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OM 2010, retour au sommet, épisode 3 : réunion secrète et droit au titre

Cyril Morin

Mis à jour 31/03/2020 à 11:33 GMT+2

LIGUE 1 - C’était il y a dix ans. Après une disette longue de dix-sept années, l’OM redevenait le patron du football français le temps d’une saison folle conclue avec un doublé Championnat - Coupe de la Ligue arraché dans la dernière ligne droite. Cette semaine, Eurosport vous replonge dans cette période haute en couleurs. Troisième épisode avec l’électrochoc Montpellier et le sprint final.

OM 2010 - Episode 3 : Valbuena, Ben Arfa et Niang, artisans de la folle remontée de l'OM

Crédit: Eurosport

S’il ne fallait qu’une date, ce serait à coup sûr celle-ci. Tout le monde est catégorique sur le sujet. Le fantastique doublé de l’OM démarre réellement au 30 janvier 2010. Dans une Mosson chauffée à blanc malgré le temps hivernal, les Phocéens sont humiliés par le promu montpelliérain (2-0).
Le tableau d’affichage ne laisse pas entrevoir suffisamment la différence de niveau abyssale entre une équipe qui redécouvre l’élite et une autre censée disputer le titre. "Le plus gros coup de massue, c’est clairement la défaite à Montpellier", nous confirme Fabrice Abriel. L’OM passe au travers et laisse filer ses derniers espoirs de titre. Bordeaux est à douze points et semble inatteignable.
C’est au lendemain de la débâcle que va pourtant naître la remontada à la sauce marseillaise. Abriel : "Le lundi après Montpellier, on fait une réunion entre nous proposée par Deschamps. Il sort et on se met à tous parler. Là, il nous redonne la chance d’être acteur de notre saison. On reprend la main, quelques cadres parlent, font passer des messages sans langue de bois et les joueurs visés ont l’intelligence d’accepter la critique mais surtout de switcher directement dans l’état d’esprit. Souley prend la parole pour nous dire : ‘le titre, les gars, vous pouvez l’oublier. Vu notre niveau, ce n’est même pas la peine d’y penser’". L’échange est viril mais correct. En sortant de là, le milieu marseillais a comme la sensation que les choses peuvent tourner. Il a raison.
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Mamadou Niang pris en étau par la défense montpelliéraine

Crédit: Getty Images

Valbuena et Ben Arfa, de tricards à revanchards

Car le vestiaire prend note de ses lacunes. Certains recommencent même à pousser dans le même (et le bon) sens, encouragés par Deschamps. "Sa grande force, c’est qu’il n’est pas obtu, nous explique Fabrice Lamperti, journaliste à La Provence, à propos du coach olympien. Ce n’est pas le moment fondateur mais c’est quand même un événement important : il relance Valbuena alors qu’il ne comptait pas sur lui en début de saison, qu’il doit partir. Il y a un stage en Espagne, ils se parlent et Deschamps lui dit que, finalement, il compte sur lui. Derrière, Valbuena apporte son écot à l’équipe sur la deuxième partie de saison, en finale de Coupe de la Ligue notamment où il marque un but important". Voilà comment redémarre l’OM. En s’appuyant sur des tricards comme "Petit Vélo" ou Hatem Ben Arfa.
Un soulagement pour un groupe qui tire la langue face à un calendrier intense et un effectif un peu court au moment où vient la CAN. C’est désormais en équipe que l’OM répond. Mi-février, avant même que tout s’emballe, c’est une démonstration de force que les Phocéens délivrent sur la pelouse du Parc des Princes, qui réserve pourtant un accueil terrible à Gabi Heinze, ancienne gloire parisienne devenue marseillaise entre temps.
"Ce qu’on a fait à Paris, c’est montrer toute notre solidarité, estime Abriel. Le climat contre lui était à la limite du respect. Même nous on se disait ‘comment il va faire pour jouer ?’. On voit que Gabi est très touché. Un mélange de tristesse et de colère assez incroyable. Et puis, sur les six premiers duels, on a compris. Il les a détruits avec de l’impact, de l’agressivité. Derrière, on joue sans trembler". Paris se fait fesser dans son antre (0-3). C’est la dernière victoire en date de l’OM à Paris. Historique mais surtout capitale. Car les hommes de DD ne forment plus qu’un seul bloc lancé vers une quête folle : et pourquoi pas rêver de l’impossible ?
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La joie de Gaby Heinze après la victoire au Parc des Princes

