Jean-Louis Gasset se cherche une place à l'ombre, il a tout pour prendre la lumière à Saint-Etienne

Gasset aime vivre à l'ombre. Le voici mis en lumière malgré lui. Deux mois après sa nomination à la tête des Verts, l'AS Saint-Etienne affronte son ennemi lyonnais avec bien plus de certitudes qu'avant son arrivée. Le club du Forez va mieux, dans le jeu comme dans ses résultats, et le technicien montpelliérain y a une gigantesque part de responsabilités. En cas de victoire au Groupama Stadium, il gonflera encore son crédit, et légitimera un peu plus un statut d'entraîneur n°1 dont il veut vite se débarrasser.

Pourtant, son début d'aventure à Sainté a tout pour lui donner envie de s'y pérenniser. Adjoint de Julien Sablé avant de prendre les rênes de l'équipe première, 16ème de Ligue 1 au cœur du mois de décembre, Gasset a insufflé un nouvel élan. Ses hommes viennent d'enchaîner quatre rencontres sans défaite, cédant seulement des points au rouleau compresseur marseillais. Mieux, ils ont aussi retrouvé un style. Face à Guingamp, avant les fêtes, les Verts n’avaient réussi que 85 passes, le deuxième pire total sur les dix dernières saisons du championnat. L'entraîneur de 64 ans avait été intronisé quelques heures avant cette rencontre. Depuis ? L'ASSE a repris le contrôle.

En sept rencontres, elle a systématiquement eu la possession du ballon, sauf à Nice, l'une des équipes les plus performantes dans ce domaine. L'apport d'un joueur comme Yann M'Vila, qui n'aurait probablement jamais accepté le projet stéphanois si Gasset ne l'en avait pas convaincu, y est pour beaucoup. Et la confiance, ciment du nouvel entraîneur, a déjà imprégné tout le groupe. "Il attache beaucoup d'importance à la joie de vivre, disait le capitaine Loïc Perrin avant d'affronter l'OM. On doit être content d'aller s'entraîner et il veille à ce qu'on ait le sourire". Saint-Etienne aux portes du Top 10 et sur la pente ascendante, Gasset a déjà rempli sa mission, comme il l'avait fait avec Montpellier. Successeur de Frédéric Hantz en deuxième partie de saison dernière, il avait sauvé le MHSC de la relégation.

Dans l'Hérault, déjà, il rappelait constamment qu'il n'était là "que pour donner un coup de main" et n'avait même pas envisagé prolonger l'aventure. A Saint-Etienne, il n'ira probablement pas au bout de son contrat, qui court jusqu'en juin 2019. Frédéric Paquet, directeur général du club, prend des pincettes à chaque fois qu'il évoque l'avenir de son coach. "Jean-Louis est supposé être là la saison prochaine, avait-il glissé au Progrès en début de mois. Pour l’instant, il y a une phase de préparation dans laquelle il n’intervient pas forcément. Mais à un moment donné, on va travailler en direct avec lui. Aujourd’hui, il est très concentré sur le terrain. De toute façon, on ne peut pas trop se projeter tant qu’on n’est pas sûr de rester en Ligue 1".

L'homme ne veut pas d'une exposition durable. Il préfère le rôle de lieutenant. Il est aussi et surtout un fidèle de Laurent Blanc. Ces deux-là sont quasiment inséparables depuis leur association aux Girondins de Bordeaux, en 2007. Si l'ancien coach du Paris Saint-Germain débusque enfin un projet à la hauteur de ses attentes l'été prochain, il sera vite rejoint par son acolyte, comme l'assurait le quotidien L'Equipe la semaine dernière. Qu'importe le résultat des Verts à Lyon. Et qu'importe leur fin de saison.