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Pablo Longoria - Marcelino - Esprit OM, es-tu encore là ? Marseille, la crise d'identité

Martin Mosnier

Mis à jour 20/09/2023 à 16:27 GMT+2

En quelques semaines, l'OM de Pablo Longoria a fait le ménage : Dimitri Payet, Alexis Sanchez et Mattéo Guendouzi, les trois chouchous du Vélodrome, ont fait leur valise douze mois après le départ d'un autre totem, Steve Mandanda. Qui incarne l'Olympique de Marseille aujourd'hui ? Une crise d'identité qui a, indirectement, mis le feu à l'institution.

Guendouzi et Payet ont été poussés dehors cet été par l'OM

Crédit: Getty Images

Il y a ceux qui retirent des maillots, et ceux qui déboulonnent les statues. S'il fallait encore trouver une différence majeure entre Jacques-Henri Eyraud et Pablo Longoria, l'ancien et l'actuel président de l'OM - sur le point de se mettre en retrait de la présidence selon L'Equipe, La Provence et RMC Sport - le traitement réservé aux chouchous des supporters en serait assurément une. Contraint de surjouer pour se faire accepter, l'ancien directeur de la communication d'EuroDisney voulait se mettre le Vélodrome dans la poche en retirant les maillots de Mathieu Valbuena et Souleymane Diawara. Son successeur, lui, ne fait pas dans le sentiment et a passé ces derniers jours à purger l'effectif de ceux dont le stade a chanté les louanges.
Sauf qu'à Marseille, on aime et on vénère ceux qui se battent, qui font rêver et qui font gagner. Dans l'ordre, Mattéo Guendouzi, Dimitri Payet et Alexis Sanchez. Trois incarnations fortes de l'OM la saison dernière et celles d'avant, trois hommes qui ont pris la porte alors que leur président les sommait de boucler leur valise. Trois départs mal vécus par les supporters et qui ont fait naître de vives tensions jusqu'à cette réunion explosive de lundi. Cette crise d'identité que traverse l'OM et alimenté par le début de saison décevant a provoqué un séisme qui a amené au départ de Marcelino et a dessiné un avenir incertain à Pablo Longoria. Les supporters se sont sentis dépossédés et Marseille a tremblé fort.
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Dimitri Payet et Matteo Guendouzi à l'échauffement.

Crédit: Getty Images

On a l'impression que Mandanda est parti comme un voleur
"L'amour des supporters est très fort, c'est pour ça que je suis là et pour marquer l'histoire du club", avertissait Alexis Sanchez en octobre dernier. Une love-story de dix mois à peine et un contrat non renouvelé plus tard, le Vélodrome en est aujourd'hui orphelin. Intronisé "Marseillais à vie" par Eyraud, Payet est pourtant parti à Vasco de Gama après une conférence de presse pleine de larmes qui a mal masqué les relations polaires avec Longoria.
"Mentalité : Lâche rien comme Guendouzi", disait l'explicite banderole des MTP ("Marseille Tout Puissant") en 2022. L'ancien Gunner, devenu l'un des symboles de l'époque Sampaoli, a même eu droit à son chant avant de subir un sévère déclassement lors de la seconde partie de saison l'an dernier. Mais son état d'esprit et sa soif de vaincre continuaient de ravir le Vélodrome. "Son départ est une très mauvaise décision, il y avait eu une rencontre entre les supporters et lui, c'était précieux, note Nicolas (@Commeellevient1), abonné au Vélodrome depuis 2003. Il nous manquera sur et en dehors du terrain, il aurait dû être notre capitaine ou à minima un leader." Mais lui aussi est sorti par la porte de derrière, exfiltré en toute fin de mercato pour un montant dérisoire au regard de son talent.
"Le départ de Guendouzi, enfin surtout la façon dont ça s'est fait, m'a rendu triste, abonde le responsable des réseaux sociaux du compte Twitter @peupleolympien. On s'en est débarrassé comme un vieux meuble ou un indésirable pour toucher un petit chèque. C'est comme Steve Mandanda, une légende l'OM, très respectée. On a l'impression qu'il est parti comme un voleur. On n'a pas ressenti d'émotion."
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Steve Mandanda

