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Matthias Sindelar, ou quand Mozart défiait Hitler

Laurent Vergne

Mis à jour 29/11/2018 à 22:54 GMT+1

LES GRANDS RECITS - Né en Autriche-Hongrie, mort dans l'Allemagne hégémonique du IIIe Reich, Matthias Sindelar a connu une courte mais curieuse trajectoire. Enfant de temps troublés, il fut aussi et surtout un joueur extraordinaire. Le plus grand, sans doute, de la première moitié du XXe siècle. Le Mozart du football. Avant de disparaitre très jeune, dans des circonstances troubles.

Matthias Sindelar.

Crédit: Eurosport

C'est mardi, c'est Grands Récits. Notre série vous propose de vous plonger dans la folle histoire du sport, entre pages de légendes, souvenirs enfouis et histoires méconnues. Toujours à hauteur d'hommes. Après les héros improbables, les miraculés, les malédictions et les seconds rôles, place, jusqu'au mois de février, aux destins brisés du sport. Dans ce troisième volet, place à une légende du football en noir et blanc : Matthias Sindelar.

Sa tombe se situe peu après l'entrée du cimetière central de Vienne. Sur la droite, à l'emplacement 12B. Chaque 23 janvier, date anniversaire de sa mort, ils sont nombreux à venir se recueillir sur sa dernière demeure. Sur l'imposante et froide stèle de marbre noir, le portrait sculpté de bronze révèle un port altier. Fier comme Matthias Sindelar. A son pied, un ballon de métal, fidèle à l'apparence caractéristique du cuir de l'époque. En bas, deux dates : 1903 - 1939.
A quelques mètres de là, le prestigieux carré des musiciens. Le plus visité. Ludwig van Beethoven, Johann et Johannes, alias Strauss et Brahms. Franz Schubert, aussi. Tout un symbole, pour celui qui fut surnommé "le Mozart du football", même si Amadeus, mort au même âge que lui, repose au cimetière Sankt Marx. Mais à l'instar de ces monuments de la musique, Sindelar fait aujourd'hui encore la fierté de l'Autriche, même si sa mémoire s'est longtemps inscrite en pointillés.
La tombe de Matthias Sindelar au Cimetière central de Vienne.
Dans cette Vienne de l'entre-deux guerre, qu'il aura marquée comme peu d'autres personnalités, que reste-t-il de lui ? Une tombe, donc. Une rue, aussi, la sienne. Laaerberg, l'artère où il résidait, a été rebaptisée Sinderlarstrasse. La Rue Sindelar. Puis une plaque, commémorative, aussi, sur la devanture de l'immeuble où il est mort, dans des circonstances toujours incertaines, près de 70 ans après.
Il est parti quelques mois avant le déclenchement de la Seconde guerre mondiale, dont il aura d'une certaine manière été une victime collatérale par anticipation. Disparue à 35 ans, l'idole est devenue légende. Presque martyr. Son histoire a dépassé son talent de joueur, pourtant immense, celui-ci s'effaçant presque devant le destin d'un homme qui n'a voulu ni tendre le bras ni courber l'échine. "Ce que je sais de la morale, je le dois au football", dira Albert Camus en 1957, longtemps après la mort de Sindelar. Les mots épousent plutôt bien l'étoile autrichienne.

Der Papierene

Symbole d'une Vienne pétillante et cosmopolite, Matthias Sindelar sera aussi celui d'une génération sacrifiée par le joug nazi et l'Anschluss qui a englouti la toute jeune république d'Autriche, et auquel ni le joueur ni l'homme ne survivront.
Mais il fut donc d'abord un joueur de football, et pas n'importe lequel. Le plus grand de son temps. Attaquant hors normes, à la fois prolifique (il a inscrit plus de 600 buts dans sa carrière) et imprévisible ("il y avait du Garrincha avant l'heure dans son dribble", a dit un jour de lui le roi Pelé en personne), Sindelar est d'ailleurs souvent considéré comme le Pelé de l'avant-Guerre. Il aura été l'âme et les jambes d'une des plus formidables équipes du siècle, la Wunderteam autrichienne. Equipe maudite, comme lui.
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Matthias Sindelar (à terre après sa frappe) en 1932 face à l'Angleterre.

