Ajaccio - Brest | Comment le Stade Brestois est devenu une référence européenne dans le jeu aérien

On connaissait les pompiers de service. Ces entraîneurs qui, par leurs méthodes et leurs connaissances de la situation, finissent irrémédiablement sur les bancs de Ligue 1 pour sauver, autant que faire se peut, des clubs en difficulté sportive. Lorsqu'il a débarqué à Brest, au début de l'année civile, Éric Roy n'avait pas l'étiquette. Et encore moins de certitudes. A 55 ans, le technicien n'est ni un représentant de la nouvelle vague (Le Bris, Stéphan) ni un bourlingueur, puisqu'il n'avait entraîné que quelques mois à Nice, entre 2010 et 2011.

Il n'empêche. Avec lui, le SB29 va (un peu) mieux. 17e à l'arrivée du technicien avec seulement deux points d'avance sur l'avant-dernier, le club breton est sorti de la zone rouge et a pris ses distances avec la 18e place occupée par Troyes (10 points). Ce n'est pas encore Byzance. Mais le pessimisme ambiant a, au moins, laissé place à l'espoir. "On ne prend pas tellement d'avance parce que tout le monde s'accroche", observait Roy le week-end dernier.

Mais pour sauver les Ty'zefs, l'entraîneur a misé gros sur une approche quelque peu anachronique. Alors que le jeu a évolué vers des phases de possession au sol et travaillées, lui a choisi le contre-pied… et les airs. A tel point que le Stade Brestois est aujourd'hui une référence dans le domaine aérien en Ligue 1. Et même en Europe.

En championnat, les coéquipiers de Brendan Chardonnet ont inscrit plus d'un tiers (34,2%) de leurs buts de la tête. C'est, en proportion, beaucoup mieux que les spécialistes des quatre autres grands championnats, à savoir Majorque (30,8%), Fulham (28,6%), l'Union Berlin (27,9%) et la Roma (26,2%).

Les costauds Steve Mounié (1,90m) et Jérémy Le Douaron (1,89m), huit buts de la tête à eux deux, n'ont pas attendu l'arrivée de l'ancien technicien de Nice pour jouer sur l'un de leurs points forts. D'autres, comme Pierre Lees-Melou à Reims ou Mahdi Camara face à Toulouse, s'y sont mis. "On sait qu'on a la capacité à être dangereux dans la surface, pour peu qu'il y ait des ballons qui arrivent, observait Roy récemment. Et dans le domaine aérien, on a des arguments."

Les ballons arrivent de plus en plus, grâce notamment à la belle patte de Franck Honorat, capable de distribuer les caviars dans le jeu et sur coups de pied arrêtés. Seuls trois joueurs tentent plus de centres que lui en Ligue 1 (187) et ses qualités ont fait la différence face au TFC, en début de mois (3-1). D'autres joueurs, comme Romain Del Castillo et le latéral Kenny Lala, arrivé en début d'année, ont permis aux SB29 de se spécialiser dans ces phases de jeu. L'équipe bretonne a inscrit ses cinq derniers buts de la tête.

"C'est la volonté de jouer sur nos forces, a insisté Roy. On sait qu'on a deux joueurs qui sont forts dans ce domaine et à force d'insister, de travailler, d'essayer de convaincre, les joueurs sont maintenant persuadés qu'ils sont capables de marquer chaque fois qu'il y a un centre ou un coup de pied arrêté. Pour arriver à marquer, il faut d'abord y croire." Visiblement, les joueurs sont maintenant convaincus.