Victor Ruiz, l'erreur du Barça

Victor Ruiz Torre, c'est l'histoire d'un joueur dont la carrière démarre par un rêve brisé. A 12 ans, le gamin catalan ne souhaite qu'une chose : intégrer la Masia, le centre de formation du FC Barcelone, dont il porte les couleurs depuis quelques années déjà. Une étape avant l'objectif suprême, faire partie de l'équipe première, porte-drapeau de la Catalogne, et jouer devant les 100 000 spectateurs du Camp Nou. Du jour au lendemain, Victor Ruiz a vu tous ses rêves s'évanouir. "Cela faisait quatre ans que je jouais pour Barcelone, dans les catégories qui précèdent la préformation. Avec mes copains, on rêvait tous de jouer un jour avec les pros. Mais Barcelone accueille chaque année de nombreux nouveaux jeunes joueurs. Ils ont considéré que je n'avais pas le niveau, et j'ai dû trouver une porte de sortie à Cornella", raconte le joueur dix ans plus tard.

Une décennie plus tard, Victor Ruiz a largement prouvé qu'il s'était remis de cet échec. Son éclosion au plus haut niveau était pourtant loin d'être évidente au départ. Quand l'adolescent quitte Barcelone pour Cornella, modeste club à cheval entre la troisième division nationale et la première division régionale, rien n'indique qu'il deviendra footballeur professionnel. "Lorsque j'ai été renvoyé de Barcelone, cela a été comme un coup de massue, parce que j'étais petit et que j'avais des rêves plein la tête. C'était un club important, et je savais que tous les enfants comme moi ne pouvaient pas percer à Barcelone. Ce que je voulais, c'était jouer et m'amuser", se souvient-il. A Cornella, Victor Ruiz joue pour le plaisir. Et plutôt bien. A tel point que l'Espanyol lui offre une nouvelle chance de faire une carrière professionnelle. "Je suis arrivé à l'âge de 16 ans, et je ne peux que souligner à quel point j'ai été bien encadré. L'Espanyol m'a formé en tant que joueur, et en tant qu'homme", se réjouit-il aujourd'hui.

Après quatre ans passés à grandir au sein de l'équipe réserve, Victor Ruiz est lancé dans le grand bain de la Liga. Pas avec le Barça, comme il en rêvait, mais avec l'autre club de la cité catalane. Mauricio Pochettino, ancien défenseur central argentin passé par le PSG et entraîneur du club barcelonais, le titularise pour un match de l'Espanyol face au Racing Santander (0-4), le 6 décembre 2009. Victor Ruiz n'a même pas 20 ans, mais il ne sortira plus de l'équipe première. Aux côtés de Nico Pareja, ils forment un duo efficace en charnière centrale. L'Espagne découvre un gaucher élégant, pas un très grand gabarit (1,84 m) mais solide au marquage, bon relanceur et doté d'un sens indéniable de l'anticipation et du placement. Il s'affirme comme un titulaire indiscutable à l'Espanyol et sa réputation ne tarde pas à franchir les frontières de la péninsule. Au coeur de l'hiver 2011, l'ambitieux Napoli débourse 6 millions d'euros pour s'attacher ses services. Victor Ruiz n'y disputera que sept matches. L'été suivant, l'appel du retour au pays est trop fort.

Plusieurs clubs se renseignent au sujet de l'un des défenseurs les plus prometteurs d'Espagne. Dont le FC Barcelone, prêt à recruter un joueur qu'il avait mis à la porte de son centre de formation dix ans plus tôt. Mais Valence a le dernier mot et fait signer à Victor Ruiz un cantre de quatre ans dans la dernière ligne droite du mercato, pour un transfert estimé à 8 millions d'euros. "J'ai vraiment voulu venir dès que j'ai appris l'intérêt de Valence", a-t-il reconnu. Au sein de son nouveau club, on se félicite d'avoir mis la main sur un joueur au tel potentiel. "Il a le niveau européen. C'est un excellent technicien, très fort et intelligent dans le positionnement tactique. Un joueur très prometteur que nous somme fiers d'avoir recruté", affirmait le directeur sportif Braulio Vazquez à l'annonce du transfert. A Valence, qui comptait déjà Adil Rami et Ricardo Costa dans ses rangs, Victor Ruiz n'est pas arrivé avec le statut de titulaire indiscutable.

Mais il n'a pas tardé à l'acquérir. "Chacun passe par une période d'adaptation. J'ai eu de la chance que le coach m'aligne dès la première journée. Il m'a donné la confiance dont j'avais besoin", se réjouit-il. Après trois journées, Valence est un brillant leader de la Liga et le duo Victor Ruiz-Rami est déjà présenté comme l'une des charnières les plus compétitives du pays au moment d'affronter le champion sortant, Barcelone. Un club dont la profondeur d'effectif en défense n'est pas aussi net que dans les autres secteurs, et qui se mord peut-être les doigts en voyant le niveau atteint aujourd'hui par Victor Ruiz. Son avenir passera vraisemblablement par l'équipe d'Espagne. Sacré champion d'Europe Espoirs avec la Rojita cet été, il tape désormais à la porte de la sélection de Vicente del Bosque. Nombreux sont ceux qui estiment qu'il devrait déjà y être. Mais, à 22 ans, Victor Ruiz a le temps. Si sa carrière a commencé par un rêve brisée, son ascension est aujourd'hui loin d'être terminée.