Crédit: Imago

A Marseille, plus qu'ailleurs, le public a besoin de grandes figures

Il n'y aura ni cérémonie ni bouquet pour Sanchez, Guendouzi et Payet qui ne peuvent pas, pourtant, tomber de l'armoire. Un an auparavant, le départ de l'intouchable Steve Mandanda avait amorcé le mouvement et rappelé que, désormais, personne n'était intouchable à Marseille, surtout pas les icônes. La logique est la même que pour les entraîneurs. Jorge Sampaoli, Andre Villas-Boas et même Igor Tudor avaient les virages dans leurs poches. Ils les ont quittés sans tambour ni trompette. "Ça fait partie de la vie d'un supporter de s'attacher à des joueurs et aujourd'hui, il n'y a plus cette possibilité, rage Nicolas. La stratégie de Longoria fait de chaque joueur et coach une sorte de super-intérimaire qui a dix matchs pour faire ses preuves. Il n'y a aucune élégance, l'OM est devenue une machine implacable qui doit tourner."
Protégé par des résultats convaincants, et par une communication habile, Longoria a déroulé son plan de bataille et celui-ci ne fait aucune place pour les sentiments. Conserver des totems n'est pas dans le logiciel d'un président qui a fait de l'OM un hall de gare. Le message est clair : personne n'est plus grand que le club et que son projet. Qu'importe que ces hommes garantissent une continuité, défendent une certaine idée de l'OM, ses valeurs et entretiennent un lien avec le Vélodrome.
Pourtant à Marseille, plus qu'ailleurs, le public a besoin de grandes figures dans lesquelles se reconnaissent ceux qui paient leur abonnement. Des stars ou des guerriers, des figures internationales ou des jeunes du coin mais des joueurs au sang chaud de préférence. Voilà pourquoi la terre a tremblé lundi. Parce qu'à Marseille, la passion gouverne bien souvent la raison.
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Alexis Sanchez lors du match opposant Marseille à Toulouse, en Ligue 1

Crédit: Getty Images

Qui incarne l'OM aujourd'hui ?

Le minot Boubacar Kamara, enfant du 9e arrondissement et du quartier de la Soude, a lui aussi rapidement quitté le navire. Qui incarne aujourd'hui l'esprit olympien ? Qui fait battre le cœur du Vélodrome où il est d'abord question de passion avant toute considération tactique ? Né à Avignon, Samuel Gigot est supporter de l'OM depuis toujours. S'il aime haranguer le Vélodrome, son histoire reste encore à écrire et son jeu n'a ni la dimension technique de Payet, ni l'aspect décisif d'Alexis Sanchez.
Son profil se rapprocherait de celui d'un Guendouzi même si le caractère extraverti du milieu de terrain l'a aidé à briser la glace avec le stade. Valentin Rongier, fidèle soldat du club, se heurte aux mêmes limites. "Iliman Ndiaye est clairement un chouchou vu son amour du club et les efforts qu'il a fait pour venir", nous renseigne Nicolas. Mais il n'est pas titulaire et personne ne sait quelle dimension il prendra dans son club de cœur. Les dribbles d'Azzedine Ounahi et Amine Harit pourraient électriser le Vélodrome mais leur statut est très fragile dans l'équipe phocéenne.
Vitinha, lui, a tous les atouts pour devenir le prochain maître des lieux. Déjà à l'aise en français, il fait tout pour accélérer son intégration. Sa faculté à marquer autant que son dévouement illimité sur le terrain doivent lui permettre de devenir la nouvelle idole du peuple phocéen. Mais le chemin est encore long. L'OM de Longoria a pris un risque en faisant "tabula rasa". Et le volcan s'est réveillé.
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