OM 2010, le retour au sommet, épisode 2 : quand le titre était "à des années-lumière"

Christophe Gaudot

Mis à jour 31/03/2020 à 11:32 GMT+2

LIGUE 1 - C’était il y a dix ans. Après une disette longue de dix-sept années, l’OM redevenait le patron du football français le temps d’une saison folle conclue avec un doublé Championnat - Coupe de la Ligue arraché dans la dernière ligne droite. Cette semaine, Eurosport vous replonge dans cette période haute en couleurs. Deuxième épisode ce mardi avec le début de saison chaotique des Olympiens.

OM 2010 - Episode 2 : Du 5-5 aux ambitions du titre anéanties ou presque

Crédit: Eurosport

A Marseille, l’été a été chaud. Endeuillé par la mort de son propriétaire, Robert Louis-Dreyfus, et agité par des changements à tous les étages (Dassier, Deschamps), l’Olympique de Marseille entame une saison charnière. Après un mercato dispendieux, la qualification en Ligue des champions est une nécessité absolue. Didier Deschamps le sait et c’est avec cette idée qu’il démarre une première partie de saison, loin de répondre aux attentes.
Si Fernando Morientes est arrivé à l’été - le transfert sera d’ailleurs un bide -, c’est évidemment Mamadou Niang qui allume la première mèche. Et celle-ci est courte ! Deux minutes de jeu seulement lors du match inaugural à Grenoble et le nouveau capitaine de l’OM s’offre un slalom et un magnifique but. De ce mois d’août phocéen 2009, ce n’est évidemment pas le succès en Isère que l’on retient. Il était écrit que cette saison ne serait pas comme les autres. D’ailleurs qui aurait pu prévoir qu’un accident avant un concert de Madonna au Vélodrome obligerait les Phocéens à disputer leur premier match à domicile… à Montpellier ?

Madonna perturbe le début de saison

Le 16 juillet 2009, deux personnes trouvent la mort dans un accident pendant les préparatifs du concert de la star de la pop, prévu trois jours plus tard dans l’enceinte habituelle de l’OM. Jean-Claude Dassier envisage alors le… Stade de France comme solution de repli. "On y a pensé, c'était notre premier réflexe mais c'était un réflexe hors de prix et compliqué à gérer”, explique le président qui se rabat sur Montpellier où Brandão offre la victoire aux siens (1-0) devant Lille. Le délai le plus pessimiste pour la disponibilité du Vélodrome est établi à deux mois. Un accord est finalement trouvé et c’est dans son enceinte que l’OM va pouvoir rendre hommage à "RLD" le 30 août lors de la réception du champion en titre, les Girondins de Bordeaux.
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Mamadou Niang face à Bordeaux avec le maillot hommage à Robert Louis-Dreyfus en 2009

Crédit: Getty Images

"On gagne rapidement nos premiers matches (7 points après trois rencontres). Le premier couac sur notre niveau, c’est le nul à domicile 0-0 face à Bordeaux où on n’a pas été offensifs. Peut-être par peur de l’adversaire", se souvient Fabrice Abriel. Dans des couleurs inhabituelles, le noir et blanc en souvenir de son propriétaire, l’OM joue un match intense mais pauvre en occasions.
Si l’OM démarre par cinq matches sans revers, qu’il a mis fin à la série de 14 succès consécutifs, à cheval sur deux saisons, des Girondins, difficile de dire qu’il carbure. Lucho, blessé en préparation, ne joue pas du mois d’août et la Ligue des Champions va rappeler à Deschamps et ses hommes qu’ils ne sont pas encore au niveau. "Le match suivant, on perd contre Milan. Là, on a compris qu’il y avait un travail à faire, remet Abriel. Il ne suffisait pas d’être l’OM pour gagner. On commence à comprendre qu’on a pas le niveau du champion sortant, tout simplement". La défaite contre Milan (1-2), pourtant loin d’être ridicule, remet les Olympiens à leur place. Le vécu collectif ne tombe pas du ciel.
Dans la foulée, Marseille perd quatre matches sur cinq (Milan et Real Madrid en C1, Valenciennes et Monaco en championnat). "La route est encore longue. Je suis convaincu qu'on peut faire beaucoup mieux, relativise Deschamps après l’ultime revers, celui face à Monaco au Vélodrome. Je suis convaincu du potentiel individuel et collectif de cette équipe, j'ai confiance en ces joueurs".

