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L'antisèche : L'Espagne a tout pour être de retour mais…

Laurent Vergne

Mis à jour 13/06/2016 à 18:46 GMT+2

EURO 2016 – Agréable à voir jouer, illuminée par Iniesta, l'Espagne a affiché les qualités qu'on lui connait contre une République tchèque très réductrice dans ses intentions. Après le naufrage du Mondial 2014, le double tenant du titre confirme qu'il faudra compter avec lui. Même s'il subsiste des questions que seul un adversaire d'un calibre supérieur pourra réellement mettre sur la table.

Gerard Piqué a libéré l'Espagne

Crédit: Panoramic

Le jeu : Les Tchèques étaient vraiment trop minimalistes

67% de possession de balle, 601 passes (dont 89% réussies) contre 160 à son adversaire, 17 tirs à 7... L'Espagne, bien campée dans son 4-3-3, a joué… à l'espagnole. Le match a ressemblé de très près à ce que l'on pouvait escompter. L'équipe de Del Bosque a totalement dominé les débats, face à des Tchèques qui avaient semble-t-il renoncé à briguer autre chose qu'un 0-0. A l'exception d'un petit flottement de 10 minutes autour de l'heure de jeu, la maîtrise a toujours été du côté de la Roja.
Cette dernière a en revanche péché par efficacité. Son jeu est aussi souvent apparu trop latéral, mais face à un adversaire si regroupé, l'affaire n'était pas simple. En situation défensive, soit 90% de leur match, les Tchèques ont évolué avec deux rideaux de quatre joueurs superposés dans leurs 30 derniers mètres, avec le seul Tomas Necid devant. Un jeu minimaliste, suffisant pour enquiquiner les espagnols et retarder l'échéance, mais pas pour éviter une défaite somme toute logique.

Les joueurs : Iniesta royal, Cech presque parfait

Gareth Bale, Luka Modric, Andres Iniesta… les grandes figures de la Liga sont bel et bien là dans ce début d'Euro. Le créateur catalan a été tout simplement formidable au Stadium de Toulouse. Son extraordinaire qualité de passes, que ce soit dans le jeu court ou dans la profondeur, a constamment éclairé le jeu espagnol. Il n'y a quasiment pas une situation dangereuse qui ne soit pas passée par ses pieds.
Peu sollicitée, la défense ibérique a pu peser à l'autre extrémité du terrain, à l'image du but de Piqué mais aussi des latéraux Jordi Alba et Juanfran, qui ont beaucoup apporté offensivement. A l'inverse, Cesc Fabregas n'est jamais apparu à l'aise au milieu et Morata a trop peu pesé. L'avant-centre de la Juve est il est vrai tombé sur une charnière centrale Sivok-Hubnik coriace dans les duels. L'arrière-garde tchèque dans son ensemble a d'ailleurs sorti un gros match et Petr Cech a été presque parfait.
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Petr Cech a longtemps contrarié les Espagnols

Crédit: Panoramic

Ce qui aurait pu tout changer : Si Fabregas n'avait pas sorti son sauvetage…

A la sortie de cette action, la plus chaude du match sur le but de De Gea, plusieurs coéquipiers de Cesc Fabregas sont venus sur lui pour le féliciter. Médiocre dans le jeu, le milieu de terrain de Chelsea a paradoxalement trouvé le moyen de se montrer décisif. A la 65e minute, sur une remise de Gebre Selassie, il y a eu le feu devant le but espagnol. Fabregas s'est alors jeté devant sa ligne pour écarter le danger de façon acrobatique. Il n'a quasiment rien fait d'autre du match, mais cette intervention-là valait cher. Elle a peut-être privé les Tchèques d'un potentiel hold-up parfait.

La stat : 66

Gerard Piqué doit savourer son but. D'abord parce qu'il vaut cher, mais aussi et surtout parce que c'est le premier du défenseur catalan avec la sélection espagnole depuis… 66 matches. Il n'avait plus marqué avec la Roja depuis le 14 octobre 2009 et un match contre la Bosnie en éliminatoires de la Coupe du monde 2010. Ses quatre premiers buts en sélection dataient d'ailleurs tous de cette année 2009.
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Andres Iniesta félicite Gerard Piqué, buteur de l'Espagne face à la République tchèque

Crédit: AFP

Le tweet qui montre que les Espagnols ont vraiment joué (très) haut

La décla : Andres Iniesta (milieu offensif de l’Espagne)

Ce n'est pas la première fois que nous vivons ce genre de matches. Il faut être patients jusqu'à ce que la balance penche de ton côté. Je suis convaincu que courir 90 minutes derrière le ballon génère chez l'adversaire une grande dépense d'énergie. C'est notre style, notre manière de jouer et au final le but est arrivé comme ça.

La question : A-t-ton définitivement retrouvé l'Espagne ?

Il y a deux ans, arrivée en reine d'Europe et du monde au Brésil, l'Espagne avait brutalement trébuché d'entrée face aux Pays-Bas, qui avaient cruellement exposé au grand jour ses carences. Cette élimination d'entrée avait mis un terme à son règne. Lundi, à Toulouse, on l'a retrouvée telle qu'en elle-même, avec son formidable jeu de passes et certaines inspirations qui n'appartiennent qu'à elles. La clairvoyance d'un Iniesta n'a que peu d'égal. Tant que son maitre à jouer évoluera à ce niveau, il faudra compter avec l'Espagne.
Au final, son succès apparait certes étriqué, mais ce 1-0, après tout, a été la marque de fabrique de l'équipe de Del Bosque lors de son sacre mondial. Alors... Mais il faudra sans doute attendre une autre opposition pour en avoir le cœur net. Pour savoir si cette courte victoire en dit davantage sur l'Espagne elle-même ou sur la nature de son adversaire du jour. Son milieu parait manquer de complémentarité et offensivement, si David Silva est indiscutable, Morata et Nolito n'ont pas apporté toutes les garanties.
Par séquences, il aurait aussi pu y avoir des coups à jouer en contre, mais la République tchèque n'avait pas les armes pour capitaliser dessus. D'autres auront sans doute ces armes. Les matches contre la Turquie, et plus encore celui face à la Croatie, pour ce qui pourrait constituer la véritable finale de ce groupe D, permettront probablement de mesurer ce que la Roja version 2016 a réellement dans le ventre.
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Segrio Ramos et Juanfran

Crédit: Panoramic

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