Ben Arfa, l'art sans la manière

Inlassablement, l'histoire se répète. C'est vrai pour la grande. Mais aussi pour celle d'Hatem Ben Arfa. A chaque fois, HBA trouve régulièrement le moyen de terminer une aventure avec son club dans un climat glacial. Et le plus souvent, son "honnêteté" si mal maîtrisée n'y est pas étrangère. Sa sortie de dimanche, après le nul concédé par Rennes contre la lanterne rouge Guingamp (1-1), est ainsi autant lunaire que symbolique de la communication souvent manquée de l'ancien prodige de Clairefontaine. En quelques phrases devant les micros, le gaucher a taillé le Stade Rennais et son style de jeu. Et laissé planer un doute sur son avenir.

Comme souvent avec Ben Arfa, il y a le fond et la forme. Et comme souvent, il a tapé à côté sur la forme. Entendons-nous bien : le fond peut se comprendre. Après une petite saison à Rennes où il a rebondi, le milieu offensif a le droit de vouloir vivre autre chose. Il peut aussi légitimement ne pas prendre de plaisir avec le style proposé par le club breton, au niveau de jeu "limité" selon ses dires. Cela se respecte. Chacun ses goûts. Et sa façon de vivre son métier. A 32 ans et après plusieurs années gâchées pour diverses raisons, il n'est aussi pas illogique qu'il désire trouver son bonheur. Et qu'il songe aller le débusquer dans une autre contrée alors que la fin de sa carrière approche.

Le problème est bien ailleurs. Dans sa façon de le faire et de gérer sa frustration. Qu'il soit agacé par les sifflets lors de son remplacement se comprend également. Mais là encore, cela n'excuse rien. Il n'avait pas besoin de venir étaler son agacement devant les journalistes. Pas besoin de le faire avec des termes aussi critiques envers son jeune entraîneur Julien Stéphan : "On n'est pas assez ambitieux, on est peureux", a-t-il lancé. Ou même vis-à-vis du public breton : "Ça faisait 48 ans qu'ils n'avaient pas eu une coupe, ils n'ont jamais vécu une épopée européenne comme ça et qu'ils sifflent comme ça, tout ce que je peux dire c'est merci", a-t-il encore déclaré, acerbe.

Hatem Ben Arfa aurait pu s'éviter ça. Déjà car il n'est pas irréprochable durant cet exercice. S'il a connu quelques éclairs tout au long de la saison et est évidemment impliqué dans ce succès libérateur pour le Stade Rennais en Coupe de France ou dans le bon parcours en Ligue Europa, il n'a pas été assez constant dans la performance pour se permettre de donner des leçons. Mais il aurait surtout pu ne pas céder à sa colère en raison de son contrat qui ne l'obligeait en rien d'aller au clash à quelques jours de la fin de la saison.

Il n'a signé à Rennes qu'un an avec une année en option. Il est donc libre en juin. S'il veut partir, il le peut. Sans faire trop de vagues. Mais voilà, HBA a dû mal à contenir son caractère entier. Et de temps en temps, il doit lâcher la soupape quand les frustrations s'accumulent. "Je n'aime pas la médiocrité et quand je vois que quelque chose ne va pas, il faut que je le fasse savoir parce que je veux que l'environnement progresse. Et comme je ne suis pas un mouton, les gens veulent te faire payer ton honnêteté", avait-il avoué le mois dernier à France 3. Une révélation qui en dit long sur sa personnalité. Là encore, ça se respecte. Mais le souci reste bien la forme qui n'est pas adéquate.

Entre son clash avec Jean-Claude Dassier à l'OM, sa vidéo presque irréelle publiée sur Instagram pour exprimer son mal-être à Paris ou encore son interpellation de Nasser Al-Khelaïfi lors d'un entraînement, sa carrière est finalement marquée par de nombreuses sorties déroutantes. Et une impression s'impose : obsédé par son désir "d'honnêteté et de droiture", Ben Arfa ne s'est clairement pas aidé en essayant de débloquer des situations qui ne lui allait pas dans un milieu habitué à la langue de bois. Alors qu'il avait déjà fait parler de lui lors d'un recadrage surprenant d'Olivier Letang devant le groupe quelques jours avant la finale de la Coupe de France comme l'avait rapporté L'Equipe, son passage à Rennes n'y aura rien changé.