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La L1 au chômage partiel ? Une mesure salutaire qui en appelle d'autres

Glenn Ceillier

Mis à jour 29/03/2020 à 11:31 GMT+2

LIGUE 1 - Confrontés à une crise unique et face à la baisse des recettes, les clubs de L1 optent de plus en plus pour le chômage partiel pour leurs salariés dont les joueurs, afin d'alléger considérablement leurs finances. De quoi s'agit-il et pourquoi ce n'est peut-être qu'une première mesure ? Christophe Lepetit, responsable des études économiques au CDES de Limoges, nous aide à y voir clair.

Memphis Depay et Neymar lors de la rencontre Lyon-PSG / Ligue 1

Crédit: Getty Images

Une situation exceptionnelle appelle à des solutions exceptionnelles. Le monde du football ne déroge pas à la règle. Confrontés à une période unique avec cette crise sanitaire liée au nouveau coronavirus, les clubs professionnels cherchent la manière de survivre dans ce contexte difficile. Si certains sont moins inquiétés que d'autres, il s'agit bien de survie, comme nous l'a affirmé Nicolas Holveck, le nouveau président du Stade Rennais : "On a tous le même problème, on peut tous mourir". Face à cette urgence, de plus en plus de clubs saisissent la perche tendue par le gouvernement avec l'élargissement du principe du chômage partiel à "tous les secteurs".
Confrontés à l'arrêt de leur activité et la chute drastique de leurs revenus, l'OM et l'OL n'ont pas tardé à sauter sur ce dispositif, comme nombre d'entreprises françaises (135 801 demandes selon les chiffres du ministère du Travail). Nice, Reims ou Montpellier ont suivi le mouvement. Rennes ou même le PSG vont aussi le faire. "C’est la mesure qui s’impose à tout le monde et elle a donc été mise en oeuvre, nous confirme Nicolas Holveck. C’est l’Etat qui a fermé les stades et les centres d’entraînement, ce n’est pas une décision des clubs ou de la Ligue. L'Etat a dit qu’on ne pouvait plus organiser de match ni s’entrainer : il n'y a alors pas d’autre solution que le chômage partiel. J’insiste : on doit sauver tout le monde et on doit être plus unis que jamais".
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Ballon Ligue 1

Crédit: Getty Images

Les clubs économisent 30% des salaires

Pour beaucoup, le chômage partiel ressemble donc à une bouée de sauvetage. Mais concrètement de quoi s'agit-il ? "S'il procède à cette mise en chômage partiel du fait d'une absence d'activité, l'employeur est tenu de verser aux salariés 70% de leur rémunération brute, ce qui correspond à 84% de la rémunération nette", nous explique Christophe Lepetit, responsable des études économiques au CDES de Limoges (Centre de Droit et d’économie du sport). Ensuite, "le club, comme toute entreprise, se fait rembourser par l'Etat du fait de cette crise sanitaire, un montant plafonné à4 850 euros par salarié."
Anodin ? Pas tant que ça. Avec les salariés "classiques" qui font vivre les clubs au jour le jour, cela permet déjà aux employeurs de réaliser des économies non négligeables. En revanche en ce qui concerne les joueurs, c'est bien sûr une autre histoire. "Le dispositif du chômage partiel avec l'aide d'état qui permet à bon nombre d'entreprises de ne pas subir de décaissement supérieur à leur encaissement n'est pas réellement adapté à la rémunération de footballeurs", avoue Christophe Lepetit. Etant donné les salaires des stars du ballon rond, les clubs ne vont en effet se faire rembourser qu'une partie marginale de leurs émoluments. L'Equipe avait ainsi révélé début février que le salaire médian du championnat de France était de 35 000 euros. Et à Lyon par exemple, le revenu moyen brut de l'effectif montait à 180 000 euros.
Cependant, le dispositif du chômage partiel reste bienvenu pour aider à alléger les dépenses de clubs aux abois. "Cela évite aux clubs de payer 100 % des salaires des joueurs. Ils économisent 30% de la rémunération brute avec ce mécanisme du chômage partiel", nous explique encore Christophe Lepetit. Et quand on connaît le poids de la masse salariale dans le budget d'un club, cela peut même être salutaire. "C'est la principale charge, enchaîne notre expert en économie. Cela représente près de 41% des charges des clubs et avec les charges sociales, c'est encore plus élevé !"

Vers une baisse de salaires

A tel point que le chômage partiel n'est sûrement qu'une première étape dans cette quête de survie. "Ce n'est pas suffisant car la compensation de l'état ne prend que très partiellement en compte le surcout qui reste à la charge du club", annonce Christophe Lepetit. Dans le but de réduire encore les dépenses pour sauver les clubs et si les championnats restent à l'arrêt plus longtemps encore, certains en Europe, négocient des baisses de rémunération avec les pensionnaires de leur vestiaire.
En Espagne, de nombreux clubs ont décidé de passer par la case chômage partiel (un dispositif nommé ERTE, Expediente de regulación temporal de empleo). Parmi eux, deux gros clients : le FC Barcelone, qui a annoncé cette semaine un accord avec ses joueurs et ses employés, et l'Atlético de Madrid. En Allemagne, le Bayern Munich, de Schalke 04 ou du Borussia Dortmund ont aussi consenti à réduire leur paie pour soulager les finances de leur club. Des efforts qui pourraient inspirer la L1. Selon L'Equipe, les clubs français pourraient suivre le mouvement avec une baisse de salaire de moitié en moyenne.
En Italie, la Juventus est allée plus loin : elle ne versera rien à ses joueurs pendant quatre mois. La Vieille Dame a annoncé samedi que l'ensemble de l'effectif professionnel et son entraîneur Maurizio Sarri avaient renoncé à leurs salaires de "mars à juin", réalisant au passage une économie de 90 millions d'euros sur l'exercice 2019/2020. Aussi forte soit cette annonce, elle n'est que provisoire : la Juve paiera ultérieurement.
"Il y a une crise sanitaire qui pèse lourdement sur le modèle économique des clubs. Avec un vrai enjeu de pérennité de l'activité des clubs. Il faut trouver des solutions qui passent sûrement par la mise en place d'un chômage partiel plus éventuellement la renégociation de salaires au moins de façon temporaire pendant la durée de la crise et l'interruption des compétitions", conclut Christophe Lepetit. La survie du football français passe peut-être par là.
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Pourquoi il faut s'attendre à une révolution du mercato des grands clubs sur le modèle de la NBA

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