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Le Real et le Barça de nouveau seuls au monde : la Liga a-t-elle régressé ?

Loris Belin

Mis à jour 09/02/2020 à 15:08 GMT+1

LIGA - Avant la 23e journée, le championnat d'Espagne semble avoir retrouvé sa ritournelle Real - Barça, Barça - Real dans la course au titre. Un retour qui doit pour beaucoup à l'affaiblissement de l'Atlético Madrid, vrai adversaire pour le duo depuis une décennie. Et aussi à une Liga moins forte qu'avant ? C'est loin d'être si évident dans les chiffres et sur le pré.

La course entre Karim Benzema (Real Madrid) et Clément Lenglet (FC Barcelone)

Crédit: Getty Images

On en avait presque perdu l'habitude. Dans l'inconscient collectif, en particulier si vous ne suivez le football espagnol que depuis les années 2010, la Liga se résume souvent à un duel à distance Real Madrid - FC Barcelone au-dessus de la masse d'outre-Pyrénées. Cette saison, et en particulier après la victoire de la Casa Blanca sur son voisin, l'Atlético Madrid, le week-end passé, le championnat semble déjà n'être réduit qu'à un mano a mano entre les Merengue et les Blaugrana. Après 22 journées, Madrilènes et Barcelonais sont prêts à se livrer leur guerre à deux puisque pour le reste, le suspense est déjà bien réduit, pour ne pas dire quasi envolé.
A ce stade de la saison, le Real de Zidane pointe en tête avec 49 points, trois unités de mieux que le Barça. Et surtout dix de mieux que Getafe et le FC Séville. Les Madrilènes de Zinedine Zidane ont connu un vrai retard à l'allumage avec un seul succès lors des quatre premières journées et un revers cinglant 3-0 à Paris en Ligue des champions, au point de poser de nouveaux doutes sur l'entraîneur tricolore. Entre les blessures récurrentes et un changement d'entraîneur en cours de saison rarissime en Catalogne, le FC Barcelone se maintient de son côté, bon an, mal an. Malgré cela, on ne se presse pas à l'arrière pour venir bousculer l'ordre établi. La faute en grande partie à la chute d'un Atlético Madrid orphelin.

Enfin débarrassés

Si le Real reste en reconstruction post-CR7, que dire de la formation de Simeone depuis le départ d'Antoine Griezmann au Barça il y a quelques mois ? Les Colchoneros s'étaient installés pendant près d'une décennie comme l'autre patron, celui toujours dans les pattes des deux historiques pour venir tutoyer le titre de Liga. Mais une attaque en berne (un but par match en moyenne) et l'incapacité de renouveler immédiatement une génération vieillissante, voire déjà partie, a rétrogradé l'Atlético dans le peloton, et plus dans les échappés. Pour le plus grand bonheur du Real et du Barça, donc. Dans le même temps, ni le FC Séville, ni Valence ne sont en mesure de se mêler à la lutte.
Le Real et le Barça ont ainsi rarement évolué seuls dans les hauteurs du classement ces dernières années. Il faut remonter à la saison 2011-2012 pour trouver la trace d'un exercice durant lequel les deux cadors voguaient seuls dans les hautes sphères de la Liga (Valence pointait alors à 11 points de Barcelone et à 18 du Real). Ils évoluaient alors sur une autre planète, portés par le match dans le match Messi - Ronaldo et l'orgie de buts qui s'en suivait cette saison (96 à eux deux en championnat…).

Le troisième larron

2012-20131er : FC Barcelone, 59 points2e : Atlético Madrid, 50pts3e : Real Madrid, 43pts
2013-20141er : Atlético Madrid, 57pts2e : FC Barcelone, 54pts3e : Real Madrid, 54pts
2014-20151er : Real Madrid, 54pts2e : FC Barcelone, 53pts3e : Atlético Madrid, 50pts
2015-20161er : FC Barcelone, 54pts2e : Atlético Madrid, 48pts3e : Real Madrid, 47pts
2016-20171er : Real Madrid, 52pts2e : FC Barcelone, 48pts3e : FC Séville, 46pts
2017-20181er : FC Barcelone, 58pts2e : Atlético Madrid, 49pts3e : Real Madrid, 42pts
2018-20191er : FC Barcelone, 50pts2e : Atlético Madrid, 44pts3e : Real Madrid, 42pts
2019-20201er : Real Madrid, 49pts2e : FC Barcelone, 46pts3e : FC Getafe, 39pts
Sans équipe à même de rivaliser avec les meilleurs, la Liga a-t-elle le droit aux mêmes quolibets que la Ligue 1 et son soliste parisien ? Le championnat d'Espagne a-t-il perdu de sa superbe avec la chute des Matelassiers ? Plusieurs éléments tendent à penser le contraire.
Le Real ne "caracole" pas en tête par le fruit du hasard. Dans une ligue réputée pour son tempérament offensif, le club aux 13 Coupes d'Europe réussit le tour de force de s'imposer comme la défense la plus imperméable du Vieux Continent dans les cinq grands championnats. Liverpool, le PSG et… Reims s'approchent, mais personne ne fait mieux que les 13 buts encaissés par les Merengue à ce stade de la saison (pour une seule défaite). Le Real est moins flamboyant offensivement, c'est indéniable. Le départ de Cristiano Ronaldo à l'été 2018 a nécessairement fait perdre de sa force de frappe à la formation madrilène, ce qui peut expliquer cette sensation de recul. Mais elle a perdu en spectacle ce qu'elle a gagné en solidité et en imperméabilité. En 2019, elle cumulait déjà six revers et 26 buts encaissés. En 2018, c'était à peine mieux : quatre défaites, 22 buts encaissés. Le Real a trouvé une nouvelle manière de dominer.
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Raphaël Varane et Sergio Ramos (Real Madrid)

Crédit: Getty Images

Les manitas se font peut-être moins fréquentes depuis le début de l'exercice mais le Barça ne comptait pour sa part que quatre points de plus à la 22e journée en 2018-2019, deux seulement en 2016-2017. Et l'adversité était alors plus grande au sommet de la division. La Liga semble surtout s'être densifiée autour des places européennes, plus qu'elle ne s'est nivelée vers le bas. C'est une 2x2 voies avec d'un côté, le Real et le Barça avec le régulateur de vitesse; dans l'autre sens, des routes engorgées par une course à l'Europe particulièrement dense.
Cinq points seulement séparent le troisième (Getafe) et le huitième (Real Sociedad), premier exclu des places qualificatives pour l'Europe. L'écart était de douze points la saison passée. Il était même de vingt-trois points en 2014-2015, un gouffre. Ces prétendants aux tickets européens n'ont pas levé le pied pour se rapprocher les uns des autres, et sont sur les mêmes standards comptables que leurs prédécesseurs ces dernières années. L'absence de troisième place forte clairement identifiée fait figure de miroir déformant sur le réel niveau du championnat, ce malgré le duo du Clasico sereinement devant.
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