sa baisse de régime.

Elle s'explique. Déjà parce que Lemar n'était pas aussi bien entouré que la saison précédente avec les départs de Benjamin Mendy, Bernardo Silva, Tiémoué Bakayoko ou Kylian Mbappé. Aussi par cette blessure à l'épaule qui a cassé son rythme à l'automne dernier. Enfin par un repositionnement dans l'axe du milieu de terrain, en soutien de l'attaquant de pointe, au sein du 4-2-3-1 mis en place par Leonardo Jardim à l'ASM cette saison. Le Guadeloupéen a dû s'adapter à un nouveau poste et acquérir de nouveaux repères, et cela s'est ressenti sur ses performances.

Sur ses prestations de la saison avec Monaco, Lemar avait déjà des raisons pour craindre de perdre son statut de titulaire. Et si la capacité du Monégasque à rester performant dans le 4-4-2 des Bleus lui offrait encore la perspective de le conserver, la phase de préparation et la tendance vers un 4-3-3 ont rebattu les cartes au détriment du Guadeloupéen. Les signaux sont négatifs pour le Guadeloupéen à l'approche du dernier test avant le Mondial, samedi face aux Etats-Unis. Où Lemar aura peut-être l'occasion de rappeler qu'il était encore, il n'y a pas si longtemps, en maillon fort de l'équipe de France.