Juan Fernando Quintero, l'artificier

Ce nom ne vous dit peut-être rien mais il commence à affoler toutes les grosses écuries italiennes. Le Milan AC, l’Inter, la Juve ou encore le PSG suivent avec insistance les progrès du milieu de poche colombien. Petit flashback : été 2012, Pescara fête son retour parmi l’élite et les tifosi appréhendent le départ de leurs trois stars Marco Verratti, Lorenzo Insigne et Ciro Immobile. Comment les remplacer ? Le président Sebastiani se triture les méninges et choisit finalement de tout miser sur un petit colombien de 19 ans pour remplacer Marco Verratti au milieu de terrain. Juan Fernando Quintero débarque dans les Abruzzes.

Au pays de Pablo Escobar, le football est une religion. Nombre de grands joueurs ont débarqué en Europe et permis de faire connaître le petit pays pour autre chose que la drogue ou la violence. On peut citer le fantasque Carlos Valderrama ou Faustino Asprilla qui a fait les beaux jours de Parme. Depuis plus rien, ou presque… Toutefois, la génération qui arrive risque d’en surprendre plus d’un. Mario Yepes s’est souvent senti seul à défendre les couleurs de son pays dans un continent où chaque match est un combat dans l’espoir de jouer une Coupe du Monde. Il regarde désormais d’un œil bienveillant une génération exceptionnelle. Le renouveau de la formation colombienne a mis du temps, mais depuis quelques années, les joueurs qui débarquent en Europe le font par la grande porte. On pourrait citer Juan Camilo Zuniga de Naples, Pablo Armero et Luis Muriel de l’Udinese, Cristian Zapata au Milan, Victor Ibarbo à Cagliari, Freddy Guarin à l’Inter, Cuadrado de la Fiorentina… Tous ces joueurs font les beaux jours de leurs clubs en Italie et on oublie les deux grandes stars actuelles du football cafetero: El Tigre Radamel Falcao et James Rodriguez. L’avant-centre Jackson Martinez du FC Porto continue de prouver que le Colombien s’exporte bien. Cette génération compte désormais un nouveau petit phénomène qui a su s’imposer en même pas une demi-saison : Juan Fernando Quintero.

Il débute dans le club d’Envigado à seulement 16 ans en deuxième division colombienne et devient très vite un des joueurs à suivre dans le panorama sud-américain. En progression constante durant une saison et demie, il est rattrapé par une vilaine blessure le 15 décembre 2010 : fracture tibia-péroné pour l’enfant né à Medellin le 18 Janvier 1993. Il brûle toutes les étapes de guérison et, cinq mois après, il retrouve les terrains dans le club qui a formé Freddy Guarin. L’Atletico Nacional flaire le bon coup et se le fait prêter en Janvier 2012. Le club, champion en titre de Colombie, lui fait rapidement confiance et ses 4 buts en 28 matchs toutes compétitions confondues démontrent aux dirigeants de l’Atletico qu’ils ont bien fait. Une bonne fin de saison attise les convoitises de l’Inter, Naples et Sienne. C’est pourtant le promu Pescara qui rafle la mise grâce à une opération-éclair menée par son président.

Le blitz effectué par Sebastiani permet ainsi au jeune Colombien d’effectuer le grand saut en à peine 6 mois. On a peur pour son adaptation, mais le milieu de terrain fait à nouveau preuve d’une maturité et d’un caractère à toute épreuve. Il débute dès la première journée face à l’Inter et démontre rapidement l’étendue de ses qualités. Avec Vladimir Weiss à ses côtés, les deux feux follets s’entendent à merveille et aident Pescara à tenir le choc des premières journées de Serie A. Il inscrit d’ailleurs son premier but face à Bologne le 23 Septembre sur coup-franc, l’une de ses grandes forces. Très à l’aise sur coups de pied arrêtés, Quintero se met rapidement le public dans sa poche. Les tifosi se rendent bien compte que les rênes du milieu de terrain – que Verratti a tenu durant quelques années – sont entre de bonnes mains. Pas fou, le président Sebastiani a mis un contrat de 5 ans sur la table. Utilisé en soutien des attaquants à Envigado, où sa technique et sa vision du jeu faisaient merveilles, l’Atletico Nacional l’a reculé d’un cran et placé juste devant la défense dans un rôle de regista à la Pirlo. Rapide, technique et juste dans le jeu, il apparaît comme le remplaçant idoine du joueur parti au PSG. Insaisissable grâce à son mètre 68, il s’impose en Italie et attire les louanges des spécialistes. Pescara continue ainsi sa politique de jeunesse dorée et de recrutement judicieux.

Dans le giron de l’équipe nationale emmenée par l’argentin José Pekerman, il effectue ses grands débuts lors de la victoire 3-0 face au Cameroun le 16 octobre 2012. Il a l’étoffe des plus grands, bénéficiant de l’effet de surprise pour le moment. On attend avec impatience de voir si son évolution va continuer sur le même rythme. Passé en 6 mois de la seconde division colombienne à la Serie A, il ne serait pas étonnant de voir un grand club poser ses griffes sur le dernier talent cafetero. En attendant, il se sent bien à Pescara. Il continue à évoluer tranquillement au bord de l’Adriatique et tout les tifosi espèrent que le maintien passera par les pieds magiques du milieu de terrain de poche à tout faire.