Ligue 1 : Mousa Al Tamari et Akor Adams, les deux pépites inattendues de Montpellier

Ils se sont révélés dans la moiteur rhodanienne. Protagonistes de premier ordre de la victoire éclatante de Montpellier à Lyon (1-4), samedi dernier, Akor Adams (un but) et Mousa Al Tamari (auteur d’un doublé) ont signé des débuts détonants en Ligue 1. Pour être tout à fait juste, le premier cité avait déjà fait parler de lui la semaine précédente, en marquant deux fois en deux minutes face au Havre (2-2). "J’espère que la cellule de recrutement a trouvé la pépite pour marquer des buts !", a souri à son propos le président Laurent Nicollin, lors de sa présentation. Pour l'instant, le diamant reste à polir mais ses débuts sont idylliques.

Ces entames en boulet de canon ne garantissent en effet rien quant à la suite de la saison, mais ont le mérite de dresser les projecteurs sur le club héraultais, d'ordinaire paisible. Le buteur nigérian Adams (23 ans) arrive de Lillestrom, en Norvège, alors que l'ailier jordanien Al Tamari (26 ans) évoluait à Louvain, en Belgique. Tous deux ont été recrutés moyennant une indemnité modérée (4 millions d’euros pour Adams, en fin de contrat pour Al Tamari) et ont, à ce stade, tout de la bonne pioche.

"On doit bien travailler car on n’a pas de gros sous", a justifié l’entraîneur Michel Der Zakarian, en conférence de presse cette semaine. Alors le MHSC a dû anticiper les départs programmés d’Elye Wahi (Lens) et Stephy Mavididi (Leicester). Coûtumier des recrues offensives habituées des gazons français (Wahbi Khazri, Arnaud Nordin ou Valère Germain), pour des fortunes diverses et des coûts salariaux parfois importants, il a changé son fusil d'épaule. Et ce même si le passage de la Ligue 1 a 18 clubs réduit mécaniquement sa marge d'erreur.

Pour Adams, les premières touches ont été lancées "au mois de juin", a affirmé l’avant-centre nigérian lors de sa présentation, et ce même si le transfert n’a été officialisé qu’au début du mois d’août. "D’autres clubs m’ont contacté, a poursuivi Adams. Mais quand Bruno (Carotti, le directeur sportif) est venu discuter avec moi à Oslo, je me suis rendu compte qu'il s'était bien renseigné. Cela m'a rassuré." En clair, le MHSC a dû faire preuve de ruse pour rafler la mise. Car le Nigérian a vraiment explosé ces six derniers mois – 15 buts en 15 rencontres avec Lillestrom, actuel 6e du championnat – et avait des courtisans.

"Des grosses équipes européennes s’y sont intéressées, mais c’est logique qu’il signe à Montpellier, confirme Antonin, du compte spécialisé @NordiskFootball. C’est le bon club pour lui, d’un niveau intermédiaire. Et puis la Ligue 1 est un championnat assez physique, comme en Norvège, donc c’est raccord". Fort de son mètre 90, l’attaquant "athlétique" et "capable de garder le ballon devant", dixit le gardien de but Benjamin Lecomte, a tout pour s’y éclater.

Il en va de même pour Mousa Al Tamari, même si, à 26 ans, la trajectoire du joueur passé par Chypre puis la Belgique est moins rectiligne. "Avant de le recruter, on l’avait visionné, il va vite avec le ballon et sans, il dribble", a indiqué Der Zakarian après son match très abouti à Lyon. Ses statistiques sont certes perfectibles, puisqu’en 87 matches de Jupiler Pro League, le Jordanien facture 10 buts et 6 passes décisives.

Mais son talent brut est incontestable : depuis le début de la saison 2021/22, Al Tamari est le troisième joueur des 10 premiers championnats à l’indice UEFA à avoir réussi le plus de tirs à la suite d’un dribble (13). Et l’identité de ses deux prédécesseurs, Kylian Mbappé et Rodrygo, donne un aperçu des qualités du bonhomme. "Ce n’est pas une surprise pour moi de signer à Montpellier, j’ai fait deux belles saisons en Belgique", a-t-il acquiescé lors de sa présentation.

Malgré son statut de joueur confirmé d’un championnat européen réputé, le transfert d’Al Tamari a intrigué… en raison de son pays d’origine. "Les clubs européens ne regardent pas les matches en Jordanie, confie-t-il dans un entretien pour la LFP. On a beaucoup de très bons joueurs. C’est aussi ma mission de montrer ce dont les Jordaniens sont capables."

Le premier Jordanien de l’histoire du championnat de France espère ouvrir la brèche, pour rendre les clubs moins frileux à enrôler des talents de son pays. La programmation de la Coupe d’Afrique et de la Coupe d’Asie – que le Nigérian Adams et le Jordanien Al Tamari pourraient tous deux disputer – en pleine saison n’aide pas non plus. Mais sans doute celle-ci permet-elle au MHSC de ne pas pâtir d'une concurrence trop féroce sur ces marchés annexes.

"Le rapport qualité-prix est dingue en Norvège, confirme le spécialiste du football nordique Antonin. La réputation du championnat est encore minime, mais il va gagner en crédibilité avec ces transferts". Un temps sur la piste Mama Baldé (12 buts en L1 avec Troyes l’an dernier), le club héraultais a changé de braquet devant les 10 millions réclamés par l’Estac. "Akor Adams a été décrié car il a marqué en Norvège, mais peu importe le championnat, quand tu es buteur, tu marques", a défendu Der Zakarian. Le début de saison lui donne raison.