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Vallecano - Barça : Martino : Esthète d'abord, pragmatique s'il le faut

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 21/09/2013 à 17:27 GMT+2

Le quatrième volet de notre enquête sur l'entraîneur du Barça nous révèle un coach amoureux du beau jeu, mais que l'amour ne rend pas aveugle.

Gerardo Tata Martino Barcelona

Crédit: Reuters

Gerardo Martino est un idéaliste pragmatique. Un homme de principes capable de négocier avec ses convictions. Pour le bien ses équipes. A l'inverse d'un Marcelo Bielsa, à qui il a souvent été comparé, passé commun avec Newell's Old Boys oblige, Martino ne débarque pas chez ses employeurs avec des solutions clés en main. Il s'adapte, s'ajuste, au point d'avoir recouru à des schémas tactiques fort divers, et d'avoir professé des styles de jeu tout aussi variés lors de ses près de dix années passées au Paraguay.
Pour sa première saison au Club Libertad, Martino va ainsi miser sur un audacieux 3-5-2. "Libertad était le club le plus riche du pays, décrypte le journaliste Gabriel Cazenave, et Martino disposait d'un effectif pour jouer le football qu'il aime, offensif, et déroulé au sol." Une fois passé au Cerro Porteño, club plus populaire que Libertad mais moins fortuné, El Tata remisera sa ligne de trois au placard, pour un plus prudent 4-3-1-2, avec Julio dos Santos (lire Martino le formateur) en numéro dix. "On pouvait passer en 4-4-2, avec des milieux excentrés, précise dos Santos, mais notre jeu était toujours tourné vers l'avant, très dynamique comme avec Libertad". Enfin, une fois à la tête de la sélection paraguayenne, Martino entamera son mandat avec l'ambition de révolutionner le jeu des guaranis. Il finira par se résigner à n'effectuer que de simples retouches.
Un entraîneur "Barçacompatible"
Malgré la diversité des schémas employés par Martino - avec Newell's, la saison dernière, il s'est reposé en priorité sur un 4-3-3 - il existe bien un tronc commun dans le travail de Martino. Un pressing exercé à haute intensité, ainsi qu'une ambition de soigner dans la mesure du possible la circulation de balle. Un crédo en accord avec le football tel qu'il s'enseigne et se pratique à Barcelone. "Notre Paraguay n'était peut-être pas offensif, reconnaît Edgar Benitez, mais avec Martino on a tout de même arrêté de se contenter de balancer des ballons comme auparavant, l'équipe était bien plus mobile que ses devancières, et plus agressive." Benitez, qui a également connu Martino au Club Libertad, se rappelle de séances où était travaillé en priorité "le jeu en espaces réduits, en deux, trois touches." Autrement dit, le toque, ce modèle de circulation de balle qui a fait la gloire du Barcelone du siècle présent.
"Physiquement, on travaillait aussi dur, complète Dos Santos, car pour Martino, une équipe ne pouvait être intense en compétition que si elle travaillait intensément, et tactiquement il exige une grande discipline." La capacité des équipes de Martino à réduire les espaces via un pressing intense et parfaitement ciblé, trouvera une résonance mondiale quand le Paraguay torturera l'Espagne, en quart de finale de la Coupe du monde 2010. Avec un milieu occupé par quatre joueurs davantage récupérateurs que créateurs, et deux pointes généreuses au pressing (Cardozo, Valdez), les Guaranis parviendront à étouffer les futurs champions du monde. "Contre l'Espagne, on a parfaitement appliqué ce que Martino nous avait appris" estime Benitez.

Caméléon jusqu'à professer le catenaccio ?
Etre sélectionneur offre le privilège de compter sur les meilleurs du pays, mais condamne aussi à devoir s'accommoder des carences nationales. Grand amateur d'un jeu animé dans les couloirs, Martino ne pouvait ainsi compter sur des latéraux dits modernes, type Dani Alvès ou Jordi Alba, du temps de son mandat à la tête de l'Albirroja. Au Paraguay, les défenseurs se contentent d'assurer leurs arrières et ne pèsent offensivement que sur coups de pied arrêtés, autre spécialité locale. Plus généralement, les Paraguayens se montrent peu à l'aise quand il s'agit de garder le ballon dans les pieds. "Lors de ses premières semaines à la tête de la sélection, Martino a tenté de nous faire pratiquer un jeu en toque, se souvient Villar, mais après deux, trois, matches amicaux, il a constaté qu'on ne disposait pas des aptitudes pour cela."
Le mandat de Martino s'achèvera sur une finale de Copa America en 2011. Un exploit qui sera accompagné d'une polémique sur "l'anti-jeu" pratiqué par les Paraguayens. Entraîneur caméléon, Martino pousserait-il sa capacité d'adaptation jusqu'à prôner un bon vieux catenaccio ? Là encore, le coach argentin s'est adapté aux forces en présence. "L'idée de départ était d'exercer une grosse pression, assure Justo Villar, mais certains de nos meilleurs joueurs n'étaient pas en forme, et cela nous a poussé à nous montrer plus attentiste." En phase de poule, les guaranis se montrent anormalement poreux (cinq buts encaissés). Le Paraguay va ensuite fermer la boutique, et accéder la finale sans avoir encaissé (ni inscrit) le moindre but. "Il n'y avait pas le temps pour expérimenter, considère Villar , on est alors revenu aux bases du football paraguayen" . Satisfait par le résultat, Martino l'esthète ne pouvait toutefois l'être par la manière. Car, comme le souligne Edgar Benitez "c'est un entraîneur qui aime que ses équipes aient la maîtrise du ballon, pour lui, le Barça est le club parfait."
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