5-5 et faute professionnelle

“DD”, pompier de service ne prendra pas autant de pincettes quelques semaines plus tard. Si on vous dit “match de la décennie” vous pensez à quoi ? OL-OM évidemment ! Le 8 novembre 2009, la Ligue 1 connaît l’une des plus folles soirées de son histoire. Ce qui ne va pas plaire au pragmatique Deschamps. "Le 5-5, c’est un peu le résumé de notre saison. On fait un match exceptionnel en termes d’émotions, on marque cinq buts à l’extérieur mais on ne ramène qu’un point", regrette Abriel onze ans plus tard.
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Le but du 5-5 entre l'OL et l'OM en 2009

Crédit: Getty Images

Devant de deux buts à dix minutes de la fin du match (2-4), l’OM croit au pire après le but du 5-4 inscrit par Bastos pour Lyon à la 90e. "On a une force de caractère incroyable (pour revenir à 5-5) mais aussi des manques", poursuit le milieu de terrain olympien.
Ce que Deschamps retient de ce match, c’est une "faute professionnelle". Il a très peu goûté au spectacle et ne retient que le petit point rapporté malgré une avalanche de buts inscrits. "Si vous marquez cinq buts à l’extérieur pour ramener un point, ça va être compliqué", peste-t-il à l’époque selon Abriel. Derrière, l’OM bat le rival parisien (1-0, but de… Gabi Heinze) et réalise peut-être l’un de ses meilleurs matches de la première partie de saison sur la pelouse de San Siro en Ligue des champions.
"Le match référence, c’est quasiment le match à Milan. On leur marche dessus, on fait jeu égal et on aurait pu l’emporter via Brandão", appuie Abriel, titulaire ce soir-là. Et en effet, sans ce raté incroyable de l'attaquant brésilien à un mètre du but sur un centre de Niang, le résultat aurait été autre. Mais peu importe, l’OM repart avec des certitudes. Du moins c’est ce qu’il croit.

Auxerre gâche le Noël de l’OM

Après un bel enchaînement en Ligue 1, l’OM est dauphin de Bordeaux avant la réception d’Auxerre, dernière rencontre de la phase aller. Une douche froide. "Ce n'est pas le néant mais cela y ressemble quand même, analyse Deschamps. C'est dur à avaler car on termine sur une très mauvaise note. Je vais passer de mauvaises vacances. Ça m'emmerde royalement pour les supporters qui se sont trempés". Ces derniers montrent des premiers signes de défiance envers "DD" comme nous l'expliquait Guy Stéphan : "On joue Auxerre à la maison et y’a quand même des pancartes 'Deschamps démission' derrière le but...". Le Vélodrome gronde. Pire, il chante à la gloire d'Eric Gerets, parti alors qu'il était adulé de tous. Le coup est rude.
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Didier Deschamps en 2009 avec l'OM

Crédit: Getty Images

"Ils sont à 32 points à la trêve. C’est un parcours très moyen", note de son côté Fabrice Lamperti, journaliste à La Provence qui suivait l’OM cette saison-là. Marseille n’est plus que 4e, à 11 points de Bordeaux, solide leader. Voilà pour le premier coup de massue. Le second interviendra quatre semaines plus tard. Un nul à Bordeaux (1-1), une victoire contre Le Mans (2-1) et on pense l’OM remis sur les rails. Le deuxième déplacement de la saison à Montpellier va montrer une autre réalité.
Le promu écrase les Olympiens (2-0) qui se retrouvent à 12 points de Bordeaux. "On se fait marcher dessus. On ne répond pas en équipe", tance Fabrice Abriel. "Autant en rire", titre La Provence à l’époque. "Aussi bien comptablement que dans le jeu et dans l’esprit, ils étaient à des années-lumière de se dire qu’ils pouvaient viser le titre", précise Lamperti. Pourtant, ce match va tout changer.
Retrouvez l’épisode 3 qui retrace la folle remontée de l’OM cette saison-là sur Eurosport.
Dossier réalisé par Glenn CEILLIER, Christophe GAUDOT et Cyril MORIN, avec Erwan GELOEN ; visuel par Quentin GUICHARD
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