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Le Cavaliere n’est plus : Silvio Berlusconi est mort à 86 ans

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 12/06/2023 à 13:47 GMT+2

CARNET NOIR – Le Cavaliere n’est plus. Ce lundi, Silvio Berlusconi s’est éteint à l’âge de 86 ans. Atteint d’une leucémie chronique et victime de problèmes respiratoires, l’ancien Premier ministre italien avait multiplié les allers-retours à l’hôpital ces dernières semaines. Propriétaire et président de l’AC Milan de 1986 à 2017, il a notamment remporté cinq Ligues des champions.

Silvio Berlusconi - Milan

Crédit: Imago

C’était un personnage. Des médias, du sport, de la politique, et bien d’autres choses. Un personnage peut-être clivant, sûrement, mais un personnage quand même. Ce lundi, Silvio Berlusconi est mort à l’âge de 86 ans des suites d’une leucémie chronique, diagnostiquée fin mars par ses médecins. La nouvelle a été annoncée par l'hôpital San Raffaele, il passait des tests ces derniers jours. Ses proches, restés à son chevet du début de sa chimiothérapie jusqu’à son dernier souffle, sont arrivés sur les coups de 10h sur place. De son frère Paolo à sa fille aînée Marina, de son plus jeune fils Luigi à Marta Fascina, sa compagne depuis quelques années.
Surnommé le Cavaliere ou l’Immortel, Berlusconi, l’homme aux mille vies et multiples casquettes, dont une ultime de sénateur, a marqué la vie des Italiens pendant plus d’un demi-siècle. Et surtout celles des supporters de l’AC Milan, dont il a été le propriétaire de 1986 à 2017, et plus récemment ceux de Monza, un club qu’il a envoyé de la troisième à la première division.
Entré en politique en 1994, Silvio Berlusconi, magnat des médias et ancien Premier ministre du gouvernement italien, ne s’est jamais réellement éloigné du football. Malgré de multiples scandales sexuels et affaires judiciaires qui ont souvent terni son image, il demeurait un personnage incontournable du Calcio. Avec Milan, le Cavaliere a tout gagné. Après avoir récupéré le club lombard, alors à la dérive et en faillite, au tribunal un jour de février 86, Berlusconi est parvenu à lui redonner ses lettres de noblesse, et bien plus encore. En plus de trente ans, il a réussi ce qu’il s’était promis : arriver sur le toit du monde.
8 scudetti, 5 Ligues des champions, une Coupe d'Italie, 7 Supercoupes d'Italie, 5 supercoupes d'Europe, 2 coupes intercontinentales ou encore un mondial des clubs : son palmarès a suivi son ambition. Sans oubliger certains matches légendaires, de Milan-Steaua Bucarest (4-0) en finale de C1 1989 dans un Camp Nou entièrement rouge et noir, en passant par la leçon au Barça de Johan Cruyff (4-0) à Athènes en 1994.

Des grands noms, toujours

Alors, certes, tout n’a pas toujours été rose, notamment la fin de son règne, critiqué et contesté par les tifosi. Avec ses entraîneurs aussi, lui qui a toujours souhaité leur donner des conseils au moment de la composition de l’équipe. "Tous les présidents rêvent de faire leur équipe, Berlusconi est le seul à l’assumer", aimait-on dire de l’autre côté des Alpes à propos de sa manière de toujours vouloir se mêler des discussions tactiques. Ses dogmes ? Jamais de défense à trois, un jeu offensif, toujours attaquer, être fair-play, et, surtout, jouer avec deux attaquants. Toujours. En bref, un 4-3-1-2 qu’il imposait à presque tous ses entraîneurs. Les légendaires Arrigo Sacchi, Fabio Capello ou Carlo Ancelotti en témoignent encore. Un proche nous raconte : "Berlusconi était tout simplement persuadé qu’il serait le meilleur des entraîneurs, mais après, il se souvenait qu’il n’avait pas assez de temps pour le faire."
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Silvio Berlusconi

Crédit: Imago

Durant son ère milanaise, il a attiré les plus grands noms du football mondial. Du légendaire Marco Van Basten, triple Ballon d’Or, à Ricardo Kakà, de Ruud Gullit à Andriy Shevchenko, d’Alessandro Nesta à Ronaldinho, le "plus fort" selon lui, de Clarence Seedorf à Paolo Maldini, de Frank Rijkaard à Zlatan Ibrahimovic, de Manuel Rui Costa à Filippo Inzaghi… Il ne fait aucun doute que les différentes périodes de "son" Milan ont marqué au moins trois générations.
"J’ai investi une grande partie de mon argent dans ce club, et ma famille savait me le faire remarquer. Mais quand Galliani (son fidèle bras droit, ndlr) me proposait un grand nom, je faisais semblant de prendre une nuit de réflexion pour lui dire oui le lendemain", plaisantait-il lors d’une conférence de presse en 2010. Les tifosi milanais n’oublieront jamais ses arrivées à Milanello, toujours en hélicoptère et accompagné de ses gardes du corps. Pour justifier les ultimes années difficiles, notamment après l’adieu des sénateurs du club, à l’été 2012, et les départs la même année de Thiago Silva et Zlatan Ibrahimovic au PSG, Berlusconi rappelait à ses supporters qu’ils avaient "mangé du caviar pendant plusieurs décennies", et qu’ils pouvaient bien se contenter maintenant "d'un peu de Mozzarella". Il passe officiellement la main le 13 avril 2017 à un consortium chinois.

Monza, son dernier pari réussi

Incapable de rester loin du ballon rond, tout comme de la politique, des affaires et des médias, le Cavaliere avait tenté un ultime pari en rachetant le club de Monza, une ville où se trouve sa fameuse villa d’Arcore. Son objectif ? "La Serie A", répondait-il en septembre 2018 en conférence de presse aux côtés, bien évidemment, d’Adriano Galliani. Le club lombard évoluait pourtant, à l’époque, en troisième division. Quatre ans plus tard, il rejoindra, pour la première fois de son histoire, l’élite du football italien.
"J’ai souvent été moqué, dans ma vie, pour avoir des ambitions trop hautes et irréalisables, les gens riaient. Mais j’ai toujours su aller au bout des choses. Personne ne pensait à l’époque qu’on pouvait concurrencer la Rai, j’ai lancé Mediaset. Personne ne pensait que Milan pouvait revenir, nous y sommes parvenus. Personne ne pensait qu’on pouvait chasser la gauche et les communistes du pouvoir, nous l’avons fait. C’est l’histoire de ma vie", se vantait-il dans l’une de ses nombreuses interviews à ses chaînes de Mediaset.
Des frasques, des polémiques, Berlusconi en a eu des tonnes. L’une des dernières en date remonte à décembre 2022, lorsqu’il promettait à ses joueurs un car de prostituées en cas de victoire face à la Juventus Turin. Parfois acquitté, souvent condamné, celui qui a étudié, dans sa jeunesse, à la Sorbonne, aimait répéter souvent son amour pour la France.
"J’y ai passé les plus beaux mois de ma jeunesse, je chantais dans un cabaret français. Mon père était même venu me voir chanter, j’étais devenu le numéro un à Paris", se souvenait-il dans un entretien accordé à l’émission "Povera Patria" sur la Rai. Numéro un, Berlusconi l’a été un peu partout. Avant de connaître de multiples chutes, parfois douloureuses. "Mon père est un lion", confiait aux journalistes son fils Pier Silvio à la sortie de l’hôpital début avril. Il a cessé de rugir ce lundi.
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