Les Espoirs en fumée

Les Bleuets ne sont pas épargnés par les déceptions. Depuis la génération victorieuse en 1988, l'équipe de France Espoirs enchaîne les désillusions. La dernière en date était une élimination lors des barrages au terme d'un match houleux face au Portugal (2003). Cette fois, c'est une équipe archi-favorite de sa demi-finale qui tombe de haut. Après les éliminations des ténors, Italiens et Portugais, les hommes de Girard avaient toutes les cartes en main pour aller en finale et remporter le titre.

Mais les Bleuets sont tombés dans le piège de Néerlandais joueurs, réalistes et parfois un peu truqueurs. Ils ont laissé passer leur chance dans les deux premières minutes sur des occasions de Faubert et Gourcuff. Derrière, les "Oranje" se sont montrés réalistes. A tel point que sur leur première initiative, ils prennent l'avantage. Hofs réussit un slalom de toute beauté dans la défense tricolore et conclut d'une frappe au ras du poteau de Mandanda (1-0, 6e).

La France est moins à l'aise que depuis le début du tournoi et les Néerlandais démontrent tout leur savoir faire ballon au pied. Sous une chaleur écrasante (30°) qui ralentit le rythme du début de partie, l'excellent Castelen est repris de justesse par Mavuba (28e) avant de tenter un lob trop enlevé (34e). Jan-Klass Huntelaar retrouve son efficacité des qualifications et trompe Mandanda d'une balle piquée magnifique (2-0, 38e). Le coup est dur.

René Girard décide de changer de tactique et fait entrer Gouffran et Diarra en lieu et place de Gourcuff et Sinama-Pongolle. Le coaching s'avère payant. Le début de seconde période est tout à l'avantage des Français qui reprennent espoir en réduisant la marque par Faubert d'une tête dans la lucarne (51e). Gouffran est proche d'égaliser mais Vermeer repousse son tir en pivot (69e). Les Pays-Bas procèdent par contre à l'image de Hofs qui manque le cadre (79e).

Le soulagement pour les Français arrive enfin quand Bergougnoux, tout juste entré en jeu, égalise d'un somptueux coup-franc enroulé qui finit dans la même lucarne que la tête de Faubert (2-2, 85e). Les Français, usés, arrachent la prolongation. Les deux équipes y entrent très tendues. Faubert est bêtement exclu après un second avertissement (103e). Les Néerlandais en profitent. Oublié par la défense française, Hofs vient tromper une nouvelle fois le portier des Espoirs (3-2, 107e) et anéantir les rêves de consécration d'une génération.

"Au vu de nos trois premiers matches on n'a pas très bien négocié cette demi-finale. On a manqué de jambes, de lucidité et pris trois buts. On a trois ou quatre occasions en première période mais ce sont eux qui marquent. A l'orgueil on arrive à revenir au score mais on y a laissé beaucoup de forces. C'est bizarre à analyser, je ne m'explique pas notre côté amorphe. Je dis peut-être ça à chaud, sous le coup de la déception, mais la différence ce n'est peut-être pas non plus les Pays-Bas qui l'ont faite: l'arbitre espagnol l'a faite."