Crédit: Getty Images

Les miracles de Sochaux et Boulogne

Après la qualification pour la finale de la Coupe de la Ligue, les Olympiens sont le couteau entre les dents. Tout l’inverse de Bordelais qui voient leur courbe de performances légèrement fléchir. C’est la bascule mais personne ne s’en rend encore compte. "Derrière la qualification pour la finale, on a plus aucun résultat négatif", nous confirme Abriel. Bien aidés par des faits de jeu qui tombent parfois du ciel. Comme si la Bonne Mère y avait mis son grain de sel. Quand on est touché par la grâce, il faut savoir en profiter. Vient le sacre en Coupe de la Ligue (nous y reviendrons dans le prochain épisode, NDLR). Marseille surfe sur une vague d’euphorie.
Le "tapis rouge vers le titre" comme le qualifie Fabrice Abriel se dessine encore plus nettement à Sochaux. Dans ce match décalé en raison de la finale de la Coupe de la Ligue, les Marseillais n’y arrivent pas. Mais tout vient à point qui sait attendre. "On marque par M’bia à la 86e minute, se rappelle l’ancien milieu de terrain. Ensuite, Sochaux égalise à la 90e mais le but est refusé pour hors-jeu alors qu’il est inexistant. Là, on a compris que c’était pour nous". Chez les observateurs, comme Fabrice Lamperti, le constat semble similaire : "Je me souviens qu’après ce match-là, on s’est dit : ‘On ne sait pas si l’OM sera champion mais une chose est sûre : Bordeaux ne le sera pas’"
Tout le monde n’attend que ça
La prophétie est juste. Les Girondins ne seront pas champions. "Ils avaient eu des matches remis, un calendrier chargé car ils étaient dans toutes les coupes, notamment en Ligue des champions, se souvient d’ailleurs Christian Gourcuff, entraîneur à Lorient à l’époque. Et il faut se rappeler que leur équipe ne tournait pas beaucoup. C'est ça qui a modifié la donne de cette saison, selon moi. Tout comme l'annonce du départ de Laurent Blanc avant le terme de la saison. Tout cela a joué et Marseille a su en profiter". Ce n’est pas peu dire. Le match suivant, c’est une victoire à la 90e+6 minute à Boulogne sur un penalty de Taiwo qui permet aux hommes de DD de se rapprocher du Graal. Un autre signe.
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Mathieu Valbuena exhulte à Boulogne

Crédit: Getty Images

Marseille fait le trou en tête. Deschamps fait usage de sa plus belle langue de bois pour calmer l’euphorie naissante. "On a cinq points d'avance mais il reste encore 15 points à distribuer", explique-t-il à cinq journées de la fin. Il n’aura besoin que de sept nouvelles unités pour se hisser sur le trône. Mieux, c’est dans un Vélodrome en fusion que l’OM joue le titre. "Si mes souvenirs sont bons, c’était assez décontracté même si les mecs savent qu’ils sont au pied de quelques chose d’énorme, rappelle Lamperti. Tout le monde n’attend que ça, tout le monde ne parle que de ça. Puis vient ce match, 50 000 personnes, Rennes à domicile". "Là aussi on a un signe tombé du ciel, poursuit Abriel. On n’avait pas marqué un coup franc de l’année et là Heinze en plante un dès le début du match".
La suite est connue de tous sur la Canebière. Le meilleur buteur maison, Mamadou Niang, permet à l’OM de reprendre l’avantage à l’entame du dernier quart d’heure. Deux minutes plus tard, le Comandante Lucho libère le peuple phocéen d’une frappe enroulée du gauche (3-1). Marseille l’a fait : dix-huit ans après son dernier titre national, dix-sept après le sacre en C1, l’OM est enfin de retour au sommet. La fête sur la Canebière est aussi folle que la saison vécue par les Phocéens. Et entre les guerriers de DD, c’est une communion à la hauteur des épreuves traversées.
"Je me souviens être allé au décrassage le lendemain, les mecs ont fait la fête à n’en plus finir, se marre Lamperti. Ils sont allés dans les boîtes de nuit à Aix, au Mistral. Heinze qui n’aime pas trop les journalistes et qui se tient loin de tout le monde leur paye à boire aux journalistes malgré tout… Le lendemain décrassage, je revoie encore Mandanda avec les lunettes de soleil en train de faire un taureau au milieu des joueurs. La nuit avait été courte". Et dire que tout ceci n’aurait peut-être jamais eu lieu sans un coup de casque de Souleymane Diawara un soir de mars au Stade de France…
Dossier réalisé par Glenn CEILLIER, Christophe GAUDOT et Cyril MORIN, avec Erwan GELOEN ; visuel par Quentin GUICHARD
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