Luka Modric justement récompensé... à défaut d'avoir été sacré

Le trophée de meilleur joueur du Mondial, attribué par la FIFA, n’est pas des plus prestigieux. Luka Modric, finaliste perdant de la Coupe du monde ce dimanche, et successeur de Lionel Messi à ce "palmarès", ne s’est évidemment pas satisfait de cette distinction aux airs de lot de consolation. "J'apprécie d'avoir la reconnaissance et je remercie ceux qui m'ont choisi [les membres du groupe d’étude technique de la FIFA, NDLR]... mais clairement j'aurais préféré gagner la Coupe du monde", a déclaré le milieu de terrain du Real Madrid après la finale perdue 4-2 contre la France.

L’attribution de ce trophée individuel à Modric n'a rien d'insensé, même si Eden Hazard et Antoine Griezmann présentaient de sérieux arguments. Elle a au moins le mérite de mettre en avant un homme qui, en plus d'être le leader de sa sélection, joue un rôle majeur dans les succès des Merengue depuis plusieurs saisons mais qui pâtit de ses statistiques modestes, en termes de buts et de passes décisives. Le qualifier de joueur de l’ombre serait excessif, mais estimer qu’il mériterait de jouir d’un peu plus de lumière ne l’est pas.

Il y a quatre ans, Lionel Messi pouvait presque voir comme un affront le fait d’être déclaré meilleur joueur d’un Mondial qu’il avait échoué à remporter, en chef de file d'une équipe d'Argentine déjà étoilée. A l’aune de son palmarès individuel (cinq Ballons d’or à ce jour, quatre à l’époque), c’était risible. A l’aune de celui de Luka Modric, cela sonne comme une, certes modeste, mais juste récompense.

Avec Ivan Rakitic, Luka Modric a été le métronome de cette équipe croate, qui a réussi la meilleure performance de son histoire cet été en Russie. Il a ajouté une touche de dramaturgie à ses belles performances, en soufflant le chaud et le froid face au gardien, depuis le point de penalty, ratant notamment l’opportunité de propulser les siens en quart de finale lors de la prolongation face au Danemark, avant de prendre sa revanche sur Kasper Schmeichel lors de la séance de tirs au but.

Modric a été à son image durant la compétition. Peut-être pas clinquant, mais terriblement précieux. Fidèle à ce qu'il fait sur le terrain, face aux micros, il a été plus loquace à l'évocation du résultat historique de son pays, que de son fameux statut de "meilleur joueur" : "Maintenant, on va se reposer et célébrer dans les prochains jours parce que c'est quand même quelque chose d'énorme pour la Croatie, mais là tout de suite, le sentiment est doux-amer, s’est-il confié. On ne peut être que fiers de ce qu'on a fait, on n'a jamais abandonné et on a combattu jusqu'à la fin."

Le beau parcours croate, marqué par le contraste entre une phase de poule parfaitement maîtrisée (9 points sur 9) et trois qualifications acquises en 120 minutes et non 90, ne se limite pas au talent de Modric. Mais le capitaine des vice-champions du monde symbolise bien son équipe, subtil alliage d’aisance technique et de pugnacité. Au fil des décennies, le trophée de meilleur joueur de ce Mondial sera là pour le rappeler.