Crédit: Getty Images

Né en Bohème-Marovie, à Kozlov, en 1903, Matthias Sindelar grandit à Vienne, dans un Empire bientôt disloqué, comme une bonne partie de la carte de l'Europe à l'issue de la Première Guerre mondiale. Une guerre qui lui arrachera son père, Jan, tué au front en 1917. A 15 ans, il travaille, par nécessité, mais ses dons footballistiques sont repérés dès la fin du conflit planétaire. Il effectue ses gammes au Hertha Vienne avant de rejoindre le grand club de la capitale et celui des classes moyennes, l'Austria, en 1924. Il y restera une décennie et demie, pratiquement jusqu'à sa mort.
A cette époque, le jeune Sindelar a déjà gagné le premier surnom qui lui collera à la peau toute sa carrière : l'homme de papier (Der Papierene). Un sobriquet évoquant à la fois la légèreté de son jeu unique et sa fragilité physique. Dès 1923, il a dû subir une première opération sérieuse au genou. Ce ne sera pas la dernière. Sous le maillot de l'Austria, Sindelar devient "Sindi", le joueur que tout le monde aime. L'idole du stade, et la vedette des cafés viennois, où le peuple se réunit. Il y retrouve les siens, ceux du quartier pauvre de "Favoriten", où il a grandi. Mais Sindelar aura réussi le tour de force peu commun d'être à la fois l'idole du peuple et le chouchou de l'intelligentsia.
Il y a dix ans, à l'occasion de l'Euro coorganisé par l'Autriche avec la Suisse, le quotidien britannique The Daily Telegraph était parti sur ses traces. Il avait retrouvé un des derniers témoins de cette époque, Franz Schwarz. Alors âgé de 90 ans, il était le fils du président de l'Austria dans les années 20 et 30 et, enfant, avait connu Matthias Sindelar. "Dans sa façon d'être et de parler, il était un Viennois ordinaire et les gens l'aimaient pour ça, avait expliqué Schwarz. L'homme était très simple. Mais le joueur, lui, était spécial. Il possédait un talent rare, exceptionnel même."
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3 octobre 1932 : Les Autrichiens à l'entraînement à Highbury. Sindelar, à droite, aux côtés de Schall et Hiden, tenant le ballon.

Crédit: Getty Images

Les rendez-vous manqués

Très vite, l'Austria n'est pas le seul à bénéficier du joyau de Kozlov. En 1926, Sindelar entame sa carrière internationale. Elle durera plus d'une décennie, parsemée de 27 buts en 43 sélections. Le sélectionneur Hugo Meisl met peu à peu en place la plus formidable équipe que l'Autriche ait jamais connue. Une des plus formidables jamais alignée sur un terrain de football, toutes nations confondues. Paradoxalement, il n'en reste aucune trace sur les palmarès. Avec la Hongrie de Puskas dans les années 50, et les Pays-Bas de Cruyff deux décennies plus tard, la Wunderteam, comme elle sera bientôt baptisée, est la plus belle reine sans couronne de l'histoire du jeu.
Dans la carrière de joueur de Matthias Sindelar comme dans sa vie d'homme, son timing aura été malheureux. Sindi, ou l'homme qui n'est pas tombé au bon endroit au bon moment. S'il était né et avait joué en d'autres temps, et à un autre endroit, il aurait peut-être gagné des Coupes du monde. Et vécu au-delà de ses 35 printemps.
L'équipe d'Autriche émerge à la fin des années 20. Mais elle décline l'invitation en 1928 aux Jeux Olympiques, réservés aux joueurs amateurs. Premier rendez-vous manqué. Suivi d'un autre, deux ans plus tard. La toute première Coupe du monde est organisée en Uruguay. Mais à l'aube de la plus grave crise économique du XXe siècle, beaucoup de pays européens renâclent à effectuer le long et coûteux voyage. L'Autriche est de ceux-là. En 1934, elle sera bel et bien présente en Italie. Elle échouera en demi-finale, battue par la Squadra, dans des circonstances que les vaincus n'ont jamais digérées. Une défaite 1-0, sur un but entaché d'un hors-jeu. Une des nombreuses actions suspectes de cette rencontre.
Josef Bican, un des plus grands buteurs de tous les temps (plus de 800 buts, officiellement), était l'avant-centre de l'équipe d'Autriche. Ce jour-là, il est resté muet. Mais un demi-siècle plus tard, il en parlait encore, au micro de la BBC, dans un documentaire intitulé "Football et fascisme" :
Avant le match, Mussolini a eu un rendez-vous avec l'arbitre suédois et d'après notre coach, Hugo Meisl, il avait été corrompu par Mussolini. Il a même joué pour eux ! Alors que j'avais adressé un long ballon sur l'aile droite, un de nos joueurs, Cizek, a couru pour l'attraper, mais l'arbitre est intervenu de la tête pour le rendre aux Italiens. C'était terrible. Incroyable.

