34e journée de Ligue 1 | RC Lens - Olympique de Marseille : le choc du coeur

Dieu que l'inattendu fait du bien. A l'heure où le PSG suit un schéma presque devenu classique depuis des années – élimination précoce en C1, fin de saison en roue libre, crise politique et promesse d'un grand changement estival -, la Ligue 1 continue d'avancer sans se préoccuper d'un leader tout sauf symbolique d'un cru 2022-2023 qui nous a rabiboché avec les fins de semaine, parfois pénibles dans le passé.

Ce RC Lens-Olympique de Marseille est inattendu. Qui aurait pu prévoir que les Lensois soient aussi hauts dans le classement au démarrage de la 34e journée ? Qui aurait pu savoir qu'avec 70 points en autant de journées - record historique pour le club phocéen -, l'OM ne serait pas encore assuré de la deuxième place ? Si ce duel est programmé ce samedi à 21h, c'est que les diffuseurs prioritaires n'avaient pas estimé que cela soit possible, comme beaucoup d'autres. Ce goût d'inattendu est réjouissant.

Parce qu'il accompagne deux équipes aux caractéristiques propres et proches. Parce qu'au fond, ce RC Lens - OM est LE choc de l'année, comme l'a si bien résumé Leonardo Balerdi en conférence de presse : "Lens est la meilleure équipe à domicile et nous la meilleure à l’extérieur". La configuration idéale pour déterminer un dauphin, a minima.

Idéale, la position du RC Lens l'est. Trois victoires de rang à domicile, la déception du choc avorté face au PSG évacuée, c'est avec la gagne et porté par un enthousiasme collectif dévorant que la troupe de Franck Haise espère faire vivre une nouvelle soirée magique à Bollaert. Après avoir chicoté le PSG, Monaco, Lyon et Rennes dans leur antre, les guerriers lensois ont encore soif de batailles et de matches de boxe où jeter toutes leurs âmes et toutes leurs armes.

Parfois minimaliste cette saison, cette équipe a su garder cette grandeur pour les occasions spéciales. Du pressing, de l'intensité, des courses, des occasions, du dépassement de fonction et des rushs à l'envie : la recette est connue mais en a essoré plus d'un.

Contrairement à d'autres, il y aura du vrai répondant en face. Parce que si Igor Tudor a réussi une chose, c'est imposer sa patte malgré les bourrasques marseillaises – le mistral a soufflé fort en début de saison – pour transformer une équipe au tempo lent et romantique l'an passé en une machine à courses infernales. Au fond, ces deux armées se ressemblent même si le Croate n'a pas voulu dresser un parallèle parfait.

De collectif, à Lens et à Marseille, il en fut beaucoup question cette saison. Mais, aux quatre coins du terrain, des individualités marquantes de la saison seront aussi présentes. A Lens, il y a ce carré magique, Brice Samba protégé par sa garde royale Gradit - Danso - Medina. S'il fallait dresser une équipe type de la saison en L1 avant cette 34e journée, ils seraient nombreux à y figurer. Il y a cet infernal Seko Fofana, à même de mettre au pas n'importe quel milieu de terrain, même en surnombre. Il y a les animateurs, les Sotoca, les Thomasson, les Fulgini, les Frankowski. Et puis l'un des meilleurs buteurs de la saison, le tube du printemps, un Loïs Openda qui n'en finit plus de planter.

A Marseille, la liste est moins longue et peut-être moins équilibrée. Mais Alexis Sanchez est si solaire qu'il irradie les autres de son talent, de son endurance et de sa garra uruguayenne, lui le Chilien. Tantôt brillants, tantôt (très) frustrants, Jonathan Clauss et Nuno Tavares restent capables de grandes choses tandis que le duo Rongier-Veretout, moins en vue ces derniers temps, reste peut-être le seul à même de pouvoir résister à l'intensité lensoise.

Ce samedi, c'est donc le choc du cœur pour la Ligue 1. Celui qui valide une saison de rédemption et symbolise une nouvelle ère dans un championnat enfin moderne, même si l'Europe tarde à en voir les conséquences. Ce samedi, c'est aussi un choc pour le cœur, avec de l'intensité à même de vous faire transpirer depuis votre canapé. Au fond, ce RC Lens – OM est un cri du cœur : l'inattendu est toujours le bienvenu.