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La crise peut-elle tuer le football français ? "On peut tous mourir"

Martin Mosnier

Mis à jour 26/03/2020 à 21:51 GMT+1

LIGUE 1 – La reprise de la fin de saison de Ligue 1 est vitale pour l’ensemble du football français. Le modèle économique de la plupart des clubs hexagonaux repose sur deux piliers : les droits télé et la billetterie. Autant dire que la pandémie de Coronavirus les met dans une situation extrêmement périlleuse. Explications avec quelques acteurs très inquiets.

Dibassy et Icardi lors de PSG-Amiens

Crédit: Getty Images

Le football n’y échappera évidemment pas. La crise sanitaire et la pandémie de coronavirus fragilisent tous les secteurs d’activité et le football français est en première ligne. Principale source de revenus des clubs de Ligue 1 et Ligue 2, les droits télé sont aujourd’hui suspendus à la reprise du championnat. Les clubs ne délivrent plus de spectacle, les droits TV ne sont donc plus payés alors qu’il reste dix journées de L1. Deuxième source de revenu, hors trading de joueurs, la billetterie ne tourne plus, par définition : plus de match, plus de spectateur, plus de rentrée d’argent. Troisième ressource, le sponsoring et le merchandising sont à l’arrêt dans un pays qui vit dans le confinement.
En face, les clubs, et c’est bien là la spécificité de l’économie du foot, ont des échéances salariales très importantes à honorer. Sans recette, l’équation est insoluble. "L'essentiel, c'est évidemment que chacun prenne soin de soi et de préserver la santé de chacun. Cette crise sanitaire a des énormes conséquences économiques avec une perte d’exploitation terrible", nous renseigne le nouveau président du Stade Rennais, Nicolas Holveck. Avant de mettre le doigt sur un facteur aggravant : le calendrier. Chaque année, c’est en avril et mai que l’économie des clubs est la plus fragile : "Cette crise arrive à un moment catastrophique de la saison puisque c’est au moment où la trésorerie est la plus basse. On prend la plus grosse partie des recettes en début de saison. Les sponsors, les abonnés, et la plus grosse partie des droits télé, on les touche au premier semestre. Tout comme la plupart des échéances de transfert. On rentre dans la crise au moment où tous les clubs sont les plus faibles."
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Holveck, le président du Stade Rennais

Crédit: Getty Images

A l’actionnaire de jouer son rôle
76% des recettes du Stade Rennais hors mercato repose sur les droits TV et la billetterie. A Nîmes, le taux monte à 89%, 80% à Amiens et seulement 32% pour le PSG qui peut diversifier ses recettes (vente de maillots, gros contrat de sponsoring), et les plus petits clubs seront sans doute les premiers à subir la déflagration si le championnat n’allait pas à son terme.
"Ce sera à l’actionnaire de jouer son rôle", nous répond Bernard Joanin, président et actionnaire principal d’Amiens, actuel 19e de L1. "J’ai une entreprise en parallèle avec 1200 personnes. Elles sont toutes au chômage partiel. La crise est partout. On a toujours eu une gestion de père de famille, on n’a jamais dépensé l’argent que nous n’avions pas. Bien sûr que ça va nous impacter. Les pertes sont chiffrées entre 3 et 5 millions. Ce sera à l’actionnaire de faire face à cette responsabilité." Pour Rennes, troisième de L1, et pour les clubs du haut de tableau, les pertes seront évidemment nettement supérieures puisque le montant des droits TV dépend du classement en suivant une courbe exponentielle.
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Jacques-Henri Eyraud

Crédit: Getty Images

On doit sauver tout le monde parce que le foot se joue à 20
"Si la L1 ne reprend pas, on sera dans un secteur d'activité complètement sinistré", nous renseignait Bernard Caïazzo, président de Première Ligue, le syndicat des clubs professionnels français. "On ne peut pas se passer de ces ressources pendant trois ou quatre mois. Soyons très clairs, des problèmes importants de droits télé pourraient mettre à mal un tiers des clubs professionnels français et les envoyer en faillite."
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Caïazzo sur la possible annulation de la L1 : "Ça pourrait envoyer un tiers des clubs en faillite"

Pour faire face à cette crise inédite et dont l’ampleur est aujourd’hui difficilement quantifiable, Nicolas Holveck, le nouveau patron du Stade Rennais, préconise un front uni de tous les clubs professionnels : "On doit sauver tout le monde et on doit être plus uni que jamais. Parce que le foot, ça se joue à 20 en L1 et à 20 en L2. Si certains imaginent qu’ils vont s’en sortir, ils auront besoin des autres. On ne fait pas de championnat à 10. On doit tous être uni et tendu vers le même objectif. On a tous le même problème, on peut tous mourir."
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