La Wunderteam

Les Autrichiens ne s'approcheront plus jamais aussi près du titre mondial. Quatre ans plus tard, engloutis par le Troisième Reich dans le cadre de l'Anschluss, ils n'existeront même plus.
L'heure de gloire de Sindelar et les siens était de toute façon passée. Leur âge d'or, ils l'ont connu au tout début des années 30. C'est là qu'est née la légende de la "Wunderteam". L'équipe-miracle. Entre 1931 et 1934, elle inscrit 101 buts en 31 matches et n'en perd qu'un seul.
L'histoire commence vraiment au mois de mai 1931. Le 16, l'Autriche écrase l'Ecosse 5-0. Huit jours plus tard, c'est au tour de l'Allemagne d'être humiliée, chez elle, à Berlin : 6-0. Les meilleures formations européennes passent à la moulinette : 8-1 face à la Suisse, 8-2 contre la Hongrie. L'Italie tombe aussi à Vienne (2-1). Puis l'Allemagne, lors de la revanche à Vienne, reboit la tasse (5-0).
La glorieuse série autrichienne s'achève en Angleterre, en décembre 1932. Battus 4-3 à Stamford Bridge au terme d'un match en forme de monument, les hommes de Meisl sont encensés par les médias anglais. "Il ne fait aucun doute que l'Autriche était la meilleure équipe sur le terrain", écrit le Daily Mail. Sindelar est porté aux nues. A 29 ans, l'homme de papier est devenu "Le Mozart du football". Il est alors considéré comme le meilleur joueur du monde.
Tactiquement, l'Autriche révolutionne le jeu. Elle impose l'ancêtre du football total, dont s'inspireront les Pays-Bas quarante ans après. Sur le terrain, personne ne contribue davantage à cette révolution que Matthias Sindelar, mi-meneur mi-buteur. Un rôle hybride, qui fait de lui le premier faux numéro neuf de l'histoire du jeu.
La légende de Sindelar porte aujourd'hui une forme d'aura mystique. Au-delà de son destin tragique, il appartient à une époque où le football se lisait et se racontait plus qu'il ne se voyait. Il subsiste très peu d'images de lui. Une poignée de secondes, guère plus. On ne peut revoir jouer Sindelar. On peut juste l'imaginer. Ce que l'on sait du joueur réside dans les livres. Mais tous les témoins ont insisté sur le côté hors normes et révolutionnaire du joueur.
Willy Meisl, célèbre journaliste sportif autrichien de la première moitié du XXe siècle, a couvert la partie la plus glorieuse de la carrière de Sindelar, avant de fuir l'Allemagne en 1934 (il était juif et travaillait alors à Berlin). Ses livres sur Sindelar et sur la Wunderteam font toujours office de référence. "Il reste le symbole de cette équipe, dit-t-il. Sa technique, sa virtuosité, sa grâce, son sens de l'esquive et du démarquage et sa compréhension du jeu, tout ceci compensait son physique frêle et le rendaient infernal pour les défenses adverses".
La trentaine venue, la renommée de Sinderlar est plus grande que jamais. Mais le vent mauvais se lève sur l'Europe. L'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir en Allemagne en 1933 marque le début d'un engrenage dramatique. En 1934, l'Autriche connait ses premiers soubresauts. Une guerre civile éclate, le Chancelier Dolfuss est assassiné. Le voisin allemand reste neutre dans ce coup d'Etat mais l'influence du nazisme sera croissante jusqu'en 1938, l'année de l'Anschluss.

