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Avant Clermont - Marseille | Comment Jean-Louis Gasset a secoué les joueurs marseillais

Julien Pereira

Mis à jour 02/03/2024 à 19:55 GMT+1

Appelé à la rescousse pour éviter que l'OM ne s'enfonce à nouveau dans la crise, Jean-Louis Gasset a réussi la première semaine de sa mission de trois mois. L'entraîneur olympien a aidé ses joueurs à décrocher deux victoires en trouvant des clés sur le plan psychologique mais aussi tactique. Le déclic a fonctionné, avant le déplacement à Clermont ce samedi (21h00). Mais la pente va s'élever.

"C'est Deschamps qui flingue la carrière de Zidane"

Il faut parfois être un pompier pyromane pour entraîner l'Olympique de Marseille. Éteindre l'incendie, d'abord. Et raviver la flamme, ensuite. Jean-Louis Gasset a plutôt bien assuré la première partie de sa tâche, en spécialiste qu'il est, très peu de temps après avoir succédé à un Gennaro Gattuso qui n'avait visiblement plus le feu en lui.
La "mission de 100 jours" qui a été confiée à l'ancien coach des Verts avait d'abord débuté par 48 heures d'un travail psychologique dont il est probablement l'un des rares à avoir le secret. "C'était plus un problème mental que technique ou physique, a admis Amine Harit en conférence de presse. C'était dans les têtes qu'il fallait changer quelque chose. La sérénité et le calme du coach nous ont apporté beaucoup plus de confiance."
Si déclic il y a eu, c'est probablement avant tout parce que "JLG" n'était pas, sur le papier, taillé pour le job. Ces derniers temps, Marseille et le Vélodrome s'étaient épris des coaches à la grande gueule, vocaux, dynamiques, parfois même impulsifs. Gasset a débarqué avec un flegme qui, s'il n'était pas bien connu de notre championnat, aurait probablement laissé penser qu'il n'avait pas bien mesuré l'urgence de la situation.

Gasset a brisé la glace... en douceur

Mais les premiers mots du Montpelliérain, qui ont parfois semblé teintés d'une touche de naïveté, ont trouvé de l'écho. Auprès des supporters, suffisamment lassés par tant de mois d'instabilité pour finalement se laisser embarquer. Mais aussi auprès des joueurs. À son arrivée au centre Robert-Louis-Dreyfus, et alors que le fidèle Pancho Abardonado lui avait prémâché une partie du travail opérationnel, le coach de 70 ans avait soigné sa présentation.
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Pogba, une carrière ternie ?

Pour une grande partie des joueurs de l'effectif, l'ancien adjoint de Laurent Blanc avait préparé une petite anecdote pour briser la glace. Avec Pau Lopez, il a ainsi évoqué son expérience à l'Espanyol - où le portier a été formé - en tant que bras droit de Luis Fernandez, en 2003. "Ce sont des petits détails mais c'est une manière de créer un petit lien, rapidement, avec son groupe", nous souffle-t-on en interne.
C'est à cela qu'a été consacré le début de mandat de Gasset. "Connaître le joueur est une chose, a confié le coach olympien vendredi. Connaître l'homme, c'est autre chose. Et ça prend du temps. C'est ce qu'on a fait depuis qu'on est arrivé soit en parlant avec les joueurs, soit en appelant des amis qui les ont côtoyés. Et à ce jeu-là, le temps est notre ennemi car on n'en a jamais assez. Lors de la première semaine, je peux vous dire que j'en ai perdu ma voix...".

Adapter le jeu à l'état d'esprit

Pas question, donc, de gaspiller des heures à des complexités tactiques ou à l'analyse de vidéo. Marseille a abordé son barrage retour de Ligue Europa face au Shakhtar comme une équipe anglaise adepte du kick-and-rush. "J'ai dit qu'on ne devait pas essayer de sortir le ballon parce qu'il y avait beaucoup de pression autour du club, a justifié le technicien. Pour faire ça, il faut beaucoup de confiance et on n'en avait pas. Il fallait une tactique qui aille bien avec les têtes."
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Jean-Louis Gasset et Iliman Ndiaye lors du match entre l'OM et le Shakhtar Donetsk en Ligue Europa

Crédit: Getty Images

Face à Montpellier, trois jours plus tard, Gasset s'est reposé sur des acquis, après avoir repéré certains aspects "avec lesquels [s]es joueurs sont plus à l'aise" : le 3-5-2 - l'évidence que Gattuso ne voulait pas admettre - et une vraie liberté accordée à certains éléments, dont Chancel Mbemba, excellent ce soir-là.
La rencontre a surtout été marquée par une autre prestation individuelle, celle d'Iliman Ndiaye, qui avait pourtant manqué l'entraînement la veille pour des raisons personnelles. L'international sénégalais avait appelé son coach pour le prévenir de son retard. Le technicien l'a finalement dispensé, estimant que son joueur en avait besoin. "Lorsque Iliman est arrivé à la mise en place le dimanche matin, Gasset lui a annoncé qu'il serait titulaire, nous confie une source interne. Et qu'il voulait qu'il lui gagne le match."
Je n'ai pas envie que ça retombe
Cela ressemble à des scénarios de film, mais les résultats ont suivi. Et quand on interroge les joueurs sur ce qu'ils ont entrepris concrètement pour "monter d'un cran" comme le leur avait demandé le nouvel entraîneur, on se demande comment la formule n'a pas pu être trouvée plus tôt. "Il fallait juste en faire un peu plus à tous les niveaux, a détaillé Harit. Un peu plus de courses, de dynamisme, d'envie, d'impact dans les duels. Pour un attaquant, faire plus d'appels en profondeur, pour un milieu, aller chercher le ballon et le remonter, pour un défenseur, être plus solide dans les duels...". Élémentaire. Mais il suffit parfois de peu pour créer le déclic.
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L'OM peut-il encore viser le Top 4 ? "Ça se joue dans le mois qui vient"

Il en faudra certainement beaucoup plus pour étendre la série et réussir la deuxième partie de la mission. Après tout, Marseille n'est toujours que neuvième de Ligue 1 et doit impérativement remporter ses deux prochains matches de championnat, à Clermont ce samedi (21h00) puis face à Nantes le week-end prochain, pour viser les places européennes avant un calendrier bien plus lourd (Rennes, PSG, Lille, Nice...).
Tactiquement, l'OM a eu une semaine pleine pour mettre en place des circuits un peu plus ambitieux. "On a des bons joueurs de football et il faut qu'on affirme notre jeu", a souligné Gasset. Mentalement, l'entraîneur phocéen devra également engager des actions plus pérennes : "Je n'ai pas envie que ça retombe. Il faut que je fasse comprendre aux joueurs que l'on continue notre opération commando." Raviver la flamme prendra du temps. Mais au moins, l'étincelle est là.
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