La Suisse tombe de haut

Pour le match d'ouverture de "son" Euro, la Suisse rêvait probablement d'une autre histoire. Celle d'une entrée en lice conclue par la première victoire de son histoire dans un Championnat d'Europe des Nations, celle les voyant déjà sur orbite pour rêver aux quarts de finale. Mais après la fête de la cérémonie d'ouverture, le Sankt Jakob Park a assisté au pire des scénarios en voyant son équipe nationale tomber devant le froid réalisme de la République tchèque malgré une domination visible, parfois outrageuse. Et pour combler le tout, la Suisse a perdu sur blessure son capitaine et attaquant vedette, Alexander Frei.

L'avant-centre du Borussia Dortmund quittait prématurément ses partenaires peu avant la mi-temps après un contact avec Grygera le laissant blessé au genou. Frei - en larmes - était contraint de céder sa place. Un coup dur pour la Suisse. D'autant que le capitaine symbolisait la bonne entame de son équipe en frôlant le cadre sur une frappe croisée (3e) avant de manquer deux duels face à Petr Cech (23e, 31e). L'enthousiasme de l'équipe locale plongeait la République tchèque dans ses incertitudes d'avant-compétition.

Privée de Rosicky et de Nedved, la sélection de Karel Brückner revoyait sa copie. Il choisissait de sacrifier Baros pour instaurer un 4-5-1, mené uniquement par le seul Koller en pointe. Certes, le joueur de l'AS Monaco pèse toujours autant sur les défenses en raison de son impact physique mais cela ne suffisait pas pour voir le finaliste de l'Euro 96 mettre Benaglio en grand danger. Et ce, malgré une fin de première période mieux maîtrisée grâce à un milieu dense permettant une récupération plus haute du ballon. Sauf qu'après la pause, l'histoire n'était pas la même pour les hommes de Brückner. Pourtant, ceux-ci ouvraient la marque sur leur seule occasion de la partie: sur une longue ouverture, Sverkos surprenait la défense et ajustait le portier suisse de l'extérieur du pied (0-1, 70e).

Un but victorieux, aux odeurs de hold-up. Un sentiment d'injustice pour la Suisse, paradoxalement revigorée après la sortie de Frei. Avec le renfort de Yakin dans l'entrejeu, les Helvètes bousculaient leurs adversaires de bout en bout de la seconde période. Une supériorité de tous les instants que ne concrétisaient pas les Helvètes, tenus en échec par Cech et une défense très souvent dominatrice dans les duels. Bien que celle-ci fut tout proche de la correctionnelle en fin de match lorsque, coup sur coup, Barnetta butait sur le gardien de Chelsea avant que Vonlanthen ne trouve la transversale (83e). Les illusions se sont déjà éloignées pour la Suisse. Mais pas encore éteintes.