Avant de quitter de l'OM, Mathieu Valbuena méritait bien des égards, mais sans doute pas autant

"Des souvenirs personnels et collectifs" à la pelle. Un hommage présidentiel de circonstance. Et pour marquer le coup, des larmes. Mardi, la conférence de presse de Mathieu Valbuena avait tout d’une cérémonie d’adieux.

En guise d'hommage : l’OM a eu ce geste symbolique, importé des sports US, devenu depuis peu monnaie courante dans le football. Aujourd’hui, dès qu’un monument du club tire sa révérence, son numéro lui est éternellement associé. A Marseille, Valbuena portait le 28. Désormais, plus jamais un joueur de l’OM n’aura le privilège de l’afficher dans son dos. Excessif ? C’est en tout cas moins ridicule que de retirer le 21 de Souleymane Diawara. Mais ça paraît disproportionné quand on se replonge dans les bouquins d’histoire.

Bien avant que l’OM sacralise le 28 de Valbuena, le 6 de Franco Baresi et le 3 de Paolo Maldini avaient été immortalisés. Franchement, ça avait une autre gueule. Baresi-Maldini, c’était l’incarnation du grand Milan. Celui qui régnait sur l’Europe et sur l’Italie dans les années 90.

Dans le registre clinquant, le Napoli en avait fait de même avec son plus célèbre numéro 10. Celui qui l’avait régalé durant sept saisons, au point de le conduire au Scudetto en 1987 et 1990 : Diego Maradona.

A l’Ajax Amsterdam, Johan Cruyff avait eu droit au même honneur…

… Comme Gianfranco Zola à Chelsea.

Valbuena célébré comme Maldini, Baresi, Maradona et Zola ? On a les idoles qu'on peut. Les mauvaises langues diront que d’autres légendes de l’OM méritaient, elles aussi, de voir leur numéro fétiche retiré à jamais.

Mardi, face à la presse, il y avait une autre urgence vestimentaire… 

On est moqueurs. En réalité, l’initiative des dirigeants phocéens pourrait donner quelques idées. Par exemple à leurs homologues girondins.

Plus sérieusement, l’OM avait de bonnes raisons de ranger définitivement le numéro 28 au placard. De 2006 à 2014, l’ancien joueur de Libourne Saint-Seurin aura tout de même marqué son époque.

Du haut de ses 331 matches, Valbuena s’est effectivement fait une place de choix dans l’histoire du club olympien.

Il figure même parmi les cinq joueurs marseillais les plus capés.

Alors, bien sûr, on pourra toujours déplorer son rendement offensif : Valbuena n’a jamais été un renard des surfaces, c’est une évidence. Mais il arrive loin dans la hiérarchie des buteurs par l’OM.

Dans ce classement, Valbuena n’arrive qu’en 30e position. Juste devant Djibril Cissé (37 buts). Et, pour comparer des joueurs au registre comparable, devant Philippe Vercruysse (36 buts).

Avec l’OM, le meneur de jeu international fait aussi mieux que Didier Drogba. A une nuance près, mais elle est de taille : l’Ivoirien n’a eu besoin que d’une saison, une seule, pour claquer 32 buts et se mettre tout le Vélodrome dans la poche. Valbuena, lui, a dû attendre huit ans pour que l’OM s’agenouille devant lui.

En matière de popularité, la longévité et la fidélité ne font pas tout. Jean-Pierre Papin, Josip Skoblar, Chris Waddle et tant d'autres légendes ont écrit l'Histoire de l'OM. Ils y ont laissé une empreinte autrement plus grande. Mais eux n'avaient pas un 28 dans le dos. Ils portaient le 9, le 10 et le 8. Des numéros qu'il est rarissime de "retirer à jamais". Sauf dans les grands, très grands clubs d'Europe.