Lens - OL | À Lyon, trop de joueurs et beaucoup de risques

Mercredi, John Textor se présentait face à la presse pour tenter de rassurer son monde. On ne peut pas dire qu'il y soit parvenu : le propriétaire de l'OL a fini par se perdre dans ses propres chiffres en tentant de minimiser l'écart - important - entre les dépenses et les revenus du club rhodanien sur le mercato. "Nous visions 80 [de différence, NDLR], nous sommes à 95, a-t-il fini par conclure dans sa drôle d'explication comptable. Enfin c'est ce que j'ai écrit, mais je crois que c'est une erreur. Désolé." Malaise dans l'auditoire.

Si l'on voulait défendre l'homme d'affaires américain, on dirait qu'il y avait effectivement de quoi se perdre, au bout d'un été où tout ne s'est pas passé comme prévu pour la direction lyonnaise. Huit joueurs sont arrivés, cinq autres (Mama Baldé, Orel Mangala, Ernest Nuamah, Duje Caleta-Car et Saïd Benrahma) ont été définitivement achetés, même si les deux premiers cités sont déjà repartis, dans le sillage de onze autres éléments. Vous suivez ? Au total, environ 148 millions ont été dépensés sur cette fenêtre estivale, pour un peu moins de 39 millions récoltés.

Mi-août, Pierre Sage s'était plaint de tout ce remue-ménage, certain qu'il avait "du poids sur la manière de préparer les matches et sur les semaines d'entraînement." "C’est notre quotidien et il y a quelque chose au-dessus de nos têtes qui est pesant, qui crée peut-être un peu d’anxiété chez certains, un peu d’animosité chez d’autres, avait-il ajouté. On arrive au bout et je suis impatient que ces choses-là se terminent et qu’on sache vraiment avec quel groupe on va pouvoir travailler."

Un petit mois plus tard, il sait : le technicien rhodanien a à sa disposition un groupe pléthorique, pour ne pas dire trop fourni. Certains éléments (Anthony Lopes, Dejan Lovren, Paul Akouokou) dont l'OL voulait se débarrasser ne sont finalement pas partis, notamment en raison du salaire un peu trop confortable que le club leur a offert. Après moult rebondissements, Rayan Cherki est lui aussi toujours là. Tout comme Gift Orban, arrivé l'hiver dernier mais déjà devenu indésirable malgré son doublé face à Strasbourg, et dont le transfert à Trabzonspor a capoté ces dernières heures.

Voilà donc l'OL avec un groupe de 28 joueurs, c'est-à-dire au moins cinq ou six de trop. À titre de comparaison, seuls 22 éléments ont compté plus de 300 minutes de jeu (équivalent de cinq matches) la saison dernière à Manchester City, dont les exercices sont bien plus chargés.

Paris évolue avec un groupe de 25 joueurs - dont trois inexpérimentés. Forcément, le sujet s'est rapidement invité en conférence de presse, deux jours avant le déplacement périlleux prévu à Lens (20h45) ce dimanche. "100% de l'effectif est valide", a d'abord affirmé Sage après avoir été interrogé. "Ça fait donc beaucoup de monde...", lui a immédiatement rétorqué un journaliste.

Bien moins bougon qu'au cœur du mois d'août, l'entraîneur rhodanien avait réponse à tout lorsqu'il a été confronté aux questions sur les écueils qu'un effectif aussi fourni peut présenter. "On a un groupe conséquent, mais on va faire face à un rythme de match élevé", a-t-il d'abord souligné. L'OL va effectivement découvrir la Ligue Europa "new-look", en plus du championnat et de la Coupe de France.

Il n'empêche, disposer d'autant de joueurs augmente, forcément, le risque de tension en interne. "On ne va pas passer notre temps à expliquer et se justifier, a certifié Sage. On va passer notre temps à préparer les matches. Et si certains ont besoin d'attendre le match suivant pour postuler, ils patienteront un peu."

Le coach de 45 ans s'était révélé l'année dernière à la fois par le jeu et par sa connaissance du club. Cette nouvelle conjoncture devrait l'amener sur des terrains un peu plus complexes : trouver de la stabilité en impliquant au mieux ses joueurs, ce qu'il n'a pas franchement réussi à faire en ce début de saison. Face à Rennes, Monaco puis Strasbourg, Sage a changé de système à chaque fois, et revu partiellement ses lignes offensives et du milieu.

En attaque, où les egos sont toujours plus difficiles à manœuvrer, l'OL dispose par exemple de huit joueurs (Nuamah, Fofana, Benrahma, Cherki, Lacazette, Mikautadze, Zaha, Orban) pour quatre postes. "Ce n'est pas un casse-tête, a balayé le technicien. Aujourd'hui, on a un effectif qui est composé pour jouer avec des excentrés. Ça ne nous a pas empêchés de jouer avec deux attaquants lors du match précédent. C'est bien, ça crée de l'incertitude et des possibilités." Pour le moment, il semble encore y avoir plus d'incertitudes que de possibilités.