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Mercato - PSG - En 16 mois, comment Mauricio Pochettino a écorné son image

Martin Mosnier

Mis à jour 12/05/2022 à 09:31 GMT+2

LIGUE 1 – Alors que L'Equipe annonce qu'il pourrait rebondir à Bilbao, Mauricio Pochettino vit sans doute ses derniers instants sur le banc parisien. En 16 mois, il n'a jamais imprimé son style ni posé sa patte sur le jeu parisien. A force de compromis, le coach argentin s'est noyé dans un consensus mou et des prestations indignes des ambitions gargantuesques de la saison. Retour sur un pari raté.

Mauricio Pochettino sur les écrans du Parc des Princes

Crédit: Getty Images

Arrivé libre après son expérience à Tottenham, Mauricio Pochettino pourrait repartir à Bilbao après 16 mois passés au PSG. Un potentiel rebond qui ne dessine pas une promotion mais plutôt une dégradation du statut de l'entraîneur argentin. Mais comment pourrait-il en être autrement ? L'histoire était pourtant belle. Celle de l'ancien capitaine d'un PSG pas encore dopé aux millions de Doha, revenu sur son banc après avoir émerveillé la Premier League et s'être inscrit comme une des références du jeu en Angleterre. Son arrivée avait d'ailleurs soulevé une vague d'enthousiasme.
Il n'a fallu que quelques mois pour que l'entraîneur Pochettino dilapide le crédit gagné par le joueur Pochettino. L'histoire a vite tourné au vinaigre. Et, après un an et demi sur le banc du PSG, le coach argentin reste un mystère. Qu'est-ce qui l'a animé depuis son arrivée au PSG ? Quelle direction a-t-il suivi ? Que retient-on de ses 16 mois à la tête du Paris-Saint-Germain ? Un mandat passé entre le marteau et l'enclume, à tenter de porter un projet plus qu'une vision, à gérer des egos plutôt qu'à faire grandir des joueurs. Si les responsabilités sont partagées, il n'a jamais réussi à prendre la mesure de l'environnement et à imprimer sa marque.
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Mauricio Pochettino a vécu une saison compliquée avec le PSG

Crédit: Getty Images

Le PSG de Pochettino, le fruit d'un consensus mou

Le PSG de Pochettino est le fruit d'un consensus mou sans prise de risque et sans parti-pris. Le meilleur exemple reste la gestion des gardiens. Certes, il a subi le caprice du club de recruter Gianluigi Donnarumma. Mais il n'a su faire le choix qui incombe au manager. A force de ne pas vouloir se mouiller, il a noyé ses deux portiers et l'a payé à Madrid lors du match le plus important de la saison. A force de ménager ses stars, de veiller à ce que chacun ne se sente pas lésé, la politique a pris le dessus sur la tactique et les grands principes qui avaient construit sa carrière jusqu'ici se sont évaporés.
Il faut fouiller dans nos archives, revoir Southampton et Tottenham sous ses ordres pour se souvenir que Pochettino fut guidé par l'amour d'un football total, d'un pressing intense, d'un jeu de possession. A l'époque Pep Guardiola en avait fait l'un des meilleurs managers du monde et le Real rêvait d'en faire le successeur de Carlo Ancelotti. Il faut convoquer aussi le témoignage de ceux qui l'ont connu en Angleterre. Pablo Osvaldo : "Il vous fait souffrir comme un chien. Sur le moment, vous le détestez comme vous n’avez jamais détesté personne, mais le dimanche, vous le remerciez, car ça marche." Nabil Bentaleb: "Il avait des idées. Notre jeu n'était jamais stéréotypé. On avait toujours plusieurs plans, des fois on avait des adaptations à la mi-temps." Hugo Lloris : "C’est la mentalité qu’il essaie de nous enseigner tous les jours : être courageux, ne pas avoir peur de l’adversaire."
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Les joueurs, Pochettino, Leonardo, Nasser… A qui la faute ?

Gagner grâce à Mbappé plutôt que "gagner avec style"

Le courage, une notion qui lui est chère : "On ne peut pas être courageux dans la vie et ne pas l'être sur le terrain", répétait-il lors de sa campagne héroïque en Ligue des champions avec les Spurs en 2019. Il en a pourtant manqué pour trancher quand la situation l'exigeait (on en revient aux gardiens) et son équipe ne fut pas non plus un exemple de courage quand le vent s'est levé à Santiago Bernabeu. La démission collective ce soir-là lui est forcément imputable et reste le grand échec de son mandat du strict point de vue des résultats. Il n'a jamais su construire sur les grandes victoires à Barcelone ou Munich en 8e puis quart de la Ligue des champions 2021 et restera comme le premier entraîneur de QSI, depuis Carlo Ancelotti, à n'avoir pas offert de doublé à son club pour avoir perdu la Ligue 1 en 2021 et échoué à remporter la Coupe de France en 2022.
Dans le jeu, son équipe a rarement montré un visage conforme à ses ambitions et aux expériences anglaises de son coach. Pochettino promettait de "gagner avec style" à son arrivée. Il a surtout gagné grâce à Kylian Mbappé devenu une incroyable machine depuis l'automne dernier. Pochettino, qui a souvent réclamé du temps pour développer ses idées, n'a pas été aidé non plus par les nombreuses absences qui ont déplumé son effectif à des moments clés, comme la blessure de Neymar à une cheville qui a éloigné le Brésilien deux mois et demi des terrains durant l'hiver, ou le Covid de Messi.
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"On n'est pas venus nous chercher pour bâtir un projet" : mais alors, à quoi sert Pochettino au PSG?

Communication lisse et parole creuse

Dans une interview accordée à L'Equipe en novembre dernier, il résumait le principal obstacle à sa réussite à Paris : "On n'est pas venu nous chercher pour bâtir un projet (…). On est là pour développer les idées du PSG, pas pour développer nos idées définies." Il n'a jamais su au mieux s'affranchir de ce carcan ou, au pire, s'en accommoder. Dans un cas comme dans l'autre, il garde une grande part de responsabilité. Sa communication lisse et, là-encore, sans aspérité a contribué à diffuser l'image d'un homme détaché des évènements, surtout lorsqu'il a mollement repoussé l'idée de rejoindre Manchester United en milieu de saison à l'automne dernier. Et sa parole creuse n'a pas aidé à saisir son projet de jeu.
Son grand mérite est d'avoir su conserver, même lors des moments les plus difficiles, la confiance de ses joueurs. Kylian Mbappé lui porte, par exemple, une grande estime. Mais pour tenir son vestiaire, Pochettino a sans doute trop sacrifié. Le PSG avait, cette saison, le meilleur effectif de son histoire. Qu'en retiendra-t-on quand le rideau tombera dans une dizaine de jours ? C'est Marco Verratti qui résumait le mieux le sentiment général dimanche après un nul encore moyen face à Troyes (2-2) : "Avec l'équipe qu'on a, on pouvait faire beaucoup mieux."
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