Mercato | Jorge Mendes, proche de Luis Campos, est-il devenu trop influent au PSG ?

À force, on va finir par pouvoir deviner les noms avant même qu’ils soient liés au mercato du Paris Saint-Germain. Depuis l’arrivée de Luis Campos dans l’organigramme du club de la capitale, l’influence de l’agent le plus puissant du monde, Jorge Mendes, n’a cessé de croître. L’année dernière, déjà, le mercato parisien avait été marqué du sceau de l’homme d’affaires portugais, conseiller de Vitinha et de Renato Sanches, et intermédiaire dans les transferts de Carlos Soler - il est un proche de Peter Lim, propriétaire de Valence - et de Fabian Ruiz, après avoir tenté d’envoyer son client Keylor Navas à Naples.

Cette saison, l’autorité de l’ex représentant de Cristiano Ronaldo à Paris est encore plus évidente. Alors que le marché vient à peine d’ouvrir ses portes, trois des quatre recrues du PSG sont étiquetées Mendes. Elles rappellent, d’ailleurs, que l’agent est bien plus que ça : il est aussi une garantie, pour les joueurs qu’il représente, que leurs émoluments peuvent être bien supérieurs à leur valeur sportive (Asensio).

Il est aussi une bouée de sauvetage permanente pour des clubs aux bilans financiers déséquilibrés. Le président du Sporting, Frederico Varandas, en a par exemple fait une sorte de bras droit pour valoriser au mieux un élément fort afin de garder les comptes à flot. Le transfert de Manuel Ugarte était programmé depuis plusieurs mois. Mendes aurait envoyé l’Uruguayen en Angleterre, où il peut négocier avec à peu près n’importe qui, si Paris s’en était désintéressé.

L’arrivée de Kang-in Lee, elle, démontre plutôt la mainmise du Portugais sur certains clubs. Meilleur joueur du Mondial U20 2019, le Coréen avait quitté Valence libre pour Majorque, qui aurait versé 5 millions d’euros à l’agent pour la réussite de l’opération. Mendes n’est pourtant pas le représentant du milieu de terrain, puisque celui-ci est conseillé par Integral Advising Football, agence proche de… Gestifute, l’entreprise du super-agent lusitanien.

Bref, l’homme d’affaires de 57 ans fait la pluie et le beau temps aux quatre coins de l’Europe et le PSG est un nœud de plus en plus gros dans son maillage continental. Il est un interlocuteur privilégié de Luis Campos, dont il est relativement proche. Les deux hommes se côtoient depuis plus de 20 ans et leurs carrières se sont toujours entremêlées.

Au Real Madrid, où le directeur sportif était alors analyste et scout pendant que José Mourinho était entraîneur. A Monaco, où Campos a validé les venues de plusieurs joueurs de l’écurie Mendes, capitaux dans la conquête du titre (Fabinho, Bernardo Silva…) tout en déclinant beaucoup d’autres. Et à Lille, où l’influence de l’agent a finalement été bien plus importante pour vendre (Leão, Pépé…) que pour construire.

Jusqu’ici, Luis Campos avait plutôt été un excellent garde-fou face aux ambitions de Jorge Mendes, dont l’unique but est de s’assurer que ses joueurs transitent dans les meilleurs clubs, le plus longtemps et le plus souvent possible - c’est le cœur de son business - tout en œuvrant à leur épanouissement sportif et surtout financier, puisqu’il en va de la santé de sa Gestifute.

Mais à Paris, le conseiller football est lui confronté aux limites intrinsèques du club : les recettes gagnantes appliquées sur le Rocher et dans le Nord n’y sont pas applicables, puisque les joueurs à haut potentiel ne suffisent pas à gagner la Ligue des champions. Les références mondiales à leur poste, elles, ont plutôt tendance à regarder ailleurs, ou à se laisser séduire par le PSG pour de mauvaises raisons.

Dans l’environnement de Mendes, le PSG est au même niveau que les autres plus grands clubs européens. C’est-à-dire tout en haut d’une pyramide où les jeunes joueurs enrôlés par Mendes doivent débarquer au pic de leur carrière. Ils se révèlent (la plupart du temps au Portugal), confirment (en Ligue 1 ou dans d’autres clubs de second plan en Espagne ou en Angleterre) puis s’installent dans le gratin. La méthodologie est discutable, les transferts sortent parfois du cadre légal. Mais le tout ne déplaît pas aux géants du Vieux continent.

Florentino Perez n’a jamais critiqué les interventions de Jorge Mendes à Madrid et on n’imagine mal Manchester City, auteur du triplé après avoir débuté la saison avec quatre membres de l’écurie Mendes dans son onze (Ederson, Ruben Dias, João Cancelo, Bernardo Silva) se plaindre des travaux du puissant agent. Le problème n’est donc pas la qualité des joueurs du portefeuille Mendes. Mais plutôt le cadre dans lequel ils sont amenés à évoluer.

Dans sa stratégie de recrutement, Luis Campos accorde une part aussi importante que le talent à l’état d’esprit, à la psychologie et à la résilience des joueurs visés, utilisant même des outils extrêmement avancés. Mais entre l’influence de Doha, la gestion de Nasser Al-Khelaïfi, l’omnipotence de Kylian Mbappé ou le passif du club, l’environnement parisien est une énorme inconnue dans l’équation du dirigeant portugais.

Réfugié derrière le cadre du fair-play financier pour justifier un mercato raté la saison dernière, Campos est désormais confronté aux limites de son propre modèle et en situation d’échec, comme tous ses prédécesseurs. Boucler, dans les prochaines semaines, l’arrivée de joueurs majeurs et irréprochables du portefeuille Mendes, comme Bernardo Silva, pourrait lui offrir un peu d’air. Tout n’est pas encore perdu.