3 avril 1938 : L'affront aux dignitaires nazis

Progressivement, l'étau se resserre. La purge débute au milieu des années 30 à Vienne. Les juifs sont écartés des postes à responsabilités. Y compris dans le monde du sport. Michl Schwarz, le président de l'Austria, est ainsi démis de ses fonctions. Les joueurs ont pour consigne, émanant de la nouvelle direction du club, de ne plus entrer en contact avec lui. Sindelar outrepasse l'interdiction. "Je vous parlerai toujours, quoi qu'il arrive, herr doktor", lui dit la star de l'Austria. Trop populaire pour être inquiété, Sindelar reste intouchable.
Une fois l'Autriche envahie par les nazis et l'Anschluss proclamé au printemps 1938, le pouvoir espère encore utiliser l'image de Matthias Sindelar. Il est approché pour intégrer le nouveau ministère des Sports. "Mais il méprisait profondément les nazis, expliquait Willy Meisl. Je ne sais pas s'il avait bien mesuré les implications de son attitude, mais il se sentait incompatible avec de régime. Le fait que certains de ses coéquipiers à l'Austria, comme le défenseur Karl Musch (dont la femme était juive) aient été contraints à l'exil après l'Anschluss n'a fait que renforcer son sentiment."
Le 3 avril, les nazis organisent ce qu'ils nomment le "derby de la réunification", entre les sélections allemande et autrichienne. Le dernier avant la fusion des deux effectifs au sein de l'équipe du Reich. La rencontre se tient au Prater, le grand stade de Vienne. Surtout, pas de vagues, a insisté le pouvoir. Les consignes sont claires : le match doit se terminer sur un "petit score de parité". Un 0-0 ferait parfaitement l'affaire. L'enjeu n'est pas sportif, il est politique. Seule l'image renvoyée compte.
La Wunderteam est vieillissante, à l'image de Sindelar, qui n'a plus l'éclat de sa jeunesse. Mais elle demeure largement supérieure à la Mannschaft. Pendant plus d'une heure, les Autrichiens jouent le jeu de la parodie. Ils se retiennent. Puis, à vingt minutes de la fin, Sindi décide que la mascarade a assez duré. Il ouvre le score et va célébrer son but devant la tribune officielle, où le Führer et les dignitaires nazis ont pris place. "C'était une journée ambivalente, juge Meisl. Presque sous le signe de la schizophrénie. Alors qu'une grande partie des Autrichiens était favorable et même euphorique devant l'Anschluss, des 'Osterreich, Osterreich' sont descendus des tribunes après son but". L'Autriche s'impose 2-1, contrevenant au scénario rédigé à l'avance.
Social démocrate - Beaucoup d'amis juifs
Voilà pour les faits. Le temps s'est ensuite chargé d'étoffer la légende. Matthias Sindelar est-il le farouche résistant anti-nazi que beaucoup ont érigé en symbole ? C'est difficile à dire et cela relève davantage de l'interprétation que de la pure vérité historique, que personne ne peut détenir, faute de témoignages et de sources sur ce point précis. Son courage, réel, a-t-il été amplifié a posteriori par un pays empreint de culpabilité pour en faire le symbole d'une résistance interne ? Peut-être. En réalité, son opposition se situait surtout sur le terrain sportif. Non, Sindelar n'aimait pas ce régime, mais en tant que footballeur, c'est d'abord la disparition de l'Autriche comme entité sportive qu'il ne supportait pas.
Voilà pourquoi il refusera de jouer sous le maillot réunifié, notamment lors de la Coupe du monde 1938. En soi, c'était déjà un acte de provocation suffisamment fort pour s'attirer les foudres des dirigeants nazis, donc une marque de courage. On n'adressait pas impunément un bras d'honneur au IIIe Reich, surtout après l'avoir humilié sportivement en contrevenant à ses ordres. Ce derby du 3 avril 1939, que les fédérations allemande et autrichienne ne reconnaissent plus aujourd'hui comme un match officiel (il a disparu des archives), serait donc son dernier au niveau international.
Sepp Herberger tentera de le faire revenir sur sa décision. En vain. "J'ai essayé plusieurs fois de le faire changer d'avis, expliquera plus tard le mythique sélectionneur allemand (en poste de 1936 à 1942, il dirigera ensuite la RFA de 1950 à 1964, remportant notamment la Coupe du monde 1954) mais j'ai compris qu'il avait beaucoup de raisons de décliner. Il était mal à l'aise et rejetait les conséquences politiques de ce qui venait de se passer."
Après avoir joué les trublions au Prater, Sindelar est placé sous surveillance par la Gestapo. Dans son dossier, il est noté qu'il ne semble pas avoir de sympathie pour le parti. Il y est classé comme "social-démocrate" avec "beaucoup d'amis juifs". L'était-il lui-même ? Là encore, le flou demeure et les historiens sont divisés. Peut-être avait-il des ascendances juives plus ou moins lointaines, mais il n'était pas considéré comme tel par le régime. Sans quoi, même sa grande popularité ne l'aurait protégé aussi longtemps. S'éloignant du football, il rachète à l'été 1938 un café aryanisé dans son quartier de Favoriten, ce qui confirme que, s'il était juif, les nazis ne le savaient pas.
Matthias Sindelar et Hans Mock, son coéquipier, dans les rues de Vienne, en 1938.

