LIGUE 1 - Raymond Domenech (Nantes) : "Knysna ? J’ai l’impression que c’est une autre vie"

Survêtement du FC Nantes sur le dos, Raymond Domenech est arrivé seul, ce jeudi, pour sa première conférence de presse en tant qu’entraîneur des Canaris. Waldemar Kita, son président, a brillé par son absence, alors que le contexte avec les supporters (une cinquantaine étaient encore présents autour du stade de la Beaujoire) est de plus en plus tendu. Cela n’a pas perturbé l’ancien sélectionneur des Bleus : pendant une heure, Domenech a insisté sur les notions de "plaisir" et de "joie", tout en évoquant rapidement sa dernière expérience compliquée sur un banc de touche.

Domenech a commencé par s’adresser directement aux journalistes, sans se départir de sa fameuse ironie. "Je voudrais commencer par dire à quel point je suis heureux d’être là, de vous retrouver (les journalistes). J’ai été pendant quelques années de votre côté, et peut-être que je comprends mieux vos problématiques, vos soucis. Je vais essayer de tout faire pour ne pas reproduire mes erreurs. (...) Je sais que vous aurez des questions sur le passé, j’y répondrai, mais si vous pouvez arriver vite sur le présent et le futur…"

Le présent, justement, c’est cette atmosphère électrique à Nantes, à l'image de ce premier entraînement disputé sous fond sonore de fausse publicité pour le "Kita Circus", diffusée par les fans excédés. L’ancien entraîneur de l’OL a tenté de désamorcer la situation, d’abord avec un trait d’esprit ("J’ai connu quelques équipes brésiliennes ou africaines qui mettaient de la musique pour s’entraîner…"), puis plus sérieusement : "(Les perturbations des supporters à l’entraînement ?) Ça fait partie de la vie d’un club. J’espère, à travers ce qu’on va montrer sur le terrain, qu’on va réunir tout le monde. Je ne suis pas inquiet. Les joueurs sont bien dans l’esprit, ont envie, se font plaisir."

Le "plaisir", c’est également ce que Domenech, "égoïstement", est venu chercher à la Beaujoire : "Je n’ai pas de plan de carrière. Je suis venu ici pour me faire plaisir. (...) Ce que je voulais retrouver, c‘est l’odeur de la pelouse. Je ne m’étais jamais résigné à arrêter. (...) Nantes, c’est un coup de cœur. J’ai eu l’impression, à ma première séance, que je n’avais jamais quitté le terrain. (...) Pour moi, ça n'est même pas un challenge, c’est juste du plaisir." L’ancien défenseur, décidément adepte du carpe diem, a refusé de se projeter : "Je ne me dis pas que je suis le 17e (entraîneur employé par Kita à Nantes, NDLR). La vie d’un club est faite de successions."

Raymond Domenech souhaitait principalement parler du présent, mais les questions sur son passé n’ont pas manqué d’arriver. Très tôt, le président du syndicat des entraîneurs (UNECATEF) a été interrogé sur son âge (69 ans le 24 janvier prochain), alors qu’il avait refusé d’appuyer une dérogation à Claudio Ranieri (alors âgé de 65 ans). "C'est un vrai malentendu. Je ne m’étais pas opposé à la nomination de Ranieri, s’est défendu l’ancien consultant. J’avais répondu en tant que président du syndicat, pas en tant que Raymond Domenech. Je n’ai pas l’impression d’avoir retourné ma veste. Le syndicat n’a même pas appuyé de dérogation pour moi, c’est la Ligue qui l’a fait."

Surtout, Domenech a fatalement été questionné sur le fiasco de Knysna, survenu il y a 10 ans lors du Mondial Sud-Africain, alors qu’il était à la tête des Bleus. Comment appréhender cette image avec ses joueurs ? "Je leur dirai que j’ai écrit un livre en 2010, qui s’appelle ‘Tout seul’, à 19,90€. Il est aussi en poche. Je pourrai leur offrir, c’est une bonne idée…" Le vice-champion du monde a assuré avoir laissé l'une des plus grandes polémiques de l'histoire du sport français derrière lui : "L’étiquette de Knysna, je m’en suis débarrassé il y a longtemps, j’ai vécu autre chose. (...) J’ai l’impression que c’est une autre vie. Je vis avec le présent."

Finalement, il n’aura quasiment pas été question des projets tactiques du nouveau coach nantais, qui a assuré avoir "une profonde admiration pour les entraîneurs qui ont construit ce club : Arribas, Suaudeau, Reynald (Denoueix)". Domenech a expliqué vouloir faire un "bilan" avant de se projeter sur le mercato, et n’a pas parlé de ses idéaux : "Je pourrais vous dire que j'ai envie de jouer comme Guardiola, mais il faut les joueurs pour ça." Tout juste a-t-il juré ne pas "être le pompier de service", bien qu'il se considère être "en mission commando". Reste à savoir si les supporters, et Waldemar Kita, se montreront patients.