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Özil, Khedira, Müller : tollé contre les tauliers de l'Allemagne

Louis Pillot

Mis à jour 23/06/2018 à 19:53 GMT+2

COUPE DU MONDE - Battue contre le Mexique d’entrée dimanche (0-1), l’Allemagne a entamé son Mondial de bien mauvaise manière. Sami Khedira, Mesut Özil et Thomas Müller, habituels cadres de la Mannschaft, ont particulièrement failli. Les solutions pour les remplacer ne sont, pour autant, pas si évidentes.

Mesut Özil dépité pendant Allemagne-Mexique

Crédit: Getty Images

L’Allemagne n’était plus habituée à l’échec. Depuis la défaite inaugurale contre l’Algérie en 1982 (1-2), la Mannschaft n’avait plus perdu en ouverture d’une Coupe du monde. La série s’est achevée brutalement, dimanche face au Mexique (0-1). Méconnaissable, le champion du monde en titre a sombré, incapable de créer et fébrile comme rarement. Si la faillite a été collective, certains cadres ont été pointés du doigt dans la presse allemande. Sami Khedira, Mesut Özil et Thomas Müller, membres de la colonne vertébrale de l’équipe victorieuse en 2014, ont été particulièrement ciblés. Pour autant, la révolution devrait attendre, avant le match contre la Suède samedi (20h). En partie parce que les solutions pour remplacer ces trois joueurs ne sont pas toujours évidentes.

Khedira, en déséquilibre

  • Ce qui n’a pas fonctionné
Joachim Löw le déclarait "indispensable" il y a quelques semaines, et pour cause : Sami Khedira est depuis plusieurs années maintenant le garant de l’équilibre de l’équipe d’Allemagne, aux côtés de Toni Kroos. Pourtant, cet équilibre a volé en éclats dimanche. Le joueur de la Juve n’y est pas étranger. Anormalement lent, souvent en retard, il a exposé son équipe aux nombreux contres mexicains, et n’a remporté que 20% de ses duels. Peut-être trop attiré vers l’avant, comme la grande majorité de la Mannschaft, Khedira n’a pas assez compensé les montées incessantes de Kimmich sur le côté droit, et le travail offensif de Toni Kroos.
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Sami Khedira et Hector Moreno pendant Allemagne-Mexique

Crédit: Getty Images

En conséquence, le milieu de terrain a été indirectement visé par Mats Hummels après la rencontre. "Quand sept ou huit joueurs partent à l’attaque, il est bien évident que la force offensive devient plus forte que la stabilité défensive, a expliqué le défenseur du Bayern. Derrière, il n’y avait souvent que Jérôme Boateng et moi. On s’est fait contrer sans pitié. Si nous agissons encore de la sorte, alors je me fais du souci." Joachim Löw n’a pas non plus hésité à le sortir assez tôt, pour faire entrer Marco Reus à la 60e minute. Fait assez rare, pour un indispensable.
  • Quelles solutions ?
L’alternative la plus logique se nomme Sebastian Rudy. Le profil plus défensif du milieu du Bayern pourrait remettre de l’ordre dans le milieu allemand, et libérer Toni Kroos sans trop s’exposer. Joshua Kimmich pourrait également prétendre à un rôle au milieu, mais cela aurait nécessairement pour conséquence de se priver de ses qualités de latéral. La solution devrait être, de toute manière, avant tout tactique. Nul doute que Löw aura rappelé à l’ordre l’ensemble de son collectif, notamment Kimmich, sur l’importance des tâches défensives. L’Allemagne a pris conscience de ses faiblesses, et ne devrait pas se jeter naïvement à l’abordage comme dimanche. De fait, Khedira, vraisemblablement titulaire samedi, devrait logiquement être moins exposé.

