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Coupe du monde Qatar 2022 - Que la "fête" commence

Maxime Dupuis

Mis à jour 20/11/2022 à 11:07 GMT+1

COUPE DU MONDE - La vingt-deuxième Coupe du monde de l'histoire s'ouvre dimanche à 17 heures. Par une affiche inédite, Qatar - Equateur. La compétition qui se lance pour un mois est d'ores et déjà la plus controversée de l'histoire. C'est dans cette atmosphère étrange que 32 nations vont tenter de conquérir le Graal. Et de succéder aux Bleus de Didier Deschamps.

Coupe du monde 2022 au Qatar

Crédit: Getty Images

Elle mesure toujours 40 centimètres, pèse encore un peu plus de 6 kilos. Et depuis, quatre ans, enfin quatre ans et quatre mois, elle est la propriété toute relative de la France. Elle, c’est la Coupe du monde. Compétition créée par Jules Rimet il y a bientôt un siècle. Et trophée relooké, magnifié même, par Silvio Gazzaniga au début des années 70 quand le Brésil de Pelé s’était octroyé la coupe ailée au terme d’une symphonie mexicaine à nulle autre pareille.
Ce 20 novembre 2022, jamais elle n’a pesé aussi lourd sur les épaules de ceux qui la convoitent. Parce que la Coupe du monde qui s'ouvre à l'occasion d'un inédit Qatar - Equateur est un concept éloigné de celui qui avait été pensé à l'origine. Et cela n’a rien à voir avec la saison et cet automne qui a fini par prendre ses quartiers dans l'hémisphère nord. Parce que la première Coupe du monde de l’histoire, uruguayenne, s’était déroulée au cœur de l’hiver austral. Parce que l'édition sud-africaine, plus proche de nous, avait également eu lieu sous des températures parfois fraîches.
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Des fans argentins devant un panneau de la Coupe du monde 2022

Crédit: Getty Images

Jamais le sport et la politique, voire la décence et la conscience n’ont été aussi mêlés à l’orée du plus grand événement sportif planétaire. Alors oui, d'autres rendez-vous ont, avant 2022, charrié dans le sillage un goût acre. Et très tôt. 1934 et l'Italie mussolinienne en furent le premier avatar. 1978 et l’Argentine de Videla avaient pris un lointain relais. Ces "exemples" pour rappeler que la bande à Blatter - qui offrit il y a douze ans les éditions 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar - et son digne successeur Infantino n’ont rien inventé et finalement n’ont fait que marcher dans les pas de leurs plus ou moins lointains prédécesseurs. A ceci près que le cynisme affiché autour de l'événement qui nous intéresse, à l’heure où peu de choses échappent à la lumière, est une première planétaire.
"Ne pas mélanger sport et politique", qu’ils répètent à tue-tête quand ça les arrange. Or, si elle n'est pas la seule à dissocier actes et parole, la FIFA ne fait que ça depuis toujours. Et cette Coupe du monde n’en est que le fruit. On ne rappellera pas ici la décennie écoulée, les scandales, les victimes d’une Coupe du monde organisée à tout prix, le désastre écologique et les sérieuses restrictions des droits humains dans le pays qui va accueillir la planète durant un petit mois.

Le péché originel

D'ailleurs, petite parenthèse : le péché originel de cette Coupe du monde n’est pas d’avoir souhaité s'ouvrir à de nouveaux territoires. C’était même un devoir car l’Amérique et l’Europe, s’ils restent des hôtes naturels, ne peuvent plus être exclusifs. Le souci est de l'avoir fait ici et surtout ainsi.
Si l'on se pare de cynisme, à notre tour et notre échelle, celle d'observateur avisé et de spectateur attentif, on se doute que l'avant va se diluer et les pensées vont rapidement se tourner vers le jeu et qu'il y aura, tout de même, du plaisir sur les terrains, même si l'on ressent une gêne particulière et pas qu'aux entournures. Il n'y a qu'à voir autour de nous, tous les jours : les flonflons qui accompagnent habituellement le Mondial ont été laissés au placard. Des sponsors aux diffuseurs qui ne manquent habituellement pas de rappeler qu'ils ont investi dans un produit qui leur est cher, au propre comme au figuré, font jusqu'ici profil bas.
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Gianni Infantino lors de sa conférence de presse pré-Mondial

Crédit: Getty Images

Et les joueurs dans tout ça ? On leur souhaite le meilleur. Parce que si on leur demande ces dernières semaines de changer le monde, alors qu'y participer à leur échelle serait déjà un grand pas en avant par un brassard et des petits gestes ici et là, les acteurs de cette XXIIe Coupe du monde de l'histoire n'ont rien demandé. Aujourd'hui comme hier, le poids du boycott ne peut reposer que sur leurs épaules, aussi larges soient-elles. Il aurait fallu prendre le problème à bras le corps un peu plus tôt et à d'autres hauteurs.

Un rêve, quand même

Eux sont là pour poursuivre un rêve : jouer une Coupe du monde pour la plupart, la gagner pour une poignée d'entre eux. La France, elle, s'imagine un destin aux atours impossibles : conserver le trophée acquis en Russie. Dans l'histoire de la Coupe du monde, ils ne sont que deux à avoir réussi ce tour de force quadriennal : l'Italie en 1938 et le Brésil en 1962. Plus près de nous, les champions du monde ont plutôt eu tendance à se casser les dents dès la première marche. Ce n'est qu'une statistique, mais c'est aussi et surtout un fait : quatre des cinq derniers rois planétaires sont tombés au premier tour.
L'autre statistique à retenir veut également que le trophée ne s'offre qu'à une poignée de privilégiés. Puisqu'ils ne sont que huit pays à avoir soulevé la Coupe du monde, depuis 1930. Et dans ces huit, il en existe au moins deux qui ont été sevrés depuis trop longtemps et peuvent légitimement s'imaginer sur le toit du monde à quelques encablures de Noël : le Brésil et l'Argentine, éminents membres d'un continent mis à la diète depuis deux décennies.
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Du Brésil au Portugal : voici nos favoris pour la Coupe du monde

Vingt ans sans gagner, c'est une éternité à l'échelle du quintuple lauréat auriverde. L'Argentine, elle, attend ça depuis bien plus longtemps (1986) et rêve de prendre une revanche sur 2014, pour Lionel Messi et… grâce à lui. La Puce devrait d'ailleurs disputer au Qatar sa dernière Coupe du monde. Tout comme son compère Cristiano Ronaldo qui vient, aussi, pour oublier son quotidien. Remplacer le quotidien par l'exceptionnel, c'est plutôt pas mal, tiens.
L'Allemagne, qui va bien finir par rebondir, l'Espagne, qui a opéré sa mue, l'Angleterre, tout près du trône européen en 2021, la Belgique, pour une dernière danse générationnelle, les Pays-Bas, pour une première, arrivent l'appétit aiguisé. On aurait aimé ajouter le Sénégal à cette liste. Mais les Lions de la Teranga se retrouvent quelque peu édentés par le forfait de Sadio Mané. Comme tous les quatre ans, il n'en restera qu'un. Et c'est bien la seule chose qui ne change pas, cette fois.
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