Suicide, assassinat ou accident ?

Dans ses derniers mois, Sindelar, se sentant traqué, vit de plus en plus reclus. C'est sa mort qui finira de l'ériger au rang de mythe. Le 23 janvier 1939, s'inquiétant de ne pas avoir de ses nouvelles, un ami se rend jusqu'à son appartement, dans le centre de Vienne. Il force la porte et trouve Matthias Sindelar, inanimé, avec à ses côtés sa petite amie du moment, Camilla Castagnola, Italienne, et juive.
Tous deux ont été intoxiqués au monoxyde de carbone. La thèse officielle évoque une mort accidentelle, due à une cheminée mal entretenue et défectueuse. Deux autres thèses circulent : celle d'un suicide commun des deux amoureux, et celle de l'assassinat par les nazis. Quatre-vingts ans moins quelques semaines après sa disparition, impossible d'avoir des certitudes à ce sujet.
Il est tentant d'opter pour la dernière hypothèse, qui ancrerait encore davantage Sindelar dans son rôle de martyr du nazisme. Mais il n'a pas besoin de cela. Si les circonstances restent troubles, le plus tragique reste cette mort à moins de 36 ans. Malgré le climat tendu, 20000 Viennois viennent assister à ses funérailles. Ils enterrent une idole, mais aussi leur propre jeunesse et la perte d'un passé qu'ils sentent révolu.
L'Autriche entretiendra ensuite un rapport contrasté avec la mémoire de Matthias Sindelar. Par un drôle de paradoxe, il a été presque autant oublié qu'adulé. Consacré "sportif autrichien du XXe siècle" en 1999, il n'a pourtant pas de stade majeur à son nom dans le pays. Le Prater a été rebaptisé "Ernst-Happel Stadion", à la mort de l'ancien sélectionneur. Pas "Matthias-Sindelar Stadion". Là où George Best a donné son nom à l'aéroport de Belfast, il n'y a rien, en dehors de sa rue, qui rappelle l'existence de cette gloire passée. Ni monument ni statue.
En Autriche, une vieille blague dit que le plus grand tour de force du pays est d'avoir fait croire au reste du monde que Beethoven était autrichien et Hitler allemand. Matthias Sindelar, lui, était bien un des leurs. Et il n'y a aucune raison de ne pas en être fier.
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Mathias Sindelar

Crédit: Getty Images

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