Özil, éternel intermittent

  • Ce qui n’a pas fonctionné
Dimanche, tous les mauvais côtés de Mesut Özil sont apparus au grand jour. Artiste génial à ses (trop rares) heures, il a été contre le Mexique emprunté et imprécis. Jamais le meneur n’a pu trouver Timo Werner dans une bonne situation. Özil s’est contenté de multiplier les passes stériles aux abords de la surface. Sa négligence habituelle dans le pressing a également pénalisé son équipe. Et, lorsqu’il a tenté de défendre, comme sur le but mexicain où il est en position de dernier défenseur, il s’est fait éliminer trop facilement.
Il n’en fallait pas plus pour voir ressurgir les habituelles critiques sur son jeu, comme celles formulées par Lothar Matthäus, ancien joueur de la Mannschaft : "J'ai souvent l'impression qu'Özil ne se sent pas bien sur un terrain avec le maillot de l'équipe nationale, qu'il n'est pas libre, presque comme s'il n'avait pas envie de jouer. Je ne vois pas de coeur, pas de joie, pas de passion." Celles-ci sont encore plus virulentes après la polémique née des photos du milieu de terrain avec le président turc Erdogan. L’AfD, parti d’extrême droite, a ainsi appelé à l’exclusion d’Özil et Gündogan, également présent sur les clichés, de l’équipe allemande mercredi.
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Lozano s'apprête à marquer pour le Mexique contre l'Allemagne, devant Kroos et Özil

Crédit: Getty Images

  • Quelles solutions ?
Joachim Löw en a conscience : se priver de Mesut Özil, c’est se priver de potentiels coups de génie. C’est sans doute pour cela que le milieu d’Arsenal conserve la confiance de son sélectionneur, et devrait sauf surprise rester titulaire contre la Suède. Malgré tout, Löw a déjà testé des solutions alternatives. Julian Draxler, aligné à gauche contre le Mexique, a ainsi déjà évolué dans l’axe à plusieurs reprises avec l’Allemagne. Leon Goretzka, capable de jouer en meneur de jeu, patiente sur le banc. Ilkay Gündogan, généralement aligné plus bas, pourrait lui aussi prendre la relève.

Müller, exilé à droite

  • Ce qui n’a pas fonctionné
"Le Mexique nous a mis dans des situations où nos faiblesses sont apparues, expliquait mercredi Thomas Müller. Tous les joueurs ont leurs forces et faiblesses, et le but du jeu est de créer des situations où les joueurs peuvent faire valoir leurs qualités." Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attaquant du Bayern n’a pas vraiment pu les exprimer dimanche. Aligné sur le côté droit, Müller a été plus que discret. Si le jeu a globalement penché de son côté, du fait des velléités offensives de Kimmich, l’homme aux 10 buts en Coupe du monde est resté trop excentré pour faire des différences.
De manière générale, Thomas Müller a semblé moins à l’aise sur le côté qu’il y a quelques années. La tendance était déjà visible lors des matches du Bayern en Ligue des champions cette année, notamment au retour face au Real Madrid (2-2), où l’attaquant n’avait pas pesé sur le jeu. Elle s’est confirmée dimanche face au Mexique. Müller a joué une nouvelle fois trop loin du but, dans une zone qui ne met pas en valeur ses qualités premières de buteur, et expose ses difficultés en un contre un. La retraite de Philipp Lahm, avec qui il avait pu aiguiser sa complicité au Bayern, semble pénaliser plus que prévu l’atypique attaquant, en plus de déséquilibrer l’équipe toute entière. Difficile pour Müller, dans cette configuration, d'espérer rejoindre le panthéon des meilleurs buteurs au Mondial.
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Thomas Müller pendant Allemagne-Mexique (0-1)

Crédit: Getty Images

  • Quelles solutions ?
Si replacer Thomas Müller dans l’axe pourrait être une possibilité, elle semble peu envisageable, car elle impliquerait de modifier tout le dispositif allemand. Là encore, la solution peut être tactique : l’équipe d’Allemagne pourrait faire en sorte de laisser Müller rentrer dans l’axe, à condition d’en écarter Julian Draxler s’il est aligné à gauche. Cela paraît difficile, tant le Parisien aime évoluer au coeur du jeu. Finalement, l’alternative la plus séduisante vu de l’extérieur est celle menant à la titularisation de Marco Reus. Le joueur de Dortmund a été l’un des rares à jouer à son niveau, après son entrée dimanche. Comme Julian Brandt, habituellement ailier gauche, mais qui a joué à droite avec la Mannschaft.
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